Cavalcade de voeux à la hussarde : Emmanuel Macron, le président (candidat) qui vendait tous les possibles <!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron lors de son discours télévisé du Nouvel An depuis le palais de l'Élysée, le 31 décembre 2021.
Emmanuel Macron lors de son discours télévisé du Nouvel An depuis le palais de l'Élysée, le 31 décembre 2021.
©Martin BUREAU / AFP

(Encore) un air de campagne

Emmanuel Macron a prononcé ce vendredi soir les ultimes "voeux aux Français" du quinquennat. Une énième prise de parole d'un président-candidat, a presque trois mois du premier tour de la présidentielle.

Arnaud Benedetti

Arnaud Benedetti

Arnaud Benedetti est Professeur associé à Sorbonne-université et à l’HEIP et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire. Son dernier ouvrage, "Comment sont morts les politiques ? Le grand malaise du pouvoir", est publié aux éditions du Cerf (4 Novembre 2021).   

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Que dire d’une déclaration de candidature qui ne dit pas son nom mais qui en condense tous les ingrédients? C’est à cet exercice que le Président s’est astreint pour les derniers vœux d’un quinquennat commencé en 2017 . En quinze minutes , Emmanuel Macron a "hussardisé " son mandat, opérant dans trois registres : l’immédiat en raison de la pression épidémique, le moyen terme avec la perspective européenne que la présidence de l’UE lui permet d’esquisser , l’échéance printanière enfin avec un SAV de son bilan qui laisse hors champ , bien entendu, tout ce que le chimérique “ nouveau monde “ doit à l’ancien. 
L’exercice en soi n’a rien appris sur le locataire de l’Elysée ; il ne pouvait en être autrement au demeurant et les trois étages du discours - covid, bilan , Europe - n’avait d’autre objet que de mettre sur orbite une candidature dont l’objet était de se satelliser encore une fois sans que cela soit dit , de manière naturelle , comme si la mécanique s’imposait d’elle même. Ces vœux relevaient des lors d’un pré-conditionnement , où le président s’hyper-presidentialisait au moment où ses concurrents s’efforcent de convaincre qu’ils sont aptes à accéder à ce statut présidentiel. Tout l’enjeu était de susciter un gap infranchissable entre le premier , en poste , et les seconds , en construction ... En endossant d’emblée la fonction protectrice que les circonstances sanitaires lui fournissent, Emmanuel Macron s’est fait le chantre de sa stratégie- le tout vaccinal - là où celle-ci est susceptible d’interroger tout en se félicitant de sa gestion d’une crise dont il estime , non sans forfanterie , qu’elle a renforcé le pays ...Se dessine ainsi le format d’une campagne qu’il mènera dans la foulée du mandat et de l’action , sans distinguer celui-ci de la bataille électorale à venir et réduisant selon toute hypothèse cette dernière à une séquence brève , une “blietzkrieg " la plus courte possible afin de conserver jusqu’au bout l’avantage statutaire que lui procure l’exercice de la charge . 
In fine ce President-candidat a récité la seule partition qu’il semble connaître : l’auto-satisfaction du sort qu’il offrirait au pays , la réitération de sa volonté de nous diluer dans un grand tout européen , eschatologie exclusive de l’avenir, et l’idée qu’il se fait de lui-même dans une confusion organique qu’il entend susciter entre son destin personnel et la destinée collective de la Nation . À se vouloir indiscutable, péché d’orgueil qu’il ne parvient pas à dissimuler, il parie sur la faiblesse de la concurrence pour s’auto-perpétuer . Ces vœux , un peu bâclés à vrai dire , tout autant catalogue vite-fait de ce qu’il estime être ses réalisations que projet brouillon de ses stéréotypes idéologiques, renvoyait à une sorte de formalité dont il espère sans doute , pour se conforter ,qu’elle sera aussi le sens de sa réélection . Comme s’il n’y avait pas mieux que Macron . À voir , cependant...

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