Ces raisons pour lesquelles la NASA veut retourner sur la Lune<!-- --> | Atlantico.fr
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Artemis 1 prépare le retour sur la Lune d'astronautes
Artemis 1 prépare le retour sur la Lune d'astronautes
©Eva Marie UZCATEGUI / AFP

Artemis

Le projet Artemis 1 doit relancer l'aventure lunaire.

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

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Atlantico : En quoi consiste le projet Artemis I de la NASA qui sera lancé dans quelques semaines ? Quelles sont les ambitions de la NASA pour la Lune ?

Anna Alter : Artemis 1 est le premier volet ou plutôt vol d’un vaste programme de retour sur la Lune. Les Américains en rêvaient, la NASA le fait.  L’agence spatiale qui avait tendance à s’endormir sur  ses lauriers ressort de ses cartons des plans de reconquête de notre satellite naturel.  Le premier pas a été accompli par Neil Armstrong le 21 juillet 1969 et le dernier le géologue Harrison Schmitt, seul scientifique à avoir participé physiquement aux missions Apollo, a fermé la marche sur le sol lunaire il y a  exactement un demi-siècle .  C’est tellement loin que certains commencent à douter et cela paraît incroyable,  pourtant c’est vrai, les yankees ont réussi à envoyer des hommes se promener là-bas, à 300 000 kilomètres de la Terre. Un exploit que les Russes ne sont jamais parvenus à faire alors qu’ils avaient réalisé toutes les  grandes premières des vols habités, mais toujours collés à la planète – mère.

Au total, douze astronautes américains sont descendus de leur vaisseau se dégourdir les jambes dans le régolithe pendant que six autres restés à bord veillaient de très près sur eux. Ils ont planté une bannière étoilée, fait des bonds et de l’exploration, à pieds ou en rover et ils ont ramené une brouette de cailloux, c’est peu et ça a coûté un bras,  au bas mot 153 milliards de dollars ont été dépensés compte tenu de l’inflation  ce qui a refroidi les ambitions. Le Congrès a fait la part du feu, préférant à l’époque investir dans la guerre du Vietnam plutôt que poursuivre l’odyssée. 

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Mais d’où pouvait donc venir cette roquette qui s’est écrasée sur la Lune et que la NASA ne sait pas expliquer ?

On a pu constater par la suite que ces virées enivrantes chez notre proche voisine valaient vraiment le déplacement et les retombées technologiques étaient énormes pour le citoyen lambda, même nos ordinateurs perso sont des fruits d’Apollo. Sans compter que la Lune est une étape obligée sur la route des étoiles, et réflexions faites c’était  idiot de s’arrêter en si bon chemin pour des histoires de gros sous…

 Les balades lunaires avaient un goût de revenez-y et le projet Artemis qui porte le nom de la déesse jumelle d’Apollon a pour objectif de ramener un équipage se poser sur l’astre de la nuit d’ici 2025 et à terme d’y établir une base permanente ou/et construire une station spatiale lui tournant autour pour exécuter plus facilement des allers-retours, se rendre sur Mars et pourquoi pas voyager plus loin encore. Pour l’heure,  le compte à rebours  a commencé pour une mission Artemis 1 non habitée : la fusée SLS (Space Launch System)  partira si tout va bien du Cap Canaveral le 29 août prochain et expédiera un vaisseau Orion faire quelques tours de Lune à vide pour tester son fonctionnement sans risquer de vie humaines. Les missions suivantes emporteront des astronautes marcher dans les pas de Neil Armstrong et plus si le budget suit……

Quelles sont les promesses de cette mission pour les connaissances scientifiques concernant la Lune et pour les vols au-delà de la Lune ? Cette mission peut-elle réellement constituer une étape majeure dans le plan ambitieux de lancer un nouveau vaisseau spatial, d’assembler une station spatiale lunaire et de ramener des humains sur la lune pour la première fois depuis la fin du programme Apollo ?

Artemis 1 est surtout une mission de vérification mais si tout marche comme prévu on remet ça…L’aventure lunaire recommence avec la participation cette fois de groupes privés, Space-X  d’Elon Musk en tête, mais pas seulement. La NASA cherche un nouveau partenaire capable de fabriquer un atterrisseur. La volonté affichée est de ne pas peser trop lourd sur les épaules des contribuables pour se hisser là-haut et s’y installer.  Si  tout tourne comme sur des roulettes au cours de cette première mission elle constituera une étape cruciale pour la suite. Les enjeux de ce retour sur la Lune sont considérables : il s’agit non seulement d’étudier notre satellite que l’on connaît encore assez mal mais aussi de l’exploiter.  Il y a là-bas des minerais qui valent la peau du dos sur terre, notamment d’importants gisements de titane et de fer qui ont été découverts par la sonde spatiale Reconnaissance Orbiter (LRO). A l’heure actuelle, a priori, rien n’empêche de se servir. Le traité de l’espace interdit l’appropriation du sol, mais pas de ce qui se trouve dedans. Un vide juridique  dans lequel les entrepreneurs pionniers risquent de s’engouffrer pour avoir un retour rapide sur investissement. 

Des vols habités sont-ils bien prévus via le projet Artemis ? Ce projet et ses résultats permettront-ils de faire avancer la recherche, la science, les technologies et d’autres objectifs comme les vols sur Mars via le programme « Moon to Mars » ?

Oui, dès Artemis II,  le deuxième lancement, des hommes prendront place dans le vaisseau Orion et iront dans un premier temps faire quelques tours de Lune, sans se poser. C’est comme ça qu’on a procédé au cours du programme Apollo et il n’y a aucune raison de changer. Si tout se passe sans incident, Artemis III laissera des astronautes fouler le sol lunaire. L’équipage comprendra quatre personnes dont deux seulement séjourneront sur la Lune à proprement parler et il est même question de donner la priorité à une femme. Six jours et demi de balades sont prévus près du pôle Sud où le module va alunir. Le site a été choisi en raison des réserves de glace d’eau supposées se trouver au fond des cratères qui sont en permanence plongés dans l’ombre.…On compte utiliser les stocks pour pomper de l’oxygène et de l’eau,  des éléments indispensables qu’il faudra produire in situ pour vivre et survivre longtemps loin de notre planète. Les colons sélènes devront gagner de l’autonomie,  travailler dur  sans toujours compter sur les terriens pour le ravitaillement. L’objectif Lune est de couper le cordon avec la terre nourricière. Comme la gravité est faible, il sera aussi plus facile de partir de là-bas pour se rendre sur Mars voire beaucoup plus loin. Notre satellite  pourrait un jour nous aider à résoudre nos problèmes énergétiques mais également servir de  tremplin et de « rampe » de lancement pour des voyages interplanétaires  ou intersidéraux…On y est pas, mais on peut rêver…

Ce projet ne risque-t-il pas de s’avérer trop coûteux aux yeux du gouvernement américain ? Le programme Artemis pourra-t-il être mené à bien grâce à la nostalgie qui persiste autour des missions Apollo ?

Les coûts étant partagés entre le public et le privé on devrait réussir à boucler le budget et décoller. D’autant que les dépenses ont été divisées par trois par rapport à Apollo et que l’investissement peut être très rentable à long terme. Ajouter à cela le besoin d’aventure et la nostalgie des missions passées, la balance penche nettement en faveur d’un retour  sur la Lune….  

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