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Cérémonie des Césars : comment expliquer la préférence française pour le "chiant" ?
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Intellichiant

La 38e cérémonie des Césars s'est déroulée vendredi soir au théâtre du Châtelet à Paris et a confirmé la préférence française pour les films "intello" et psychologiques.

Antoine Bueno

Antoine Bueno

Antoine Bueno est écrivain et chargé de mission au Sénat. Il se produit aussi dans son seul en scène, "Antoine Bueno, l'Espoir".

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Le cinéma français "intellichiant"

Il date de l'émancipation du cinéma français avec la Nouvelle Vague. Un cinéma français qui, comme la France, va se vouloir extrêmement intellectuel, psychologique et existentiel. C'est ce qui définit l'image de la France et c'est la manière dont la France elle-même se définit. Avec la tentation de l'universalisme, qui est notre modèle depuis la Révolution Française, on retrouve cette tentation dans le cinéma, avec des aspects psychanalytiques "Qui suis- je ? Où vais-je ?",  qui sont à mettre en résonance avec toute la philosophie existentielle. Le cinéma répond aux problématiques des années 1950-1960,  avec l'importance des critiques de philosophes comme Roland Barthes.

Chaque cinéma national a un tropisme particulier. Le cinéma américain très souvent ne parle que d'une seule chose, et les films américains les plus marquants ne concernent qu'un seul sujet : l'Amérique, ses problèmes, sa force, sa déliquescence. Le cinéma anglais, lui, a deux tendances très frappantes : les comédies romantiques, et les films avec une tendance au réalisme social à la Ken Loach, très engagé politiquement.

Le tropisme français, quant à lui, va être ce côté ""intellichiant",  qui se veut universel mais qui se regarde le nombril, extrêmement psychologique, ne tournant uniquement qu'avec des questions de sensibilité des personnages, à l'inverse du cinéma britannique ancré sur le terrain social : des cinéastes comme Bruno Dumont ou les frères Dardenne sont marginaux dans le cinéma français, ressemblant davantage au cinéma britannique. Le caractère dominant va être dans toutes des interrogations existentiallo-psychanalytiques dans des cadres bourgeois, à la Haneke (qui, bien qu'étant Autrichien, est presque un cinéaste français, puisque tout est français dans ses films : acteurs..). 

Le cinéma français se porte bien, oui. Car le cinéma français est porté à bout de bras par les puissances publiques. C'est le goût et les choix du CNC qui sont portés avec un résultat ambivalent : on a certes un cinéma français dynamique, qui produit des choses qui ne pourraient pas forcément l'être autrement. Mais nous sommes dans un art officiel, indirect, avec un semblant d'encouragement à la créativité pour une réalité de contrôle de forme artistique

Il faut casser cet art officiel. Il faut défendre avec une véritable politique industrielle nos productions. Changer la nature de notre production pourrait nous aider à prendre le dessus.

Car oui, nous avons des atouts : le cinéma français a des richesses. N'oublions pas que la France est le leader des effets spéciaux. L'Ecole des Gobelins produit d'excellents techniciens des images de synthèse, mais qui sont tous happés par Dreamworks. Tous ces atouts sont insuffisamment mis au service d'un cinéma plus varié et plus tourné vers l'exportation. Il y a des exemples de succès : par exemple Besson, qui est devenu un élément de l 'offre cinématographique mondiale. C'est un produit du système, qui pourtant ne fait pas du tout dans le psychologisme existentiel. 

Arrêtons avec la centralisation intellichiante du CNC, qui va aider un tout petit milieu, ces réalisateurs qui se regardent écrire en se prenant pour des artistes et qui se contrefichent du spectateur. Ces gens là font des films pour eux, et tout ça avec l'argent du contribuable.

Car ceux qui décident ne sont pas ceux qui consomment : le petit sérail du CNC et de leurs amis ne correspondent pas au public et à la compréhension des attentes du public.  

Oui, le cinéma est primordial, mais consacrons l'argent public à une véritable diversité, changeons les modalités de fonctionnement du CNC, tout en favorisant l'exportation.

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