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Les agriculteurs ont une image positive auprès des Français.
Les agriculteurs ont une image positive auprès des Français.
©Reuters

Note Ifop

Les agriculteurs ont une image positive auprès des Français : 68% considèrent qu’ils sont modernes et 59% qu’ils sont respectueux de leur santé. Au contraire, seuls 26% des Français estiment que les agriculteurs sont égoïstes et 16% qu’ils sont violents.

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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Les agriculteurs bénéficient auprès de l’opinion d’une image globalement positive. En effet, une large majorité de Français affirme que les consommateurs peuvent leur faire confiance (70%), 68% considèrent qu’ils sont modernes, et 59% qu’ils sont respectueux de la santé des Français. Au contraire, seuls 26% des Français estiment que les agriculteurs sont égoïstes, et 16% qu’ils sont violents. Cependant, la perception de l’agriculture qu’ont les Français et leur attitude vis - à - vis des produits agricoles ne sont pas statiques, mais se voient influencés par les troubles sanitaires ou économiques qui touchent le secteur.

Un impact différencié des scandales sanitaires et des difficultés économiques sur les traits d’image associés aux agriculteurs

Depuis 1999, l’Ifop suit l’évolution des différents traits d’image associés aux agriculteurs, dans le cadre d’un baromètre pour Dimanche Ouest - France. Ce dernier montre que l a perception des agriculteurs qu’ont les Français se révèle directement influencée par les évènements sanitaires ou sociaux qui ont touc hé le secteur agricole au cours des quinze dernières années.

Entre 2013 et 2014, le retentissant scandale de la viande de cheval retrouvée dans des plats préparés supposés au bœuf (affaire Spanghero) , bien qu’impliquant l’industrie agroalimentaire et non pas le secteur agricole lui - même, s’est traduit par une chute de 10 points de la proportion de Français estim ant que les consommateurs peuvent faire confiance aux agriculteurs (de 80% en 2013 à 70% en 2014). L a même année , l a part des personnes estimant que les agriculteurs sont respectueux de la santé des Français a également chuté de 10 points , p assant à 59% co ntre 6 9% en 2013. Précédemment, la succession de l’épidémie de grippe aviaire en 2006 et de grippe A en 2009 (issue du virus H1N1 et a busivement appelée « grippe porcine » au début de l’épidémie ) a vait fait plonger l’indicateur de confiance accordée par le s Français aux agriculteurs de son plus haut niveau (82% en février 2006), à son record d e faiblesse (69% en juin 2009). De la même manière, la part de Français estimant que les agriculteurs sont respectueux de leur santé a atteint son score le plus bas (5 3% en juin 2009), alors qu’en 2006, cet indicateur culminait à son niveau le plus élevé (76%). Cet effondrement en trois ans de la confiance en l’agriculture et de la perception de son respect de la santé publique s’est produit un an après que la consommat ion de viande bovine eut retrouvé son niveau d’avant la seconde crise de la vache folle de 2000. A cette époque, l’indicateur de confiance des Français oscillait depuis 2003 entre 79% et 82%, alors que la perception du respect des agriculteurs pour la sant é des Français avait gagné 20 points entre 2004 et 2006 , passant de 56% à 76% . La succession de ces deux épisodes épidémiques a donc anéanti la lente amélioration , depuis la se conde crise de la vache folle , de ces pans de l’image des agriculteurs . S ondés e n février 2001 , alors que l’Europe est sec ouée depuis octobre 2000 par cette crise sanitaire, les Français sont 73% à estimer qu’ils peuvent accorder leur confiance aux agriculteurs, et 59% d’ entre eux jugent qu’ils sont respe ctueux de la santé des Français .

Les scandales sanitaires et les épidémies ont donc , d’une part, un impact fort et direct sur les traits d’image des agriculteurs liés à la confiance qu’ils méritent et à la perception de leur respect de la santé des Français. D’autre part, les périodes de crises économiques e t sociales influenc ent également l’image des agriculteurs en tant qu’acteurs économique s et en tant que groupe social.

En 2006, 69% des Français jugent les agriculteurs compétitifs . Cet indicateur s’améliore lentement mais régulièrement depuis l’année 2000, quand 63% des Français partageaient cet avis. Il va brutalement chuter en 2009, après la libéralisation du prix d’achat du lait aux producteurs, intervenue en 2008. La détresse économique des producteurs laitiers et la visibilité de leurs actions symbolisent les difficultés du secteur agricole français face à l’industrie agro - alimentaire et la grande distribution. En février 2009, 64% des F rançais estiment que les agriculteurs sont compétitifs. Ils ne sont plus que 56% à partager cette opinion en juin de la même année.

Le mouvement des éleveurs laitiers a également eu un impact substantiel sur la proportion de Français estimant que les agriculteurs sont violents . De 19% en février 2009, il passe à 28% en juin de la même année (+9 points), le mouvement des producteurs laitiers s’étant particulièrement radicalisé sur cette période. Fortement volatile car lié aux mouvements sociaux des agriculteurs et à leur médiatisation, cet indicateur est retombé à 15% en 2010.

La mobilisation des producteurs de lait a par ailleurs eu un effet important sur la perception du respect de l’environnement par les agriculteurs (on se souvient des épandages de milliers de litres de lait dans les prés) . Si en février 2009, 54 % des personnes interrogées estimaient que les agriculteurs étaient respectueux de l’environnement, cet indicateur plonge à 43% en juin ( - 11 points en 4 mois) , pour remonter à 55% en février 2010 (+12 points en 8 mois). Stable jusqu’en 2012, la part des Fr ançais jugeant les agriculteurs respect ueux de l’environnement ent ame ensuite une érosion significative , à la suite des aménagements obtenus par les agriculteurs sur le Grenelle de l’environnement. De 56%, il passe à 54% en 2013 puis 49% en 2014 ( - 7 points en 2 ans).

2. Les revendications économiques des agriculteurs sont largement légitimées par les Français

Un soutien massif aux mobilisations des éleveurs bovins et laitiers

En novembre 2010, les éleveurs bovins bloquent pendant plusieurs jours les abattoirs du groupe Bigard, réclamant une revalorisation du prix auquel la viande leur est achetée par le numéro un français de la viande bovine. Sondés au cœur du conflit 1 , 92% des Français estiment que la mobilisation des éleveur s bovins est justifiée, parmi lesquels 47% qui la considèrent même tout à fait justifiée. L’année précédente, l e mouvement des éleveurs laitiers de 2009, dont on a vu l’impact sur l’image des agriculteurs, a par ailleurs bénéficié d’une forte légitimité de l a part de l’opinion. En juin 2009 2 , 85% des Français jugent le mouvement justifié, dont 44% « tout à fait » . Déjà à des niveaux élevés, le bien - fondé de la mobilisation perçu par les Français va sensiblement s’amplifier en l’espace de trois mois. En effet, en septembre de la même année 3 , la part des Français estimant que le mouvement des producteurs de lait est justifié atteint 92% (+7 points), dont 57% qui l’estiment tout à fait justifié (+13 points ).

Les mouvements sociaux agricoles sont les plus légitimés par l’opinion

En ce qui concerne leur bien - fondé perçu par les Français, les mobilisations agricoles se détachent nettement des autres mouvements sociaux d’envergure qu’a connu le pays, et recueillent des niveaux de légitimité bien supérieurs , ce qui confirme le statut et l’image particulière dont bénéficie ce groupe social dans l’opinion. Dans une moindre mesure, seules les mobilisations interprofessionnelles des 29 janvier 4 et 19 mars 5 2009 sont jugées légitimes par au moins 3 Français sur 4 (respectivement 75% et 78% ) . La grève des enseignants d’octobre 2008 est justifiée pour 69% des Français, mais en mai 2003, un autre mouvement de cette même catégorie professionnelle ne l’était que pour 55% des personnes interrogés. En 2008 , le blocus des ports et des dépôts de carburant par les marins - p êcheurs, qui protestent contre la hausse des prix du gazole , est jugé justifié par 71% des Français 6 . Cette catégorie professionnelle que l’on peut considérer comme proche des agriculteurs bénéficie donc, dans ce cas précis, d’une moindre légitimité auprès de l’opinion.

La disposition à payer plus cher des produits agricoles est majoritaire, mais fortement indexée sur le niveau de revenu

En accord avec la légitimité qu’ils accordent aux revendications économiques et sociales exprimées par les agriculteurs, les Français se révèlent en majorité disposés à payer plus cher leurs produits agricoles pour assurer un revenu correct aux agriculteurs. En février 2014, 56% des Français 7 se déclarent prêts à faire cet effort financier pour soutenir les agriculteurs. Dans le détail, 37% des personnes interrogées se disent prêtes à payer leurs produits 5% plus cher, 15% sont prêtes à payer 10% plus cher, et 4% à payer 15% p lus cher. Ce tte volonté de soutien économique aux agriculteurs s’est légèrement érodée par rapport à 2013, où 61% des Français se disaient prêt à payer plus cher leurs produits agricoles ( - 5 points en un an), dont 20% sont prêt s à payer 10% plus cher ( - 5 p oints) . La proportion de Français disposés soutenir les agriculteurs en payant plus cher leurs produits atteignait 61% en 2012, 54% en 2011, et 57% en 2010.

Si elle est majoritaire, cette volonté déclarée de payer plus chers ses produits alimentaires pour garantir un meilleur niveau de revenu aux agriculteurs est aussi corrélée au niveau de revenu des répondants. En effet, en 2014 66% des cadres supérieurs et professions libérales disent y être disposés (+10 points par rapport à l’ensemble des Français), contre 53% des professions intermédiaires ( - 3 points), et 48% des catégories populaires ( - 8 points).

3. Les craintes des Français quant aux crises et problématiques sanitaires

Des degrés variés d’inquiétude à l’égard de différentes crises sanitaires

Les différentes crises sanitaires qui ont traversé le secteuragricole ont suscité dans la population française des niveaux d’inquiétude dispa rates . Début juin 2011, en plein cœur de la crise sur les légumes frais, dite du « concombre tueur » , qui a éclaté le 26 mai, les Français sont sondés quant à leur niveau d’ inquiétude à propos de la consommation de légumes frais 8 . Seuls 31% des personnes interr ogées se disent alors inquiètes , dont 6% très inquiètes. Parmi les 68% de Français que la bactérie tueuse E.coli n’inquiète pas, on trouve 26% de répondants se déclarant « pas du tout inquiets ». Les femmes se sont révélées sensiblement plus inquiète s que les hommes vis - à - vis de la bactérie. En effet, 36% d’entre elles se sont déclarées inquiètes, contre 25% des hommes ; et 8% des femmes s’étaient mêmes révélées très inquiètes contre 4% des hommes.

Fin octobre 2005, les Français avaient exprimé des ni veaux d’anxiété comp a rables vis - à - vis de l’épidémie de grippe aviaire 9 . Ils étaient alors 32% à se déclarer inquiets, dont 5% « très inquiets » . On trouvait même, parmi les 68% de répondants ne se disant pas inquiets , 39% qui ne se déclaraient pas du tout inquiets . Bien que les Français se soient déclarés globalement sereins vis - à - vis de la grippe aviaire, on constate que le sondage est ntervenu une semaine après que les ventes de volailles aient chuté de 20% en l’espace de trois jours , et de 25% par rappo rt à l’année précédente à la même période 10 .

Mais le niveau d’inquiétude exprimé par les Français avait atteint des niveaux considérablement plus élevé en 1996, au moment où avait éclaté la crise de la vache folle 11 . Interrogés le 25 mars, quatre jours aprè s la mise en place en France du blocus sur les importations bovines en provenance de Grande - Bretagne, 64% des répondants s’éta ie nt déclarés inquiets, dont 23% « très inquiets » . Seuls 18% de s Français se disaient alors « pas du tout inquiets » .

Le jugement sur l’évolution de la qualité des produits alimentaires en France s’est fortement dégradé fin 2013

En 2006, 58% des Français estiment que la situation en matière de qualité des produits alimentaires dans le pays s’est plutôt améliorée au c ours des dix années précédentes, contre 37% pour qui la situation s’est détériorée. Interrogés en 2009, les Français ne sont plus que 47% à porter un jugement positif sur l’évolution de la qualité des p r oduits alimentaires depuis 1999, contre 48% d’opinions négatives. Le rapport de forces s’est nettement inversé en 2013 , après l’éclatement de l’affaire Spanghero et ses révélations sur la présence de viande de cheval dans certains plats préparés . 64% des Français estiment alors que la qualité des produits alimentaires s’est détériorée au cours des dix années précédentes, pour 36% qui jugent qu’elle s’ est améliorée.

Un niveau élevé d’inquiétude vis - à - vis de la présence d’OGM dans les produits alimentaires et une opposition massive à leur culture en plein champ

Si la qualité des produits alimentaires semble donc les inquiéter, les Français se révèlent également en grande majorité soucieux en ce qui concerne la présence d’OGM dans les produits alimentaires. Ils étaient 73% à se déclarer inquiets à ce sujet en 2000 12 , 63% en 2004 13 , 68% en 2008 14 , et 65% en 2011 15 . La part de répondants se disant indifférents au sujet a par ailleurs augmenté régulièrement de 2000 à 2011, passant de 11% à 18 %. Cette proportion de F rançais inquiétés par la présence d’OGM dans les produits alimentaires augmente brusquement en 2012 16 , atteignant 79% pour seulement 9% de « pas inquiets » et 12% d’indifférents. Cette brusque poussée de fièvre est liée au fait que , le 19 septembre 2012 fut publiée l’étude du professeur Gilles - Eric Séralini , qui démontr ait que d es rats nourris pendant deux ans avec un maïs OGM mourraient plus jeunes et so uffr ai ent plus souvent de cancers. Le 20 septembre, tous les médias s’emparent du sujet, en publiant nota mment des photo graphie s de rats atteints de tumeurs . Bien que cette étude fût par la suite contestée sur s a méthodologie, les Français interrogés les 20 et 21 septembre, au moment exact de la diffusion massive de ses résultats , ont apparemment vivement réagi.

Cette inquiétude vis - à - vis de la présence d’OGM dans les produits alimentaires se traduit également par une opposition massive à la culture de plantes OGM en plein champ en France. En effet, en 2011, huit Français sur 10 s’y sont déclarés opposés, dont 41% « très opposés ». Si près d’un Français sur cinq (19%) y est favorable, seuls 1% se sont dit « très favorable » à la culture d’OGM en plein champ.

La présence de résidus de pesticides dans les produits alimentaires inquiète également les Français

Les Français expriment également un fort niveau d’anxiété quant à la présence de résidus de pesticides dans les produits alimentaires qu’ils consomment . Interrogés en 2008, 87% d’entre eux se sont dits inquiets, dont 36% très inquiets, alors que seuls 12% des Français se disent « pas inquiets », dont 3% « pas inquiets du tout ».

1. Ifop pour Dimanche Ouest - France, 10 au 12 novembre 2010 , échantillon représentatif de 1003 personnes âgées de 18 ans et plus

2. Ifop pour le Monde, les 16 et 18 juin 2009, échantillon représentatif de 803 personnes âgées de 18 ans et plus

3.Ifop pour Dimanche Ouest France, 24 e t 25 septembre 2009, échantillon représentatif de 967 personnes âgées de 18 ans et plus

4.Ifop pour Sud - Ouest dimanche , 22 et 23 janvier 2009, échantillon représentatif de 956 personnes âgées de 18 ans et plus

5. Ifop pour Paris Match , 12 et 13 mars 2009, échantillon représentatif de 965 personnes âgées de 18 ans et plus

6. Ifop pour Le Marin et Ouest France, 2 et 3 juin 2008 , échantillon représentatif de 1011 personnes âgées de 18 ans et plus

8.Ifop pour Dimanche Ouest - France, du 7 au 9 juin 2011, échantillon représentatif de 1013 personnes âgées de 18 ans et plus

9. Ifop pour LSA, du 27 au 28 octobre 2005, échantillon représentati f de 959 personnes âgées de 18 ans et plus

10. Source : nouvelobs.com / Fédération des entreprises du commerce et de la distribution ; 26/10/205 ; http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20051026.OBS3387/les - ventes - de - volaille - ont - chute - de - 25.html

11. Ifop pour le CIV , le 25 mars 1996 , échantillon représentatif de 803 personnes âgées de 18 ans et plus

12. Ifop pour Libération, juillet 2000 , échantillon représentatif de 954 personnes âgées de 18 ans et plus

13. Ifop pour D imanche Ouest France, du 30 septembre au 1 re octobre 2004 , échantillon représentatif de 958 personnes âgées de 18 ans et plus

14. Ifop pour Les Echos, du 15 au 18 mai 2008 , échantillon représentatif de 1000 personnes âgées de 18 ans et plus

15. Ifop pour Dimanche Ouest France, les 1 er et 2 décembre 2011 , échantillon représentatif de 1002 personnes âgées de 18 ans et plus

16. Ifop pour Dimanche Ouest France, les 20 et 21 septembre 2012 , échantillon représentatif de 953 personnes âgées de 18 ans et plus.

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