Ces manies qui rendent fous vos collègues de travail <!-- --> | Atlantico.fr
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Si vous vous plaignez sans cesse et aimez les aliments qui sentent fort, il y a de forte chance que vous exaspériez vos collègues.
Si vous vous plaignez sans cesse et aimez les aliments qui sentent fort, il y a de forte chance que vous exaspériez vos collègues.
©Reuters

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Avec le développement des open space, chacune de nos petites manies désagréables sont révélées au grand jour. Si vous vous plaignez sans cesse et aimez les aliments qui sentent fort, il y a de forte chance que vous exaspériez vos collègues.

Jawad Mejjad

Jawad Mejjad

Jawad Mejjad est docteur en sociologie, chercheur au Ceaq-La Sorbonne, enseignant et responsable pédagogique au Cnam, et gérant d'une société industrielle (Ermatel).

Ses réflexions et ses recherches portent principalement sur les valeurs et les structures d’organisation de la société, avec une focalisation sur l’entreprise, à l’aune de la postmodernité.

Il a publié Le rire dans l’entreprise, chez l’Harmattan, en 2010.

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Atlantico : Certaines manies peuvent exaspérer nos collègues de travail. Quels sont les habitudes qui renvoient une mauvaise image de nous-mêmes ? Quelles sont celles qu’il faut tenter d’éviter à tout prix et pourquoi agacent-elles tant ?

Jawad Mejjad : Ces manies qui agacent sont diverses (l'hypocrisie, le mensonge, les plaintes régulières…) mais elles pointent toutes dans la même direction : ce qui énervent, ce sont les personnes qui ne jouent pas en équipe, qui ne s'intéressent pas aux autres ou qui en disent du mal. Ces manies qui exaspèrent sont, globalement, toutes les attitudes qui amènent une mauvaise ambiance. Les plus négatives étant dénigrer les autres, dénigrer le travail en général ou encore le "backstabbing". Ces habitudes que l'on peut avoir détruisent le lien social et donc intrinsèquement, elles détruisent le groupe, l'attaquent. Or, la notion de groupe au travail est essentielle. C'est ce groupe qui permet la bonne entente. Aujourd'hui on est dans une logique de sociabilité, l'individualisme d'hier est révolu. Dans une entreprise, on est l'affut de personnes qui répandront la bonne humeur, qui seront capables de travailler en équipe. L préservation du lien social est primordial, elle n'est plus négociable.

De plus, ces manies nous mettent à l’écart peut importe notre rôle au sein de l'entreprise. Bien sur, si l'on a un rôle de pouvoir, cela permettra de ralentir le processus d'exclusion du groupe, mais au bout d'un moment les évènements nous rattraperons.

A l'inverse, ne pas avoir peur d'exprimer son point de vue, même si cela peut froisser, est parfois un avantage. Si la brutalité passagère va dans l'intérêt du groupe, alors elle sera acceptée même bien vue.

Ainsi pour résumer, sont mal vues les individus qui sapent le moral des autres et qui, en se montrant trop individualistes, renvoient une mauvaise image d'eux-mêmes. Il est dur de faire confiance à ce type de personnes! D'autant plus qu'aujourd'hui sur le lieu de travail, on recherche des gens de confiances, avec qui on peut être nous-mêmes et qui n'atteindront pas la solidarité du groupe. En fait, toutes ces habitudes agaçantes ont pour conséquence de détruire la cohésion du groupe et c'est ce que l'on cherche à éviter à tous prix. Fondamentalement, le groupe fuit tout ce qui cherche –consciemment ou non- à le détruire.

Le maître mot c'est la bienveillance et l'attention. Si l'on est bienveillant aucune de ces habitudes déplaisantes n'ont lieu d'être.

Comment faire oublier ses erreurs en vue d’améliorer l’image que nos collègues peuvent avoir de nous ?

N'importe qui accepte une erreur si elle n’est pas répétitive. Le groupe nous signalera bien vite nos erreurs, et si on s'en rend compte et qu'on les corrige, personne ne nous en voudra. Pour faire oublier ses erreurs, il faut réussir à remettre l'autre en confiance, à être attentif à lui. On s'oppose au sein d'un groupe grâce à ce qu'on peut lui apporter, si notre bonne humeur et nos compétences font avancer le groupe : très vite on sera acceptés, et ces soucis de parcours oubliés. On peut aussi traiter nos égarements avec humour, l'humour permet de pardonner beaucoup.

A l'inverse, si l'on tarde à changer son comporter, le groupe nous mettra en quarantaine très vite, c'est la logique de fonctionnement du groupe.

Ces règles de comportement s'imposent à tous (et d'ailleurs pas uniquement sur le lieu de travail, ce sont les mêmes au sein d'une famille), si elles ne sont pas respectées, on sera rapidement rappelé à l'ordre. Enfin, si on ne comprend pas on sera mis à l'écart, exclu définitivement du groupe. 

Quels sont les conseils à bien retenir si l’on souhaite s’intégrer rapidement et être apprécié par les autres sur son lieu de travail ?

Le plus important, c'est vraiment notre enthousiasme et notre esprit de solidarité. Encore une fois, la bienveillance est capitale : l'important est de s'intéresser, à la fois, ce que l'on fait et aux autres. Cette notion de bienveillance au travail avait quasiment disparue mais on est en train de la redécouvrir. On est un groupe, fonctionne ensemble! L'idée que « l’homme est un loup pour l’homme » est totalement dépassée, à présent on compte les uns sur les autres (d'où notamment l'open space, la possibilité de contact constant).

Ce qu'il faut retenir c'est qu'en vue de s'intégrer, il faut être de bonne humeur, prendre les choses avec légèreté tout en étant impliqué et sérieux. Il ne faut pas être trop guindé, ne pas donner trop d'épaisseur aux choses tout en les gardant solides.

L’atmosphère au travail peut sembler se détériorer régulièrement, notamment à cause de ces habitudes qui énervent. Est-ce un phénomène nouveau ou ces comportements "anti-sociaux" ont-ils toujours existé ?  

Ces comportements ont toujours existés mais la nouveauté est qu'ils ne sont plus acceptés.  Auparavant, le chacun pour sois était perçu comme étant normal, mais aujourd’hui on ne l’accepte plus, on le refuse.

Le monde a changé, on est dans une post modernité naissante. Nous ne sommes plus dans l'ère de la modernité, les valeurs ont changées. L’homme doit à présent faire d'avantage attention aux autres.

Si l'entreprise a longtemps été structurée par l’individualisme, ce modèle ne correspond plus à la société actuelle. L'ambiance au travail évolue, car le groupe, en refusant l'individualisme, provoque cette évolution. Le groupe corrige lui-même l'ambiance au travail puisqu'elle ne correspond plus à ses attentes. Ces petites manies hier insignifiantes, sont désormais intolérables. Etre techniquement fort et compétent ne suffit plus pour s'intégrer en son lieu de travail, notre comportement est devenu tout aussi important.

La société moderne et la montée de l’égoïsme a-t-elle eu raison de la capacité qu’a l’homme à s’adapter ? 

Penser qu'il y a montée de l'égoïsme est une erreur d'interprétation. L'égoïsme faisait, certes, partie de la société moderne  qui a connue apogée lors de la Révolution Industrielle du 19ème siècle, aujourd'hui il est dépassé. La société post moderne dans laquelle nous entrons tout doucement depuis environ 20 ans cherche à réformer cet individualisme. Actuellement, nous sommes à la fin d’une époque sociale et à l’avènement de la "post modernité" qui fonctionne sur un autre modèle que l’individualisme d’où importance croissante de la solidarité.

Ce besoin de fraternité est flagrant, surtout chez les jeunes. On cherche des solutions pour revenir au modèle traditionnel (relations sociales de village, de communauté, de famille) brisé par la modernité. On regrette ce modèle traditionnel. Or, le premier pas vers son possible retour, c'est une société plus solidaire, fraternelle.  On ne veut plus du chacun pour soi, on veut du travail en équipe, des projets d'équipe.

On retrouve le même phénomène en dehors du travail, au sein des différents groupes sociaux, dans les affiliations sportives par exemple.

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