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Ce grand danger pour l'élevage européen de bovins viande que pourrait représenter la signature d'un accord de libre-échange avec le Mercosur
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L’actualité de l’élevage aurait dû être marquée cette semaine par le salon de Cournon (près de Clermont-Ferrand), le Sommet de l’élevage. Mais c’est plus sûrement à Brasilia que se décide l’avenir de la filière.

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey

Antoine Jeandey est journaliste et auteur de « Tu m’as laissée en vie, suicide paysan veuve à 24 ans ».

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WikiAgri est un pôle multimédia agricole composé d’un magazine trimestriel et d’un site internet avec sa newsletter d’information. Il a pour philosophie de partager, avec les agriculteurs, les informations et les réflexions sur l’agriculture. Les articles partagés sur Atlantico sont accessibles au grand public, d'autres informations plus spécialisées figurent sur wikiagri.fr

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Jusqu’au 6 octobre, Brasilia accueille les négociations entre l’Union européenne et le Mercosur (c’est-à-dire le marché commun aux pays d’Amérique du Sud, en l’occurrence en particulier le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, mais aussi la Bolivie, le Chili, l’Equateur, la Colombie et le Pérou, le Venezuela étant suspendu), en vue de la signature proche (avant la fin de l’année dit-on) d’un traité de libre-échange. Ces tractions ont débuté il y a plus de 17 ans, et n’ont jamais pu aboutir jusqu’alors, en particulier à cause du volet agricole.

Le contexte évolue, notamment depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, avec sa politique protectionniste : puisque l'Amérique du Sud sait qu’elle va avoir du mal à entretenir des relations commerciales avec les Etats-Unis, elle cherche d’autres partenaires. Et l’Europe y voit une opportunité, laquelle se situe dans une fenêtre relativement étroite, le temps du mandat de Trump. Il faut donc faire vite. Et du coup, certains sujets qui fâchent sont inclus dans les propositions d’accord, comme si de rien n’était. L’Europe est intéressée par de nouveaux débouchés commerciaux pour ses secteurs automobiles, pharmaceutiques, et pour des ventes de machines. En échange, nous importerions des denrées agricoles... Sauf que l’agriculture est en crise dans bien des domaines en Europe, et qu’elle ne peut en aucun cas supporter une concurrence supplétive.

Jusqu’à présent, d’ailleurs, si les négociations n’ont pu être menées à terme, c’est en raison d’un refus sur le plan agricole venu de pays européens. Dans un passé récent, l’Espagne, par exemple, a mis en avant les appellations d’origine en dénonçant un vin argentin appelé La Rioja, et portant le même nom que l’un des siens.

Pour autant, aujourd’hui, plusieurs denrées agricoles figurent bel et bien dans le premier document sur lequel les discussions sont censées aboutir. Ainsi, 600 000 tonnes d’éthanol par an seraient importées par l’Europe, alors que notre filière betteraves vient tout juste d’en finir avec les quotas, et donc que nos productions augmentent. Mais c’est surtout pour la viande bovine que l’accord serait catastrophique, avec un contingent de 70 000 tonnes.  Ce qui représente beaucoup !

Des calculs sont livrés par Michel Dantin et Angélique Delahaye, députés européens LR (PPE pour le Parlement européen) spécialisés dans l’agriculture : « Sachant que le Mercosur exporte presque exclusivement que des pièces nobles de viande bovines, représentant 8 % du poids d'un animal, la Commission européenne propose donc de rayer de la carte plus de 1,7 million d’animaux en Europe, soit le bassin allaitant du Massif Central en France, ou un quart de la production irlandaise ! »

Eric Andrieu, autre député européen (socialiste) spécialiste de l’agriculture rappelle pour sa part « que  la consommation de viande bovine a décliné de 20 % dans l’UE au cours des dix dernières années, que les pays du Mercosur n’ont pas les mêmes normes sanitaires que celles l’Union et que les négociations autour du Brexit et du prochain cadre financier pluriannuel budget font planer de nombreuses incertitudes sur l’agriculture européenne. »

En d’autres termes, entre le contexte européen actuel pour la filière de viande bovine, et l’ampleur du contingent proposé en concurrence directe d’autre part, on en arriverait à un risque réel d’arrêt d’activité pour quantité d’éleveurs.

 Mais ces éleveurs ne sont pas les seuls à courir des risques, les consommateurs européens aussi, car les garanties (normes) de sécurité sanitaire n’ont pas le même niveau en Amérique du Sud que chez nous. D’ailleurs, en mars dernier, plusieurs gros clients du Brésil pour la viande bovine, dont son voisin le Chili mais aussi la Chine, ont rompu les relations commerciales en raison d’un scandale à la viande frelatée... C’est tout dire !

Lire également l’article en ligne sur WikiAgri avec les communiqués et réactions

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