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Certes, il faut être séducteur pour être agent secret mais il vous faudra oublier la voiture de sport...
Certes, il faut être séducteur pour être agent secret mais il vous faudra oublier la voiture de sport...
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OSS 117

Les affaires PRISM ou WikiLeaks nous rappellent à quel point le renseignement reste une priorité pour les Etats et, à l'heure où les machines nous surveillent, nous avons toujours besoin d'espions capables d'infiltrer, d'exfiltrer et de renseigner.

Alain Chouet

Alain Chouet

Alain Chouet est un ancien officier de renseignement français.

Il a été chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE de 2000 à 2002.

Alain Chouet est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam et le terrorisme. Son dernier livre, "Au coeur des services spéciaux : La menace islamiste : Fausses pistes et vrais dangers", est paru chez La Decouverte en 2011.

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Atlantico : Récemment il a été révélé que le FBI a recruté un adolescent d’à peine 18 ans comme taupe chez WikiLeaks. Est-il courant chez les services de renseignements de faire appel à des personnes aussi jeunes ? Y a-t-il des règles concernant la personne recrutée ou seul l’intérêt du renseignement est-il pris en compte ?

Alain Chouet : Quand ils souhaitent pénétrer un objectif ou une structure intéressante, les services de renseignements recherchent à l'intérieur la personne la mieux placée ou la plus apte à leur fournir ce qu'ils recherchent. Donc il n'y a pas de règle précise dans ce domaine et aucune hypothèse de recrutement n'est exclue a priori. Et, dans nombre d'Etats des Etats-Unis, on est déjà assez vieux à l'âge de 18 ans pour être condamné à mort…

Comment devient-on agent secret ? Y a-t-il un profil particulier, des qualités spécifiques que recherchent les services de renseignements ?

En France, et dans beaucoup d'autres pays - dont les Etats-Unis - les officiers de renseignements sont des fonctionnaires recrutés par concours au niveau Bac+5 après enquête psychologique et de sécurité. A l'issue du concours, le candidat est en général astreint à une ou deux années de stage et de formations spécialisées à l'issue desquelles il est affecté à une tâche aussi conforme que possible à ses aptitudes : analyse, diffusion, opérations clandestines, poste de recherche extérieur, etc. Les services de renseignements attachent surtout de l'importance à la stabilité émotionnelle et affective du candidat, à sa discrétion et sa modestie, à son adaptabilité et sa disponibilité permanente, à son ouverture d'esprit et sa culture générale, à son aptitude aux contacts humains et aux déplacements.

L’imaginaire collectif associe la figure de l’espion au personnage de James Bond. Quel est la part de fiction et de réalité que l’on peut retrouver chez 007 ?

L'imaginaire collectif est abusé par les fictions. James Bond est certainement un parfait personnage de film distrayant mais est aux antipodes de la réalité et de ce que doit être un officier de renseignement. Recruter une source humaine - a priori peu disposée à trahir - et lui faire produire des choses intéressantes sur une longue période suppose beaucoup de temps, d'écoute, de disponibilité, de modestie et impose dans tous les cas beaucoup de discrétion afin de ne pas faire remarquer la manœuvre. Un espion qui fait tout sauter sur son passage muni de gadgets high-tech dans une voiture de sport voyante aurait une carrière très courte et pas vraiment rentable. C'est tout de même le contribuable qui paye…

Faut-il être séducteur et beau parleur comme le héros de Ian Fleming ou est-ce un cliché ?

Il faut certainement être séducteur et beau parleur, mais pas seulement et pas au sens où l'entend Ian Fleming. Obtenir de quelqu'un qu'il "trahisse sa patrie et renie ses amis" comme le dit si bien Edith Piaf dans "L'hymne à l'amour", suppose de l'approcher avec beaucoup de force de séduction et de conviction et d'entretenir ensuite un lien affectif puissant qui fera que la source offrira ce qu'elle a de meilleur à son officier de renseignement. Sur ce point j'invite vos lecteurs à s'orienter plutôt vers les romans de John Le Carré plutôt que vers les films de James Bond. C'est évidemment moins drôle mais beaucoup plus proche de la réalité…

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