D’elle on ne se lasse pas
Christiane Taubira est fâchée avec l’orthographe, mais qu’est-ce qu’elle aime les mots
Écoutons-la.
Le discours qu’elle tient à l’issue des résultats de la Primaire populaire nous en donne encore, pour notre plus grande joie, une magnifique démonstration.
Notre poétesse habitée par le verbe y enfourche, c’est un grand bonheur, les mots à défaut du tigre. Elle les travaille au corps et s’attache à les réduire : elle les veut ductiles, malléables, plastiques, tout prêts à épouser sa pensée flamboyante et à en restituer les plus infimes subtilités. Nous saluons l’exploit : une sacrée gageure puisque Mme Taubira se propose de marier harmonieusement, elle le martèle en son discours, le « respect » et « l’effraction ». Et ça donne ça : « Nous continuerons à donner l’espoir, en respect, en attitude respectueuse envers chacune, envers chacun. (…) Nous voulons emmêler la raison et le cœur. »
« Nous n’avons pas le droit d’abandonner nos idéaux », poursuit-elle. « Ce sont ces idéaux qui font que la gauche est, mais, intrinsèquement, irréductiblement, indéfectiblement, liée, elle est liée, cette gauche avec ses sensibilités, cette gauche qui regarde réel, le veut meilleur… » Mince, mais où veut donc aller notre griote, avec cette phrase ? Elle s’est perdue dans ses méandres syntaxiques et nous a noyés avec. En bonne compagnie avec, cite-t-elle, non sans un culot indépassable, Olympe de Gouges, les deux Léon (Blum et Gambetta), Jean Jaurès, Pierre Mendès-France, Condorcet, Aimé Césaire, René Char, Robert Badinter, Gisèle Halimi, nous avons bu le bouillon.
Au passage, nous nous sommes quand même réjouis pour Condorcet qui avait ardemment désiré « que l’Instruction publique formât des citoyens difficiles à gouverner ». L’Éducation nationale telle qu’elle est devenue a parfaitement réalisé ce louable projet…
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Je me permets donc de renvoyer Christiane Taubira, férue de littérature et tout particulièrement de poésie, à notre bon Boileau. Son « Art poétique, Chant I », ça reste en effet la base :
Avant donc que d’écrire apprenez à penser
Selon que notre idée est plus ou moins obscure
L’expression qui la suit, ou moins nette ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Je lui suggère également de s’associer à Jean Ferrat, si elle veut mêler politique et poésie. Lui, en son temps fit l’une des plus belles déclarations d’amour qui soient à notre pays, la France. C’était clair, net et précis.
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d’Éluard s’envolent des colombes
Ils n’en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu’il est temps que le malheur succombe
Ma France
Isabelle Larmat, Professeur de Lettres modernes
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