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Comment les téléphones portables ont bouleversé notre rapport au temps
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Les smartphones offrent toujours plus de services. Une envie de voyage ? Il vous suffit de réserver votre billet de train via votre mobile, sans perdre de temps au guichet. Mais pas seulement...

Laurent  Guimier

Laurent Guimier

Laurent Guimier est le directeur de l'information numérique sur les sites d'Europe 1, du JDD et de Paris Match.
 

 

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Atlantico : Aujourd'hui, quand on veut partir en voyage, on clique sur l'application SNCF. Sommes-nous plus pressés qu'avant ? Et donc plus exigeants ? Cela ne change-t-il pas les rapports entre les gens ? Plus besoin de parler à la dame du guichet... Exit le service des renseignements...

Laurent Guimier: Notre rapport au temps ? Je ne pense pas. Il change surtout notre rapport aux autres.Le portable nous incite à nous en approcher seulement en cas de nécessité ultime. Je veux acheter un billet de train ? Pourquoi faire la queue puisque mon application me le permet ? Je cherche mon chemin ? Pourquoi demander ma route puisque je suis géolocalisé ? La contrepartie du service rendu - indéniable, magique, j'en suis friand ! - ce sont de minuscules tranches de vie qui disparaissent. Un échange, un regard, une conversation, un sourire qu'on n'aura plus, là est le côté angoissant.

Mais cette mobilité nous libère également. Avoir une bibliothèque dans sa poche et lire ce qu'on veut où on veut avec qui on veut, c'est le retour à la civilisation ! Un livre électronique reste un livre, un objet de passage. Il faut juste le garder en tête, apprendre à partager l'écran avec son voisin.

Sommes nous à l'ère de la "dé-communication" ?

Je ne suis pas défaitiste ! Le téléphone filaire n'a pas tué la conversation, il l'a transformée en la faisant reposer sur la seule voix. C'était révolutionnaire mais pas dramatique. Nous entrons plutôt dans le temps de la communication totale. J'appartiens à la dernière génération qui a connu un monde sans internet ni téléphone portable. Nous savons qu'un monde sans eux a existé mais il est idiot d'en être nostalgique. La génération qui vient maîtrise bien mieux le web mobile parce qu'il la digère depuis l'enfance. Elle déniche, adopte et zappe. Elle commence même à dire "il y a un temps pour tout". Ma génération, elle, reste globalement fascinée par le high tech. On regarde les "déconnectés" comme des héros ou des moines trappistes. Il y aura moins de junkies chez nos enfants !

Aujourd'hui il semble normal de voir quelqu'un quitter une réunion car son téléphone portable sonne... ou de tout prévoir au dernier moment : le début de la déstructuration et de la dernière minute ?

C'est une question de personne et de règles. Le "zéro portable" en réunion devient un code apprécié. Au resto, on commence à regarder les accros au portable comme des mufles ou des drogués. C'est la Loi Evin sans passer par le Parlement. Tant mieux ! Pour ce qui est de la déstructuration des agendas, il faut simplement laisser la technologie à sa place, celle d'une aide salutaire pour s'organiser, pas d'une bouée de sauvetage permanente. Là encore, le téléphone portable n'est qu'un outil plus puissant pour agir. Pas une baguette magique.

Propos recueillis par Valérie Méret

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