Comment Emmanuel Macron a transformé le Palais de l’Elysée en mode start-up <!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron s'adressant aux journalistes depuis la cour de l'Elysée.
Emmanuel Macron s'adressant aux journalistes depuis la cour de l'Elysée.
©Ludovic MARIN / AFP

Bonnes feuilles

Julie Marie-Leconte publie « L’Elysée, visite privée » aux éditions de l’Archipel. Julie Marie-Leconte dévoile le fonctionnement, service par service, de l'Elysée et raconte la vie quotidienne des 800 personnes qui y travaillent. Pendant cinq ans, Emmanuel Macron va appliquer à ce lieu le programme qu'il a pour la France : rénover, réformer, réorganiser. Extrait 1/2.

Julie Marie-Leconte

Julie Marie-Leconte

Julie Marie-Leconte est journaliste, diplômée de Sciences Po Paris. Elle travaille comme reporter pour Radio France.

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Quand Emmanuel Macron arrive à l’Élysée en 2017, on est donc loin des critères d’efficacité et de performance dont le nouveau président se revendique. Pourtant, contrairement à plusieurs de ses prédécesseurs, du général de Gaulle à Nicolas Sarkozy, le plus jeune président de la Ve République ne songe à aucun moment à déménager, confirme un de ses proches. « Pour Emmanuel Macron, le lieu, y compris dans ce qu’il a de grandiloquent, incarne la République française et la puissance de l’État », analyse Sibeth Ndiaye, son ancienne conseillère. Devenu président, il capitalise sur cette force qui nourrit la sienne. Mais, puisque le palais est un outil, il entend le perfectionner, à la fois pour en faire le décor de sa propre mise en scène et pour le rendre plus performant. Dès 2017, il lance une opération de refonte et, du moins l’espère-t-il, de rationalisation des services, couplée à un plan immobilier.

La démarche fait grimacer les anciens. L’un d’eux grommelle : « Ça n’a jamais été le château de la Belle au Bois Dormant, nous savions déjà évoluer. » Leurs collègues plus jeunes se montrent plus nuancés, reconnaissent que « de mauvaises habitudes avaient sans doute été prises, beaucoup se reposant sur le fait que, puisqu’il y avait une façon ancestrale de travailler, rien ne pouvait être touché ».

Avant d’arriver au pouvoir, Emmanuel Macron a passé deux ans à l’Élysée, nommé par François Hollande secrétaire général adjoint de son cabinet. « Il n’a jamais donné l’impression de séjourner dans une maison qui ne fonctionnait pas ou d’y être malheureux et maltraité, au point de se dire qu’il fallait tout chambouler », témoigne un grand familier du palais, pour qui la volonté de changement relève d’abord de la posture politique. « Emmanuel Macron transforme l’Élysée comme il veut transformer la France, confirme d’ailleurs l’un de ses conseillers. Il veut montrer que quand on gère intelligemment, quand on n’a pas peur de faire des choix, de lâcher des choses, de bousculer des habitudes, parfois de prendre des risques, on peut proposer quelque chose de mieux, de plus moderne, de plus pratique, et de plus efficace. »

Et, de fait, Emmanuel Macron va appliquer plus facilement à l’Élysée ce qu’il peine à mettre en œuvre à l’échelle du pays. Pendant sa campagne, il s’était engagé à pratiquer dans l’administration française une forme de spoil system, sur le modèle américain. À l’arrivée du nouveau président élu, les directeurs d’administration valsent, remplacés par des fidèles dont la loyauté est assurée. C’est la garantie que les politiques publiques seront appliquées conformément au nouvel élan politique. Il mettra cependant longtemps à y parvenir : quatre ans pour remplacer 87 % de ces hauts fonctionnaires. Et il finira par prendre des détours, comme la réforme de l’Ena, l’École nationale d’administration. À l’intérieur du palais, en revanche, le système des « dépouilles », traduction française de ce spoil system, se met en place très vite. Certains salariés de l’Élysée, présents parfois depuis plus de vingt ans dans la maison et considérés comme des piliers, des pôles de stabilité, sont convoqués.

Un salarié qui a vécu nombre d’alternances raconte le climat à l’arrivée de chaque nouveau locataire :

« À chaque fois qu’on change de président, il y a une forme de stress, d’angoisse. On sait ce qu’on perd, sans savoir vraiment ce qui nous attend. Il faut prouver que, même si on a travaillé avec d’autres, les nouveaux peuvent avoir confiance. » Il le reconnaît : cela prend parfois des semaines, voire des mois, mais ça finit toujours par se tasser.

Cette fois, le stress se concrétise sous la forme d’une mise sous tension. 

Extrait du livre de Julie Marie-Leconte, « L’Elysée, visite privée », publié aux éditions de l’Archipel et en partenariat avec France Info

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