Et si la clé de la réussite à l’école n’était pas forcément la confiance en soi ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les enseignants préfèrent privilégier aujourd’hui la prise de risque, la persévérance et la ténacité.
Les enseignants préfèrent privilégier aujourd’hui la prise de risque, la persévérance et la ténacité.
©Reuters

"Tu es le meilleur"

Les élèves ont souvent été encouragé et incité à avoir confiance en eux... au risque d'en faire des accros de l'encouragement. Et s'il valait mieux les laisser se tromper pour qu'ils apprennent de leurs erreurs ?

Pendant des années, il a été de bon ton de penser que la confiance en soi était la clé de la réussite à l'école. Bons points, récompenses, certificats, tout était mis en œuvre pour pousser les élèves à la performance. Mais la méthode n’a pas forcément d’effets positifs.

Aujourd’hui un nombre croissant d’enseignants essaient de ne plus pratiquer ce que certains appellent "l’encouragement vide". Un certain nombre d’éducateurs tentent en effet de mettre au point un vocabulaire plus précis pour encourager les enfants à apprendre de leurs erreurs et à se lancer dans des tâches plus exigeantes.

C’est le cas de Shar Hellie, une institutrice qui enseigne l’espagnol dans le Maryland aux États-Unis. Après avoir passé des années à les encourager, leur souffler parfois les réponses et les féliciter en toutes circonstances, Shar Ellie a changé de méthode. Elle les laisse maintenant hésiter, longuement s’il le faut, tout en les encourageant dans leur progression.

Car depuis une trentaine d’années, plusieurs études ont montré que les félicitations non méritées n’aident pas les élèves, au contraire. Cela perturberait leurs capacités d’apprentissage. Les enseignants préfèrent privilégier aujourd’hui la prise de risque, la persévérance et la ténacité.

Alfie Kohn, auteur du livre "Punished by rewards" (Puni par la récompense) défend la théorie selon laquelle trop encourager les élèves les incite à devenir accros à la récompense. Ils sont donc dépendants aux appréciations et ne cherchent plus à développer leur jugement.

D’année en année, beaucoup d’études ont montré que les élèves trop encouragés avaient ensuite tendance à ne pas se confronter à des exercices trop difficiles par crainte de perdre leur réputation de "bon élève". A l’inverse ceux qui ont été encouragés dans leur prise de risque ou leur persévérance ont tendance à apprécier les nouveaux défis. Les enfants réussissent mieux quand ils savent déjà que leur intelligence n’est pas innée et qu’ils doivent travailler pour la développer.

Expliquer le fonctionnement du cerveau

L’imagerie médicale va dans ce sens : elle montre que dans le cerveau, les connexions entre les cellules nerveuses dans le cortex se multiplient et se renforcent à mesure que nous apprenons et pratiquons de nouvelles compétences. Et expliquer ce phénomène scientifique aux élèves s'est révélé très motivant pour ceux qui ont des difficultés. Ils peuvent en effet avoir l'impression de pouvoir contrôler leur réussite.

Ainsi dans une école du Maryland, ce sont quelque 1100 élèves qui se sont mis à étudier le développement du cerveau.

En 2009, Carol Dweck et un autre chercheur ont développé un programme appelé Brainology, qui est utilisé aujourd’hui dans 300 écoles. Les travaux de Carol Dweck se basent sur la motivation et sur la malléabilité de l'intelligence. Carol Dweck souligne l’importance de l’encouragement qui incite à prendre des risques et à apprendre de ses erreurs. Autant d'expériences qui développent la créativité et la ténacité.

Si ce système d'encouragement est aujourd'hui décrié, c'est que les États-Unis craignent que leurs étudiants ne travaillent pas assez pour pouvoir rivaliser avec les étudiants étrangers sur le marché de l'emploi.

Une étude réalisée en 2006 par le Centre Brown pour l'enseignement montre que les collégiens américains ont obtenu des résultats très moyens à un test de mathématiques international. Pourtant, ces élèves étaient partis confiants, s'estimant "plutôt bons en maths".

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