Cette psychologue clinicienne transexuelle américaine qui alerte contre la manière dont la médecine traite les adolescents qui souffrent de dysphorie de genre<!-- --> | Atlantico.fr
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Des membres de la communauté transgenre défilent à Jérusalem le 25 juin 2009.
Des membres de la communauté transgenre défilent à Jérusalem le 25 juin 2009.
©MARCO LONGARI / AFP

Processus de transition

Pour Erica Anderson, installée à Berkeley, les adolescents qui s'interrogent sur leur identité de genre ne sont pas suffisamment accompagnés d'un point de vue psychologique avant la mise en place de processus de transition sexuelle. Un argument régulièrement qualifié de transphobe par les militants. Difficile de lui opposer dans son cas.

Céline Masson

Céline Masson

Céline Masson est maître de conférences à l'Université Paris-Diderot (Paris-7), psychanalyste (Espace analytique).

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Atlantico : Pour Erica Anderson, psychologue transgenre installée à Berkeley, les adolescents qui s’interrogent sur leur identité de genre ne sont pas suffisamment accompagnés avant d’entamer une transition. Quelles sont en France les démarches ou les conditions à remplir aujourd’hui pour entamer une transition ?

Céline Masson : Avant d’envisager un changement de sexe, il faut faire l’objet d’un suivi psychiatrique. Concernant les mineurs, les parents doivent être prévenus et donner leur accord.  

Les jeunes sont souvent très bien renseignés par le biais des réseaux sociaux. Ils se rendent dans des centres spécialisés qui s’appuient sur des directives internationales, notamment celles de la WPATH (association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres) qui fournit des Standards de soin pour la santé des personnes transgenres, et de genre non-conforme,. Mais cette organisation qui rassemble des professionnels souvent militants peut souffrir d'un manque de recul et d'objectivité produisant des préconisations  pro domo. C'est sur ces  "standards de soin" que s'appuient nos collègues des consultations pédopsychiatriques dédiées à la transidentité. 

L'observatoire La Petite Sirène, collectif de professionnels et de chercheurs, appelons à la prudence et à prendre du temps afin de comprendre la demande de l'enfant, et plus souvent encore de l'adolescent qui est souvent en souffrance en quête d'identité lorsqu'il dit vouloir devenir garçon ou fille. 

Nous avons constaté que les adolescents qui présentent des troubles psychopathologiques tout à fait classiques : anorexie, dépression … Ces jeunes sont bien souvent influencés sur les réseaux sociaux et pensent qu’ils régleront leurs problèmes en effectuant une transition, ce qui peut en réalité s’avérer très dangereux. Cet embrigadement idéologique est complètement est très inquiétant et les parents concernés viennent vers nous afin de témoigner de ce phénomène.  Certains enfants  sont persuadés de vouloir entamer une transition à 12 ou 13 ans alors qu'ils ne font que dire qu'ils ont du mal à accepter leur corps et les métamorphoses pubertaires.  De nombreux parents sont complètement désemparés et parlent même de « cluster » dans certains lycées.

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Pensez-vous qu’il faudrait mettre en place davantage de mesures de contrôle lorsqu’il s’agit de processus chez les enfants ou adolescents ?

Il faudrait bien évidemment mettre en place davantage de mesures de contrôle. 

Avant de pouvoir poser un diagnostic et orienter un individu vers une transition, il faudrait au minimum un an de suivi. Notre positionnement est donc l’attente et la prise en charge psychothérapeutique. Il ne faut pas "accompagner" la demande mais l'interroger et aider ces jeunes à comprendre leur malaise par exemple le refus du féminin chez la fille ou la peur de voir son corps devenir femme 

Les directives officielles de l’OMS et de la WPATH  semblent influencées par une certaine militance. Les jeunes devraient être reçus par des médecins, des psychiatres et des psychologues non idéologisés et qui réussiront à les prendre en charge sur le long terme. 

La meilleure solution consiste à recevoir ces jeunes pour les entendre. De nombreux individus finissent d’ailleurs par changer d’avis. 

Une étude du très sérieux GIC britannique, référence mondiale en termes de transidentité, a observé un taux qu’il juge sous estimé de 6,7% de détransitionneurs [1] : en effet, compte tenu du délai nécessaire pour effectuer une  détransition,  ce taux  devrait être encore bien supérieur à cette première évaluation. Dans cette étude, les très jeunes adultes étaient majoritairement des filles, dont 90% avaient été mastectomisées, alors  qu’elles sont les plus nombreuses à détransitionner.

Il est intéressant de noter que pour les mineurs, une autorisation des deux parents est obligatoire pour un changement de prénom à l’école. Toutefois, si l'on s'appuie sur  la circulaire du Ministère de l'éducation nationale,  on estime que si un  adolescent se trouve en difficulté dans sa famille avec des parents qualifiés par le jeune de "transphobes", l’école peut changer le prénom de l'enfant sans accord parental. Ce qui est une aberration d'autant que l'on sait qu'il suffit d'avoir un autre point de vue ou de "mégenrer" le jeune (ne pas accéder à sa demande d'utiliser le prénom de son choix au détriment de son prénom de naissance) pour être traité de "transphobe".

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Il y a également une possibilité de trouver des hormones sur internet et de nombreux professionnels pensent que les jeunes risqueraient de se fournir via des réseaux peu scrupuleux s’ils n’étaient pas pris en charge dans les consultations dédiées. Ce n'est pas un bon argument. 

Comment faire pour distinguer la dysphorie de genre du simple mal-être adolescent ?

La discordance entre son sexe biologique et son "ressenti"  est un phénomène vécu par de nombreux adolescents parfois très en souffrance et cela nous ne le nions pas mais il faut savoir comment les aider et ce n'est pas en leur donnant des hormones et leur faire croire qu'ils vont changer de sexe que nous allons les aider 

Que chacun fasse ce qu'il souhaite adulte, faire de la chirurgie esthétique, changer de sexe, changer la couleur de ses cheveux etc...

Les enfants sont dépendants de leurs parents jusqu'à la majorité. 

Les adultes doivent protéger les mineurs de toute emprise idéologique, ils doivent les protéger de l'abus de faiblesse dont ils peuvent être victimes tant un jeune est vulnérable lorsqu'il va mal (et même lorsqu'il va bien). 

Caroline Eliacheff, Céline Masson, publient "La fabrique de l'enfant-transgenre", aux éditions de l'Observatoire le 9 février 2022


[1] Hall J, Mitchell L.,   SachdevaJ, Accès aux soins et fréquence de détransition au sein d'une cohorte sortie d'une clinique nationale britannique d'identité de genre pour adultes : examen rétrospectif des notes de cas ;Publié en ligne par Cambridge University Press :  01 octobre 2021

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