Ce qui sera moins cher en 2014 <!-- --> | Atlantico.fr
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Une hausse de la TVA est survenue au 1er janvier.
Une hausse de la TVA est survenue au 1er janvier.
©Reuters

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Malgré la hausse de la TVA survenue au 1er janvier et l'inflation prévue en 2014, il existe encore des secteurs qui peuvent voir leurs prix chuter durant l'année.

Cédric Audenis

Cédric Audenis

Cédric Audenis est chef du département de la conjoncture à l'Insee.

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Atlantico : Fin 2013 on considérait que de manière générale, l'inflation était plus basse qu'en 2012 (de l'ordre de 0.9 % contre 2 %), c'est-à-dire que les prix augmentaient toujours mais à un niveau plus faible (voir ici). Entre temps, une hausse de la TVA est survenue au 1er janvier, et risque d'avoir un effet à la hausse sur l'inflation. Doit-on craindre une hausse significative des prix en 2014 ?

Cédric Audenis : En 2013, l'inflation aura en effet fortement diminué par rapport à 2012 : la hausse moyenne des prix est passée de +2 % à +0,9 %. Ce ralentissement est dû en grande partie à la baisse du prix des importations (de l'ordre de -1 %), qui s'explique notamment par la baisse du prix des matières premières, et par l'appréciation de l'euro. Dans nos prévisions, l'inflation d'ensemble s'établirait à 1,1 % à fin juin 2014, ce qui reste faible dans l'absolu.

Pour 2014, la hausse de la TVA, si elle était répercutée intégralement par les entreprises, se traduirait par une augmentation de l'inflation de 0,5 point. En pratique, on n'observe jamais de répercussion intégrale dans les mois qui suivent une augmentation de TVA, car les entreprises l'absorbent partiellement dans leurs marges. Elles le font d'autant plus que:
1) leur marché est concurrentiel;
2) la situation économique est dégradée (car les clients ont moins de pouvoir d'achat...);
3) que leur situation financière permet de rogner sur les marges.

Cette année, le taux de marge des entreprises est à un point bas : environ 10 milliards d'euro de CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr) vont être reversés aux entreprises. Aussi, nous estimons à l'INSEE qu'au total, la hausse de la TVA devrait se traduire par un supplément d'inflation de l'ordre de 0,2 point, soit nettement moins que l'impact maximal théorique de 0,5 point.

Pour prendre un exemple concret, la hausse des prix des transports collectifs est cette année, en règle générale, de 3 %, ce qui correspond à l'impact mécanique de la hausse de la TVA  pour ce secteur. Mais sans hausse de TVA, on aurait eu, comme tous les ans, une hausse des tarifs, au moins de l'ordre de l'inflation anticipée, pour compenser l'augmentation des charges. Si bien que le supplément d'inflation généré par la hausse de la TVA est bien inférieur à ces 3 %.

A fortiori, y a-t-il des biens qui pourraient être moins chers en 2014 ? Les télécoms vont-ils poursuivre leur abattement ? Les génériques contribuent-ils toujours à baisser le prix des médicaments ? La tendance à la baisse dans le domaine du high-tech va-t-elle se confirmer ?

D'abord, on peut mentionner les biens qui bénéficient d'une baisse du taux de TVA, et dont on peut donc escompter une baisse des prix : travaux de rénovation thermique, billets de cinéma, préservatifs.

S'agissant des télécoms, on a constaté une très forte baisse des prix depuis 2012, qui s'est interrompue depuis quelques mois. Dans nos prévisions, on a supposé une stabilité dans les prochains mois, mais tout dépendra évidemment de ce qui va se faire sur les forfaits 4G.

Laconcurrence créée par les génériques continuera à diminuer le prix des médicaments.

Et la tendance à la baisse dans le domaine du high-tech est une tendance de long-terme, qui n'a pas de raison de s'interrompre cette année.

A-t-on un espoir de voir les prix des fruits et des légumes redescendre ? Quelles sont les prévisions tarifaires 2014 pour le pétrole, le gaz et l'électricité ?

Les prix des fruits et légumes frais avaient fortement augmenté cette année en raison d'un printemps maussade, mais on a constaté depuis une chute équivalente, si bien qu'on peut considérer que les prix sont revenus au même niveau qu'il y a un an. Hors aléa climatique, par définition non prévisible, on n'attend donc pas dans les prochains mois de forte variation, dans un sens ou dans l'autre. 

Par ailleurs, pour le reste de l'alimentaire, les prix des matières premières agricoles sont stabilisés depuis quelques temps, si bien qu'on n'attend pas non plus de variation significative.

S'agissant de l'énergie, le prix du pétrole est très dépendant des évolutions respectives de l'offre et de la demande. Depuis quelques mois, il varie autour de 110 dollars. Certes plusieurs pays de l'OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) rencontrent des difficultés importantes qui obèrent leur production, mais de l'autre côté, la demande mondiale reste modérée, notamment parce que les économies émergentes sont globalement moins dynamiques. Une baisse du prix est envisageable si les difficultés des pays producteurs se résolvent rapidement, on pense notamment à la Libye.

S'agissant de l'électricité, une hausse intervient au 1er janvier au titre de la contribution au service public de l'électricité, qui représente un peu plus de 2 % sur la facture. La prochaine hausse est prévue en août. Et comme pour le gaz, la hausse de 19,6 % à 20 % du taux de TVA affectera le prix des volumes consommés.

La location et la propriété vont-elles être plus accessibles en 2014 ?

Le prix des loyers est indexé sur un indicateur proche de l'inflation, la progression devrait donc être faible mais positive.

S'agissant du prix de l'immobilier, nous ne nous risquons pas à faire de prévision. Tout ce qu'on peut dire, c'est que du côté de la production de logements, l'évolution récente des permis de construire et des mises en chantier n'indique pas de redémarrage à court terme.

Le niveau d'activité relativement faible et le chômage élevé – dont la courbe ne semble pas s'inverser de surcroît – vont-ils impacter la demande et, ainsi, ralentir la hausse éventuelle des prix ? A-t-on espoir de voir certains secteurs moins impactés que d'autres par l'inflation ?

A vrai dire, la conjoncture dégradée pèse sur l'inflation depuis plusieurs années déjà, même si en 2012 cela a pu être masqué par l'augmentation du prix des matières premières. D'une part, les salaires continuent certes d'augmenter en France, contrairement à ce qu'on peut voir dans certains pays européens comme l'Espagne, mais nettement moins vite qu'avant 2008. D'autre part, les entreprises ont fait un gros effort sur leurs marges pour réduire au maximum les augmentations de prix, voire pour les baisser.

Le contexte économique attendu pour les prochains mois est une amélioration progressive, ainsi on n'attend pas d'inflexion significative, dans un sens ou dans l'autre, s'agissant de l'inflation. Si on adopte une approche sectorielle, on peut noter que l'écart va s'accentuer entre les services, pour lesquels l'inflation sera de l'ordre de 2 %, et les produits manufacturés, dont les prix devraient de nouveau être en légère baisse.

Propos recueillis par Marianne Murat

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