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Ce que risquent ces enfants que leurs parents prennent pour des adultes avant l’heure
©Reuters

Bonnes feuilles

Épuisés nerveusement, les enfants craquent. Un ado sur trois serait même en burn-out, ou en passe de l’être. À quoi est-ce dû ? Principalement à la pression exercée sur eux par les parents et l’école. Ils doivent être premiers partout, sans plus aucun droit à l’erreur, alors que les adultes, eux-mêmes perdus, n’offrent plus de modèle stable d’éducation et que la société du bien-être magnifie l’imperfection… Extrait de "Le burn-out des enfants", de Béatrice Millêtre, aux éditions Payot 1/2

Béatrice Millêtre

Béatrice Millêtre

Béatrice Millêtre, docteur en psychologie, spécialiste en sciences cognitives, est psychothérapeute. Elle est notamment l'auteure de "Reussir grâce à son intuition", du "Livre des bonnes questions à se poser pour avancer dans la vie",  de "Le burn-out des enfants" et plus récemment du "Livre des vrais surdoués", publié aux Éditions Payot. Elle vient également de publier chez Payot "Cahier de vacances pour enfants précoces".

 

 

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Lorsque nous prêtons aux animaux des caractéristiques humaines, et que nous nous comportons avec eux comme s’ils avaient ces caractéristiques, nous parlons d’anthropomorphisme (du grec anthropos [homme] et morphé [forme]).

Nous faisons de même avec nos enfants en leur prêtant des comportements adultes et des attitudes qu’ils ne peuvent avoir. En ce sens, nous faisons du mégamorphisme (du grec méga [grand]) : nous les voyons plus grands, plus âgés qu’ils ne le sont et nous les rendons adultes trop tôt. 

Certes, certains sont capables d’assumer ces responsabilités ; la contrepartie est qu’ils oublient d’être des enfants pour ne plus être que des adultes miniatures.

N’oublions pas notre responsabilité de parents de les accompagner pour qu’ils grandissent bien. Nous n’avons pas à les faire grandir trop vite.

Tom allait à la crèche. En 2e année, il avait donc un an et demi, « très grand » donc, suffisamment en tout cas, selon le programme pédagogique de l’institution dans laquelle il allait, pour que le déjeuner se passe sous forme de self-service ! Et le père d’être fier de son fils qui était autonome et indépendant, sans voir qu’il s’agissait, plus que certainement, de manque de personnel…

La réalité est que cet enfant va mal aujourd’hui, pas uniquement à cause de ce type de déjeuner, car ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Éviter le mégamorhisme n’est pas très compliqué. Cela revient à ne demander à nos enfants que ce dont ils sont capables.

Pour cela, rien ne vaut une connaissance de son développement. Il ne vous serait pas venu à l’esprit (du moins je l’espère) de lui demander de couper sa viande alors qu’il n’avait que quelques mois ! Il en va de même des demandes que vous pouvez lui faire en termes de compétences sociales, d’indépendance, d’autonomie, d’obéissance…

Sachez ce qu’il peut vous donner, et aidez-le à continuer d’évoluer.

Votre rôle de parent est d’accompagner votre enfant dans ce voyage extraordinaire qui est celui de la découverte du monde, de soi, des autres.

Pour ce faire, observez-le et acceptez-le comme il est : vous en êtes les meilleurs experts.

Ne transformez pas votre enfant en adulte avant l’heure.

Vous lui conféreriez un sentiment de toute-puissance alors même qu’il n’est pas en capacité de prendre certaines décisions.

Vous lui donneriez également le sentiment d’être quelqu’un qu’il n’est pas, et cela ne lui permet pas de développer sa propre identité.

Extrait de "Le burn-out des enfants", de Béatrice Millêtre, publié aux éditions Payot, le 9 mars 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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