Comment Benoit XVI a décidé du rapprochement historique avec la Russie orthodoxe<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Comment Benoit XVI a décidé du rapprochement historique avec la Russie orthodoxe
©Alessia Giuliani / Reuters

Bonnes Feuilles

Que va-t-il rester de Benoît XVI ? Coincé entre le géant Jean-Paul II et le médiatique François, rythmé par de nombreuses crises et critiqué à l’intérieur même de l’Église, le pontificat du professeur Ratzinger est trop souvent lu à la seule aune de son dénouement, à savoir la renonciation. Le règne de Benoît XVI ne saurait pourtant se réduire à cet acte final, ni à la réputation d’intransigeance et de froideur qui reste à tort attachée à la figure de ce pape. C’est ainsi, en s’intéressant aux continuités et aux ruptures marquées par ce pontificat, que l’auteur souligne la richesse et l’étendue historique, politique et spirituelle de son héritage. Inspiré par sa rencontre avec Benoît XVI en 2014, l’historien et journaliste Christophe Dickès prolonge ici une réflexion amorcée dans son Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège pour déceler le legs d’un pape dont l’intelligence et la vision ont été trop souvent sous- estimées. Extrait de "L’héritage de Benoît XVI" de Christophe Dickès, publié aux éditions Tallandier 2/2.

Christophe Dickès

Christophe Dickès

Historien et journaliste, spécialiste du catholicisme, Christophe Dickès a dirigé le Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège chez Robert Laffont dans la collection Bouquins. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la politique étrangère et à la papauté (L’Héritage de Benoît XVI, Ces 12 papes qui ont bouleversé le monde). Il est enfin le fondateur de la radio web Storiavoce consacrée uniquement à l’histoire et à son enseignement.

 

Voir la bio »

L’idée d’une Église « dissimulée » était déjà évoquée en 1970 au cours d’une conférence qui avait pour titre :« Pourquoi suis-je encore dans l’Église ? » L’abbé Ratzinger disait à l’époque : « Il y a aujourd’hui de simples croyants discrets et presque encore silencieux, qui accomplissent dans cette période de troubles la véritable mission de l’Église  : ils prient et font preuve de patience dans la vie quotidienne ; leur attitude s’inspire de la parole de Dieu. » En 2010, il le disait autrement dans Lumière du monde : « Nous avons besoin d’îles où la foi en Dieu et la simplicité interne du christianisme vivent et rayonnent ; d’oasis, d’arches de Noé dans lesquelles l’homme peut toujours venir se réfugier. Les espaces de protection sont les espaces de la liturgie. Reste que même dans les différents mouvements et communautés, dans les paroisses, dans les célébrations des sacrements, dans les exercices de piété, dans les pèlerinages, etc., l’Église cherche à offrir des forces de résistance, puis à développer des zones de protection dans lesquelles la beauté du monde, la beauté de l’existence possible, devient de nouveau visible en contraste avec tout ce qui est abîmé autour de nous. » En somme, une contre-culture plutôt qu’une contresociété. Ces minorités créatives où l’on cultive la foi dans les familles ont pour nom en France et ailleurs l’Emmanuel, le chemin néocatéchuménal ou dans une moindre mesure la communauté Saint-Martin… Sans compter les communautés traditionalistes au sein desquelles les vocations restent importantes dans le contexte de crise que l’on connaît.

Ratzinger n’avait-il pas dit au cours d’une conférence en 2000 qu’il fallait donner raison à Arnold Toynbee, un historien britannique qui affirmait que le destin d’une société dépend toujours d’une minorité capable de créer ? Ratzinger ajoutait  : « Les chrétiens croyants devraient se considérer comme constituant une telle minorité active, et contribuer ainsi à ce que l’Europe retrouve le meilleur de son héritage, et se mette ainsi au service de l’humanité entière. » Une idée reprise le 26 septembre 2009 dans l’avion qui le conduisait en République tchèque, où l’Église est devenue ultra-minoritaire  : « Ce sont les minorités créatives qui déterminent l’avenir. En ce sens, l’Église catholique doit être vue comme une minorité créative possédant un héritage de valeurs qui ne sont pas des choses du passé mais une réalité très vivante et actuelle. » En 2009, l’accueil dans le giron de l’Église catholique d’un demimillion d’anglicans refusant les dérives de leur propre Église, par la constitution Anglicanorum coetibus, révélait tout autant cette volonté de faire front à la décadence et à la perte des valeurs en Europe : « Réussir la manœuvre sans créer de tensions avec l’Église anglicane fut une véritable prouesse ! » De la même façon, l’axe Rome-Moscou visait à s’engager sur le terrain d’une véritable éthique sociale .

Extrait de "L’héritage de Benoît XVI"  de Christophe Dickès, publié aux éditions Tallandier

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !