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Célébrations du débarquement : Emmanuel Macron face au péril Trump
©Tolga AKMEN / AFP

D(onald) Day

Dans le cadre du 75e anniversaire du Débarquement, symbole d'unité entre les Etats-Unis et la France, Emmanuel Macron rencontre Donald Trump en ce jour, à la préfecture de Caen. Malgré les efforts du président français depuis le début de son mandat, Trump n'a cessé de révéler les limites de Macron à l'international.

Edouard Husson

Edouard Husson

Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle  ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli. 

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Atlantico : Dans le cadre du 75e anniversaire du Débarquement, symbole d'unité entre les Etats-Unis et la France, Emmanuel Macron rencontre Donald Trump en ce jour, à la préfecture de Caen. Malgré les efforts du président français depuis le début de son mandat, Trump n'a cessé de révéler les limites de Macron à l'international. En quoi Donald Trump, à chacune de ses interventions et de ses décisions, met-il en évidence les limites de la personnalité du président français, malgré ses interventions bravaches et séduisantes ?

Edouard Husson : Ce n’est pas seulement le président français qui est en cause. C’est Theresa May, incapable de mener à bien la négociation du Brexit parce qu’elle a fait le contraire de ce que Trump aurait fait. C’est Angela Merkel. Ce dernier cas est particulièrement intéressant parce que la Chancelière a été tout à fait catastrophique au moment de la crise de 2008 et Barack Obama avait dû, en novembre 2009 hausser le ton face à un chef de gouvernement allemand qui ne prenait absolument pas la mesure  de la situation et refusait de mettre des liquidités suffisantes à disposition de l’économie allemande et européenne. Le même Obama avait aussi demandé que l’Allemagne remplisse ses engagements vis-à-vis de l’OTAN. Sans succès. Et puis il était redevenu complaisant vis-à-vis de Merkel au moment de l’accueil des migrants en 2015 - par utopie progressiste. Au fond Trump n’a pas une attitude très différente vis-à-vis de Merkel. Mais il ira jusqu’au bout dans la réaffirmation du leadership américain: dans les négociations commerciales et militaires en particulier. Vis-à-vis de Macron, Trump a d’abord eu une sorte d’intérêt amusé pour l’auteur d’un hold-up électoral. Puis il s’est demandé ce que valait vraiment le nouveau président français qui jouait au cow-boy d’un film de série B. Il lui a malgré tout laissé le bénéfice du doute, comme l’a montré l’invitation à parler au Congrès. 

Depuis le début de son mandat, Macron a tenté de prendre Trump à son propre jeu, grâce au "Make our planet great again" et en répondant à ses démonstrations d'amitié viriles. Ces stratégies ont-elles produit un effet sur la scène internationale ?

Quand vous avez un match de Coupe de France entre un club de troisième division et le leader du championnat, il n’est pas impossible que le petit poucet gagne. Encore faut-il que l’outsider reste modeste; et cela aide si le champion est blasé. En l’occurrence, nous avons eu le contraire: un Macron surestimant ses forces; et un Donald Trump qui croit beaucoup plus qu’Obama au leadership des Etats-Unis. Trump est un animal à sang froid. Bien d’autres présidents américains auraient mal pris la vidéo « Make our planet great again ».  Trump a attendu de voir le résultat. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’a pas vu un afflux de chercheurs spécialisés dans l’environnement pour répondre à l’invitation du président français. Et puis l’écologie abstraite d’Emmanuel Macron s’est retournée contre lui: le président américain a pu se délecter d’une crise des Gilets Jaunes directement causée par l’augmentation de la fiscalité sur les carburants. Malheureusement le président français a confirmé - et pas seulement vis-à-vis de Trump - la réputation que nous nous faisons souvent à l’étranger: les Français sont très diserts, arrogants et, pour finir, petits joueurs. 

Un sondage réalisé il y a quelques jours en partenariat avec YouGov auprès d'un millier de Français révèle que Trump est de moins en moins impopulaire en France. Bien que la popularité ne soit pas l'indicateur le plus pertinent, cette donnée nouvelle n'indique-t-elle pas à rebours la vision que les Français ont d'un chef aujourd'hui ?

Pourquoi ne pas dire: de plus en plus populaire? Pourquoi ne pas accepter que les Français aient du bon sens. Trump fait ce qu’il dit. L’économie américaine est repartie, le chômage est au plus bas. Le taux d’emploi de la population noire n’a jamais été aussi élevé. Malgré l’obstruction systématique des démocrates, le président américain va construire une frontière étanche avec le Mexique. Je suis loin de penser que la France devrait s’aligner sur toutes les positions du gouvernement Trump. Mais comment ne pas voir l’étendue des intérêts partagés et tout ce que l’Europe pourrait tirer d’un renouveau du lien transatlantique. Notre intérêt n’est-il pas d’être allié, dans les négociations commerciales, avec les USA, pour résister à la Chine? L’intérêt français n’est-il pas dans un rapprochement étroit, sur le plan de La Défense, avec les USA et la Grande-Bretagne au lieu de poursuivre la chimère chronophage de l’Europe de la défense? Et puis, Trump n’a-t-il pas prouvé aux conservateurs du monde entier qu’il est possible d’arriver au pouvoir, d’assainir les écuries d’Augias et de redonner espoir aux peuples broyés par la mondialisation? 

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