Comment l’expertise menée sur le chien Curtis a permis de lever les doutes et les zones d’ombre dans l’affaire Elisa Pilarski <!-- --> | Atlantico.fr
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Matthias Tesson et Olivier Darrioumerle publient « Un chien L’affaire Curtis-Pilarski » aux éditions du Cherche Midi.
Matthias Tesson et Olivier Darrioumerle publient « Un chien L’affaire Curtis-Pilarski » aux éditions du Cherche Midi.
©Capture d'écran / DR

Bonnes feuilles

Matthias Tesson et Olivier Darrioumerle publient « Un chien L’affaire Curtis-Pilarski » aux éditions du Cherche Midi. En novembre 2019, une femme enceinte est retrouvée morte dans une forêt de l’Aisne, déchiquetée par des morsures animales. Soit Elisa Pilarski a été tuée par le chien Curtis dont elle avait la garde, soit les morsures ont été causées par la meute d’une chasse à courre. Extrait 1/2.

Olivier  Darrioumerle

Olivier Darrioumerle

Olivier Darrioumerle est journaliste à Sud-Ouest et romancier.

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Matthias Tesson

Matthias Tesson

Matthias Tesson est journaliste police-justice à BFM TV. Chargé de l’affaire Curtis-Pilarski, il fut au plus près des acteurs et de l’instruction.

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Le montant des expertises avoisine 160 000 euros, dont 150 000 pour les seules analyses  ADN, révèle Le JDD. Celles des 4 chiens de Christophe Ellul, de celui d’Élisa et des 62 chiens de la meute. Finalement, pour minimiser les coûts, la justice s’arrêtera à la trentaine de poitevins et Black and Tan présents le jour du drame, dont deux sont morts d’une leptospirose, une maladie infectieuse. Le vétérinaire estime que les bêtes auraient sans doute pu être mieux soignées par les veneurs, mais leur mort semblait inévitable.

Le manteau d’Élisa, déchiré à la manche, porte l’ADN de Curtis. Si un autre ADN que celui du chien de Christophe  Ellul avait été trouvé, les prélèvements du reste de la meute auraient dû être analysés. Or l’ADN d’un chien inconnu est présent sur le col du manteau et l’écharpe d’Élisa qui ne sont pas abîmés par des morsures. Une demande d’acte a été déposée par maître  Novion. Cet ADN inconnu pourrait-il appartenir aux chiens de Vincent, qui vivent dans la maison de Rébénacq, où Élisa résidait deux jours avant le drame ? Vincent a mis ses chiens à la disposition de la justice, au cas où elle souhaiterait réaliser une contre-expertise. L’ADN sanguin de Curtis est retrouvé « au niveau du cuir chevelu, sous l’un de ses ongles ainsi que sur [s]es vêtements ». À l’inverse, l’ADN d’Élisa est découvert dans le sang prélevé en différents points de la gueule et de la tête de Curtis, de son harnais et de sa muselière. Enfin, « aucune trace d’ADN provenant des chiens de meute prélevés n’a été retrouvée ». Pour la justice, inutile d’analyser la trentaine de  chiens de l’élevage qui n’ont pas participé à la chasse à courre. Le nouveau procureur par intérim, Éric Boussuge, tire les conclusions des deux rapports. Selon lui, les résultats des tests ADN confirment les conclusions des vétérinaires : Curtis est le seul suspect. Le parquet souligne ensuite le profil atypique de Curtis révélé par les experts canins  : « Un American Pit Bull Terrier, provenant d’un élevage des Pays-Bas et introduit illégalement en France par son acquéreur. »

Le parquet confirme bien que Curtis « a fait l’objet d’un  dressage au mordant, forme d’apprentissage interdite en France et pouvant relever d’actes de maltraitance animale ». Ce mode de dressage « est de nature à abolir toute capacité de contrôle ou de discernement et conduit à un comportement sans discrimination concernant l’objet ou la personne mordus », estime la justice. En creux, le parquet établit un lien entre l’éducation donnée à Curtis par Christophe Ellul et l’accident du 16 novembre.

Le parquet détaille ensuite la nature des blessures d’Élisa. « Les lésions observées et mesurées sur le corps de Mme Pilarski ne sont pas compatibles avec des morsures pouvant avoir été occasionnées par les chiens de chasse », ce qui exclut clairement l’implication des chiens du Rallye La  Passion. Ces morsures sont « à l’inverse compatibles avec des morsures occasionnées par le chien Curtis ». Enfin, l’hypothèse d’une lutte entre Curtis et les chiens du Rallye est balayée : « Aucune trace de morsure n’a été relevée sur les chiens de chasse ou sur le chien Curtis, ce qui permet d’exclure un conflit direct entre la meute et ce dernier », écrit le procureur Boussuge. De plus, rien n’indique qu’Élisa a été en contact avec les chiens de la vénerie.

Le médecin légiste est formel : « Le corps n’a pas été déplacé. » Élisa a donc bien été tuée là où Christophe Ellul dit l’avoir trouvée. Il ne ment pas. En revanche, pour le parquet, la présence des chiens autour d’Élisa est exclue. « Une meute de  20 à  30  chiens d’un poids minimum de 30 kilos qui stationnent à un endroit donné et qui s’acharnent sur un corps ne peut le faire sans déplacer le corps et laisser des traces sur le sol, en particulier en remuant des feuilles mortes », détaille le rapport. Or, les enquêteurs ont relevé « un tapis de feuilles parfaitement uniforme ». Aucune trace d’ADN sur les lieux, aucune trace de lutte, ni même des pattes de chiens. Pourtant, dans le reste de la forêt, les traces de la meute « sont parfaitement identifiées autour d’un cavalier ». L’examen des chiens de la chasse à courre montre qu’il est « hautement improbable » qu’ils adoptent un comportement prédateur envers un humain. Mais les cris et les odeurs des chiens du Rallye, « à quelques centaines de mètres », pourraient être à l’origine de « l’excitation » et de la « perte de contrôle » de Curtis. Enfin, le parquet pointe du doigt l’absence de panneaux indiquant la chasse à courre. Aucune réglementation n’exige cette signalisation à l’heure actuelle. Mais il est fort probable qu’Élisa ne se serait pas engagée dans la forêt si elle en avait eu connaissance.

En conclusion, « les expertises se rejoignent et tendent à démontrer l’implication exclusive du chien Curtis dans les morsures ayant entraîné la mort de Mme  Pilarski », résume le procureur, qui ajoute qu’aucun « élément ne permet de mettre en cause les chiens de chasse à courre ».

Extrait du livre de Matthias Tesson et Olivier Darrioumerle, « Un chien L’affaire Curtis-Pilarski », publié aux éditions du Cherche Midi

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