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Confier leur sécurité aux Afghans ? Un pari perdu d'avance
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Poudrière

Alors que l’opération de retrait des troupes françaises d'Afghanistan débutera au mois de juillet et s'achèvera à la fin 2012, chacun pourrait pointer du doigt les faiblesses de l’Armée Nationale Afghane (ANA) et de la Police Nationale Afghane (ANP).

Olivier d'Auzon

Olivier d'Auzon

Olivier d'Auzon est juriste consultant auprès de la Banque africaine pour le développement, de la banque mondiale et de l'Union européenne.

Il est l'auteur de L'Afrique des nouvelles convoitises (Ellipses / septembre 2011).

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L’Armée Nationale Afghane (ANA) manque cruellement de chefs capables et sa capacité à planifier et organiser des opérations complexes laisse trop souvent à désirer, note Antonio Giustozzi, spécialiste de l’Afghanistan. De plus, la question de la composition ethnique reste capitale : au sein de l’ANA, les Tadjiks sont sur représentés aux dépens des Hazaras et des Ouzbeks. Quant aux Pachtounes, ils sont très sous représentés. Il en découle qu’au Ministère de la défense, chacun tente de bloquer la promotion de l’autre ou sa tribu, tout en essayant de promouvoir les siens.

Quant à la police afghane, elle frôle les scandales : les Américains ont acheté à ces policiers des uniformes et des armes, ils ont construit des académies, ont engagés « des contractants privés » chargés de la formation des recrues, mais le programme n’en reste pas moins un véritable désastre, car la plupart des élèves n’ont jamais mis les pieds en classe. Par ailleurs, la période de formation a dû être réduite afin d’accueillir davantage de recrues.

Autre phénomène gênant: au cours des années récentes, les attaques perpétrées par des membres de l’ANA ou de l’ANP contre des forces de la Coalition se sont multipliées. Depuis 2009, au moins 57 personnes (dont 32 américains) auraient été tuées.

Mais il y a plus, l’incompréhension entre occidentaux et Afghans, mérite qu’on s’y attarde : elle est si profonde qu’on a l’impression d’assister à un dialogue de sourds. « les dommages collatéraux » ne ce cessent de faire scandale. En juillet 2008 , 47 personnes , dont la jeune mariée , ont été tuées en se rendant à une fête de mariage dans l’est du pays. Ces attaques et leurs conséquences forment le leitmotiv de la propagande talibane qui se nourrit de sentiments anti–américains. Et certains Afghans déclarent préférer mourir dans la guerre civile plutôt que sous les bombes américaines.

S’agissant de la négociation avec les Talibans, le peuple afghan, lui-même est partagé, ce qui explique les erreurs et tâtonnements de son gouvernement depuis près de dix ans. Cependant, la création en septembre 2010 par le Président Hamid Karzaï, d’un haut conseil pour la paix, tendrait à prouver que le pouvoir et ses protecteurs étrangers auraient enfin assimilé la possibilité de ne pas écarter cette éventualité. De fait, le mollah Malang (ex commandant moudjahid mythique du secteur de Kandahar entre 1979 et 1989) confiait volontiers que des négociations étaient bel et bien en cours avec certains dirigeants talibans, ce que les Américains ont fini par reconnaître en juin 2011.

Mais il y a plus, on pourrait s’interroger sur le départ de la coalition du Royaume de l’insolence…

Ainsi, Nicolas Sarkozy qui s’était rallié au calendrier américain fixant l’année 2014 comme date butoir de retrait des troupes, François Hollande, contre toute attente n’a-t-il pas annoncé que l'opération de retrait des troupes françaises en Afghanistan débuterait au mois de juillet et s'achèverait à la fin 2012 ?

Dans ce contexte, l’espoir est de pouvoir compter alors sur 390 000 membres des forces afghanes de police et de l’armée. Si ce chiffre n’est pas atteint, il sera difficile de partir en transférant complétement la sécurité. En l’absence de résultats tangibles et d’une nette victoire, les pays engagés au lendemain des événements du 11 septembre ont été contraints de chercher un moyen de se retirer la tête haute : « l’Afghanisation ». Cependant cette dernière est bien difficile à mettre en œuvre, elle masque ici l’absence de volonté des alliés d’admettre leur part de responsabilité dans une situation qu’ils ont largement contribué à rendre inextricable.

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