Comment l'excédent commercial de la zone euro cache en réalité la débâcle de la demande intérieure européenne <!-- --> | Atlantico.fr
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En 2013, les importations ont chuté de 3,30% selon Eurostat.
En 2013, les importations ont chuté de 3,30% selon Eurostat.
©Reuters

Fausse bonne nouvelle

En 2013, les importations ont chuté de 3,30%, selon Eurostat. Ainsi, l’amélioration de la balance commerciale n’est pas due à un meilleur résultat sur le plan des exportations, mais à la faiblesse des importations. En cause : la politique de "passager clandestin" de la zone euro, qui attend que la croissance vienne d'ailleurs...

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le 14 février Eurostat publiait les chiffres du commerce extérieur européen : « En 2013, la zone euro a enregistré un excédent du commerce international de biens de 153,8 milliards d'euros, contre +79,7 milliards en 2012». La progression de 93% de la balance commerciale apparaît dès lors comme une très bonne nouvelle. Malheureusement, le détail des chiffres traduit un tout autre phénomène.

En effet, alors que les exportations de biens hors zone euro atteignent 1887.4 milliards d’euros, soit une progression de 0.79% par rapport à 2012, les importations représentent 1733.6 milliards, soit une chute de 3.30%. Ainsi, l’amélioration de la balance n’est pas due à un meilleur résultat sur le plan des exportations, mais à la faiblesse des importations. La faiblesse de la demande intérieure européenne explique bien ce phénomène pour 80%. De ce fait, ce qui pourrait apparaître comme une bonne nouvelle n’est qu’une preuve supplémentaire de l’anémie de la demande européenne.

La situation de l’Allemagne mérite d’être développée. Les exportations du pays ont été plutôt stables au courant de l’année 2013, mais enregistrent tout de même une légère baisse de -0.3%. Par contre les importations baissent de leur côté de 1.5%. La balance commerciale atteint ainsi un total de 185.5 milliards d’euros. Ce dernier chiffre est à mettre en rapport avec la balance européenne de 153.8 milliards. C’est-à-dire que l’Allemagne parvient à obtenir une balance commerciale de 20% supérieure à celle de l’ensemble de la zone européenne.

Concernant la France, c’est le statu quo. Les exportations de biens baissent de 1.88% à 401.9 milliards, alors que les importations atteignent 471.7 milliards, soit une baisse de 2.88%. C’est ainsi que la balance commerciale « s’améliore » en passant de -76.1 milliards en 2012 à -69.9 milliards en 2013, et ce uniquement en raison de la baisse des importations. 

La hausse de 0.79% des exportations européennes pose question. Alors que les Etats Unis, le Japon, ou le Royaume Uni ont pu retrouver des couleurs sur le plan de la croissance en cette année 2013, la zone euro n’est pas parvenue à en profiter sur le plan du commerce extérieur. Ceci alors même que la Royaume Uni a pu voir ses exportations progresser de 11% sur cette seule année. C’est ainsi que la logique européenne actuelle consiste à déprimer de plus en plus son marché intérieur, faisant ainsi baisser toujours plus son besoin d’importer, et croise les doigts pour que les autres zones économiques du monde retrouvent de la croissance pour pouvoir leur exporter le maximum de biens. Cette tactique a un nom : faire le passager clandestin, le free rider, ce qui consiste à profiter de la croissance des autres sans rendre la pareille. Il est alors risible de constater que le Japon a pu être très sévèrement critiqué pour avoir pratiqué « une guerre des changes », car le résultat aura été de voir les importations en provenance de l’archipel chuter de 13% alors que les exportations n’ont baissé que de 3%.

Dans la même logique, et étant donné que les importations réalisées auprès des plus grands partenaires de la zone, c’est à dire du Royaume Uni (-3%), des Etats Unis (-2%), de la Chine (-5%)  ou de la Russie (0%), sont soit en chute libre soit stable, il y a fort à parier que le prochain G20, qui se tiendra à Sydney le weekend prochain, sera le lieu de certaines tensions. La question qui se pose est de savoir si l’Europe souhaite participer à la croissance mondiale, ou si elle compte simplement continuer de profiter des efforts de ses partenaires ? Car cette politique a également un coût intérieur : un taux de chômage de 12% pour la zone euro. La politique européenne est aujourd’hui aussi agressive vis-à-vis de sa population que de ses partenaires commerciaux. Si ces derniers venaient à ralentir leur rythme de progression, le château de cartes européen risque bien de s’écrouler.

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