Casques, exposition au bruit, perte auditive : voici un guide des pratiques d'écoute plus sûres<!-- --> | Atlantico.fr
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Des solutions existent pour écouter de la musique sans risque des pertes d'audition.
Des solutions existent pour écouter de la musique sans risque des pertes d'audition.
©Thomas SAMSON / AFP

Audition

Selon l'OMS, plus d'un milliard de jeunes adultes , âgés de 12 à 35 ans, risquent une perte auditive permanente et évitable en raison de « pratiques d'écoute dangereuses ». Quels sont les meilleurs conseils à suivre pour écouter de la musique sans danger ?

Sébastien  Lazzarotto

Sébastien Lazzarotto

Sébastien Lazzarotto est orthophoniste et Maître de conférences Associé chez Aix-Marseille Université CEReSS.

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Atlantico : De plus en plus de personnes s'exposent à des problèmes auditifs en écoutant de la musique à un niveau de volume trop élevé, avec des casques audio ou à cause d’une exposition au bruit trop intense. Cela entraîne des pertes d'audition. Quels sont les meilleurs conseils et les bonnes pratiques pour préserver son audition et écouter de la musique de manière plus modérée ?

Sébastien Lazzarotto : Le message le plus important est de dire qu’il est important de consommer et d’écouter de la musique. Le bruit, la musique, la parole: c'est la vie ! Il y a des recommandations très restrictives et négatives au sein de notre société qui imposent, notamment à la jeunesse, de ne pas fumer, de ne pas rentrer tard, de ne pas boire ou même de ne pas écouter de musique. Le message à faire passer aux jeunes est donc qu’il est important d’écouter de la musique mais dans une certaine limite temporelle et dans une certaine limite d'intensité sonore (fort/pas fort) Il est essentiel de mettre ses oreilles au repos. Il faut être prudent concernant l'intensité et la durée. L’intensité idéalement ne devrait pas dépasser 80 décibels. Cela correspond au bruit d’un photocopieur qui est en marche, d’un open space un peu bruyant dans les entreprises. Avec un tel niveau, il est possible d’écouter de la musique pendant 8 heures sans danger. Mais si l’intensité du niveau est doublée, il va y avoir une loi exponentielle. Cela va passer à 83 décibels. A chaque fois que la sensation auditive double, trois décibels vont augmenter mais le temps d'écoute au-delà duquel il y a un risque de perte auditive sera divisé par deux. A 83 décibels, il ne faut pas aller au-delà de 4 heures d’écoute. Pour 86 décibels, la limite sans risque n’est plus que de 2 heures d’écoute. Ainsi de suite...

Pour les smartphones et leur casques, les constructeurs ont été contraints à diminuer les intensités. Il y a une limitation à 100 décibels. A un tel niveau, je conseille de ne pas dépasser quatre minutes, juste le temps d’une chanson. Après un titre à ce niveau de 100 décibels, il faut arrêter et mettre ses oreilles au repos dans le calme. Sinon, il y a un potentiel risque d'abîmer les cellules ciliées à l'intérieur de l’oreille interne. Une fois qu'elles sont abîmées à différents endroits sur certaines fréquences, le dommage est définitif. Les cellules ciliées ne se réparent pas. Ce phénomène est irréversible. 

Lorsque vous écoutez de la musique, il est important ensuite de penser à mettre ses oreilles au repos dans le calme en fonction de l’intensité du bruit.

En cas d'explosion avec un pétard lors du 14 juillet ou suite à une gifle qu'on reçoit alors que l’on joue dans l’eau à la piscine, cela va entraîner une déflagration. C'est un traumatisme sonore aigu Cela peut abîmer les cellules de l'oreille interne. La personne peut ressentir une perte d'audition et/ou des bourdonnements d'oreille. Ces symptômes doivent disparaitre rapidement. S'ils persistent plus de 24h, il faut immédiatement consulter un médecin en ville ou à l'hôpital.

Un traitement particulier peut être administré pour essayer de conserver les cellules ciliées.

Faut-il définir une limite de volume maximale sur son téléphone ou faut-il éviter d'écouter de la musique trop longtemps pour préserver son audition ?

Si vous mettez le curseur du volume à moitié, vous êtes sauvé. Vous pourrez écouter des heures de musique sans risquer de problèmes auditifs. C’est un conseil que je donne aux enfants qui sont de plus en plus équipés de smartphones ou d’objets connectés qui permettent de stocker des heures de musique. Les générations précédentes, avec les walkmans, les cassettes et les disques, il y avait des limites à l’écoute.

Aujourd'hui, il est possible d’écouter des milliers de titres non-stop. Et les enfants peuvent avoir tendance à s’endormir avec la musique allumée toute la nuit et avec le casque sur leurs oreilles. Même lors de notre sommeil, les oreilles continuent à souffrir de cette exposition sonore.

Le son est une vibration qui fait bouger à l'intérieur de notre oreille des petits cils. Ces cils sont très fragiles.

Faut-il utiliser des écouteurs ou des casques qui disposent d'une fonction de suppression du bruit ? Est-ce efficace ?

Il y a des avantages et des inconvénients. Si vous prenez les transports en commun, il y a souvent des jeunes qui écoutent de la musique avec un casque dont le volume est au maximum. On entend déjà la musique à l’extérieur du casque. Cela est mauvais signe. A cause du bruit extérieur, la personne qui écoute de la musique va avoir tendance à mettre le volume de la musique à fond pour avoir une bonne sensation auditive.

Il y a des casques qui sont pré-amplifiés. Ils augmentent le son et trichent avec les limitations des appareils.

Il ne faut pas mettre le volume tout le temps au maximum pour les casques.

Les réducteurs de bruit peuvent être utiles dans certains cas.

Est-ce que l'exposition chronique au bruit ou dans des environnements bruyants peut être malheureusement associée à des maladies plus graves ?

L’exposition au bruit de manière intense modifie la vision des couleurs et le champ visuel. En cas d’exposition à un bruit fort, au-delà de 90 décibels, cela peut modifier le rythme cardiovasculaire.

En revanche, le bruit agit sur la santé. Les pilotes de l'aviation civile le ressentent à cause de leur exposition au bruit par les vibrations de leurs machines. Cela impacte la santé de façon générale.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, plus d'un milliard de jeunes adultes, âgés de 12 à 35 ans, risquent une perte auditive permanente et évitable en raison de « pratiques d'écoute dangereuses ». D’ici 2050, l’OMS prédit qu’une personne sur dix souffrira d’une « perte auditive invalidante ». Y a-t-il de l'espoir pour se préserver face à ce risque et éviter des expositions néfastes pour sa santé auditive ?

Il y a quand même beaucoup d'espoir puisque les pratiques évoluent. De nombreuses lois contre le bruit ont été votées et sont entrées en application afin de lutter contre les nuisances sonores dans les espaces urbains.

Les pouvoirs publics prennent conscience que la surdité non traitée coûte des milliards d'euros. Les personnes touchées par des pertes auditives sont moins incitées à se soigner, à s’interroger sur leur état de santé.

La surdité impacte le niveau social, physique et psychologique. La prévention est fondamentale pour réduire le nombre de personnes déficientes auditives suite à une mauvaise exposition au bruit. La problématique est que nous vivons dans un monde où il y a une pollution visuelle, une pollution olfactive mais aussi une pollution sonore.

Les changements de comportement sont possibles. Comme il est possible de faire attention à ce que l'on mange, il faut être vigilant et faire attention de plus en plus à ce qu'on écoute et dans quelles conditions.

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