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"Conseil de famille" à la comédie de Paris : comment tuer la mère
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De : Amanda Sthers et Morgan Spillemaecker Mise en scène : Morgan Spillemaecker Avec : Sébastien Pierre, Valentine Revel-Mouroz, Romain Thunin et Aude Thirion

Alya Aglan pour Culture-Tops

Alya Aglan pour Culture-Tops

Alya Aglan est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.)

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THÈME

Fanny, Ben et Flo se préparent à dîner en famille. A l’occasion se tient un conseil qui tourne au complot criminel, avant l’arrivée de leur mère à laquelle ses enfants reprochent de vivre comme bon lui semble, c’est-à-dire aux crochets de son fils aîné Flo, qui pourvoit aussi à l’entretien de son frère et de sa sœur.

La pièce à succès, reprise, examine au scanner l’anatomie de la fratrie où chacun, devenu adulte, continue à endosser le rôle qui lui a été dévolu enfant. 

POINTS FORTS

Le jeu des comédiens parvient à saisir des caractères en laissant apparaître la stabilité des assignations - immuables depuis l’enfance - au sein d’une famille : Flo qui a répondu à l’injonction de faire fortune ; Fanny « mémère de famille » qui a fait des enfants et rien d’autre ; Ben qui se rêve en artiste sans s’en donner les moyens…

Une mention spéciale pour le personnage de Fanny, interprété par Valentine Revel-Mouroz, qui incarne avec tant de justesse toutes les nuances de l’introversion, de l’auto-empêchement et du ressentiment avec une joie mauvaise.

Un scénario plein de suspense et d’inattendus, servi par des dialogues précis, teintés d’humour féroce et tendre, très réalistes, dans le sens où l’on parle comme dans les familles, sans filtre ni pincettes.

Un espace scénique qui donne à voir toutes les configurations, errements et hésitations d’une piètre conjuration aussi indécise que brouillonne, les souvenirs d’enfance faisant écran au projet diabolique.  

QUELQUES RÉSERVES

Aucune .

ENCORE UN MOT...

Les lecteurs de Freud et de la littérature psychanalytique en général ont souvent eu matière à réflexion concernant la question, toute symbolique et malgré tout obsédante, du meurtre du père. 

Avec une dérision n’excluant pas la légèreté, ce précepte semble malicieusement repris au pied de la lettre par des enfants frustrés dans leur vie d’adulte. Il s’agit, ni plus ni moins, que d’éliminer la mère, encombrante et dispendieuse. Le meurtre de la mère s’applique désormais à celle qui affiche, malgré son grand âge, l’ambition de vivre comme une femme désirante, fêtarde et joyeuse. Aussi la préparation de sa disparition, autant anticipée que concertée, incite la famille à se recomposer pour revivre les divergences et les tensions de l’enfance, assurément jamais surmontées. 

Moment cathartique où chacun se dévoile et réalise être passé à côté de ses désirs, “tuer la mère“ semble inviter à assumer de vivre pleinement. 

UNE PHRASE

« Qui a envie de vieillir ? »

« T’aurais voulu de toi, toi ? »

« Un radin, une mal baisée, un pédé refoulé… »

L'AUTEUR

Amanda Sthers, née en 1978 à Paris, est romancière, scénariste et réalisatrice. En 2006, elle se fait connaître du grand public grâce à sa pièce Le Vieux Juif Blonde interprétée par Mélanie Thierry (puis par Fanny Valette au Théâtre Edouard VII) sur une mise en scène de Jacques Weber.

Morgan Spillemaecker a été l’assistant de nombreux metteurs en scène (Patrice Leconte, Patrice Kerbrat, Didier Long, Dominique Farrugia…) avant de mettre en scène de nombreux spectacles et d’écrire pour le cinéma. Conseil de Famille est sa première pièce de théâtre.

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