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"Ce que l'on sait de Max Toppard" : un roman singulier dont le protagoniste n'est autre que le cinéma lui-même
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Un roman sur le cinéma d’avant les années soixante. Le cinéma mérite mieux que cette fiction fantaisiste ! De : Nicolas d'Estienne d'Orves Albin Michel Parution le 2 mars 2022 504 pages 21,90€

Marc Buffard pour Culture-Tops

Marc Buffard pour Culture-Tops

Marc Buffard est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THÈME

L’auteur nous le dit d’entrée : ceci est un roman ; mais c’est un roman singulier dont le personnage central, Max Toppard, n’est rien moins que le cinéma lui-même...

(Maurice Taupard qui devient Max Toppard, comprenez "Top Art" ; serait-ce donc le cousin de "Culture tops" ?)

Voici de fait une nouvelle histoire du cinéma ( les existantes n'ont guère la faveur de l'auteur ), mais qui s'arrête dans les années soixante.

Max raconte son histoire avec, en contre-point, l’enquête que mène beaucoup plus tard une jeune journaliste stagiaire, critique de cinéma, sur les mystères de ce personnage que tout concourt à garder secret.

A travers lui ce sont tous les aspects du cinéma qui sont abordés : le comique, le sublime, le rêve, la poésie , la littérature mais aussi l'érotisme et même la pornographie.

Toujours au prétexte de la recherche de la lumière idéale, conduisant à " l'illusion absolue ".

Et c'est aussi, poussé à l'extrême, l'arrachement du spectateur à sa propre vie au sens fort du mot "distraction".

Pour qu'on en soit bien sûr, Max Toppard écrit un livre qui s'appelle al-cinéma comme alchimie...

POINTS FORTS

On pense beaucoup au Lucas Steiner du Dernier métro de François Truffaut avec le personnage de Max Toppard qui se terre pendant l'Occupation dans les caves de sa salle de cinéma, le Belphégor.

Autre réminiscence, le lecteur du roman a peu à peu le sentiment d'être la spectatrice qui se cogne à l'écran dans le cadre duquel elle entre, dans " La rose pourpre du Caire de Woody Allen ; d'ailleurs l'auteur en cite une phrase : " Je viens de rencontrer un homme merveilleux. Il est fictif mais on ne peut pas tout avoir. [Cecilia]".

Le roman traite aussi de littérature et de ses liens étroits avec le cinéma.

C'est ainsi que l'on découvre à la page 377 une scène extraordinaire : une émission de radio de Jacques Chancel opposant deux écrivains à la mode qui s'écharpent : l'un raconte des histoires et vend plein de livres, l'autre est un intellectuel respecté mais ennuyeux...

QUELQUES RÉSERVES

L'enquête de la journaliste et de ses amis ressemble à un épisode du Club des cinq ; on est agacé par son côté puéril et ses rebondissements souvent artificiels. Quant aux personnages, ils peinent à acquérir une dimension humaine et charnelle plus grande que celle conférée par un simple procédé littéraire.

Le cinéma, qui mérite mieux, c'est aussi autre chose que cette " illusion absolue" après laquelle court tout le roman.

ENCORE UN MOT...

A travers une enquête et un livre de souvenirs, la vie d'un personnage secret et fictif qui incarne et symbolise toute l'histoire du cinéma, de ses origines aux années soixante.

UNE PHRASE

" Le temps d'un éclair, elle entrevoit enfin son visage : un mélange de joie, de soulagement, de nostalgie et de lumière. Penché sur son film, Toppard sourit à la bobine, comme on dit adieu à un rêve.

Puis, avec précaution, il referme le couvercle.

Fondu au noir

Coupez. "

L'AUTEUR

Nicolas d'Estienne d'Orves, né en 1974, petit neveu du résistant Honoré d'Estienne d'Orves, est journaliste et écrivain.

Il a collaboré au Figaro littéraire et a été chroniqueur sur France musique.

Il a reçu le prix Roger Nimier  2002 pour  Othon ou l'aurore immobile (Les Belles lettres) et a été deux fois finaliste du prix Interallié pour Fidélités successives (2012, Albin Michel) et La Gloire des maudits (2017, Albin Michel).

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