Ces milliardaires du capital-risque qui ne font pourtant pas gagner plus d’argent à leurs investisseurs que s’ils avaient acheté des actions en bourse<!-- --> | Atlantico.fr
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Des traders mobilisés à la Bourse de New York le 25 octobre 2021 à New York.
Des traders mobilisés à la Bourse de New York le 25 octobre 2021 à New York.
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / GETTY IMAGES VIA AFP

Private Equity

Les investissements en Private Equity, qualifiés de « fabrique à milliardaires », présentent-ils un risque pour les entreprises ou les investisseurs ? 

Ludovic Phalippou

Ludovic Phalippou

Ludovic Phalippou est économiste. Il est professeur d'économie financière et chef du domaine académique Finance et Comptabilité de l'Université d'Oxford Saïd Business School.

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Atlantico : Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les investissements en Private Equity ?

Ludovic Phalippou : Il y a plusieurs types de fonds de Private Equity que l’on distingue en fonction du type d’entreprise dans lequel ils investissent. Certains investissent dans les forêts, d’autres dans les puits de pétrole, d’autres dans des entreprises. Leurs points communs, c’est qu’ils utilisent de l’argent de personnes tierces pour acheter des entreprises et les contrôler. 

Disons que je suis un find de PE et que je veuille acheter Conforama. Admettons que sa valeur est de 100 millions d’euros. Je vais donc aller voir des banques et demander 70 millions d’euros. Ensuite, je vais me rendre auprès de fonds de pension, de compagnies d’assurance … pour demander les 30 millions restants. Une fois l’entreprise achetée, les fonds de pension et les compagnies d’assurances qui m’ont prêté de l’argent deviennent actionnaires. Les banques, elles, détiennent la dette. Ce montage financier s’appelle un LBO, Leveraged-Buy-Out. Ce sont les Private Equity les plus communs. 

La dette est transposée sur l’entreprise par un tour de passe passe un peu technique. Étant à l’origine de ce montage financier, je deviens gestionnaire, je contrôle Conforama. Cela me permet par exemple de décider qui est le PDG. J’ai donc acheté l’entreprise avec l’argent d’autres personnes. Mon objectif est donc de gagner le plus d’argent possible en un minimum de temps. Pour ça, je vais chercher à revendre mon entreprise au prix le plus élevé qui soit. Je vais donc élaborer une stratégie. Je vais par exemple décider de vendre tous les magasins a Ikea si c ;est ce qui rapporte le plus.

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Le hasard serait-il un bien meilleur gestionnaire que tous les parlements, experts et financiers réunis ?

Une fois l’opération terminée, je rembourse les banques et les fonds de pension. En tant qu’organisateur des opérations, je peux garder un grande parties des profits. De très nombreuses entreprises françaises fonctionnent sous Private Equity.

Les rendements des Private Equity leur valent le surnom de « fabrique à milliardaires » Comment expliquez-vous de tels bénéfices ?

Ce sont des spécialistes. On peut parler de « A-Team ». Leur seule obsession est la rentabilité, de gagner le plus possible en le moins de temps possible. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la majorité des entreprises ne sont pas dirigées de cette manière. De nombreuses société sont dirigées par une grande famille. Leur but est tout autre: le prestige, de beaux locaux dans les meilleurs quartiers de la capitale … Ils ne sont pas obsédés par l’argent.

L’entreprise de Private Equity est bien plus pragmatique: elle ne cherche pas à avoir ses locaux dans un beau quartier. Ils préfèrent embaucher les meilleurs avocats fiscalistes, les meilleurs comptables … 

Que dénoncez-vous dans le fonctionnement des Private Equity ? 

Il y a deux axes de recherches. Premièrement, lorsque ces fonds lèvent de l’argent, ils signent des contrats dangereux. Tous les pouvoirs sont entre les mains du manager.

Le deuxième axe de recherche a demontre que la plupart du marketing que font ces fonds de pensions tend à exagérer leurs performances. Ils produisent des documents biaisés, pour gonfler leurs chiffres dans le but de lever davantage de fonds. 

Troisièmement, en cas de problème, certaines employés se retrouvent en très grand danger. Il s’agit donc d’un problème humain .Les dégâts sont donc très souvent sociaux. 

Ce type d’investissements présente t-il un risque pour les entreprises ou les investisseurs ? 

Pour les investisseurs (les fonds de pensions, les assurances…) le risque est d’investir dans une entreprise en pensant avoir trouvé la poule aux oeufs d’or. À cause des informations biaisées qu’on leur transmet, ils ne se rendent pas compte que la totalité des bénéfices ne leur reviendra pas. Ces personnes qui sont obsedes par la generation d’énormes sommes d’argent ne feront pas de cadeaux aux investisseurs. 

Pour les employés, cela peut être beaucoup plus compliqué. L’entreprise, dans un but de profit, peut baisser les salaires, délocaliser, ou encore procéder à des licenciements. 

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