Capture de CO2 : ces gigantesques aspirateurs à charbon que certains imaginent comme arme contre le dérèglement climatique<!-- --> | Atlantico.fr
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Des gens regardent des bâtiments commerciaux et résidentiels enveloppés de brume lors d'une journée très polluée à Séoul le 25 mars 2022.
Des gens regardent des bâtiments commerciaux et résidentiels enveloppés de brume lors d'une journée très polluée à Séoul le 25 mars 2022.
©ANTHONY WALLACE / AFP

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Les plus grandes entreprises de la planète, notamment Google et Facebook, ont l'intention de lutter contre le réchauffement climatique en parvenant à extraire les émissions de dioxyde de carbone de l’air.

Bertrand  Alliot

Bertrand Alliot

Bertrand Alliot est environnementaliste et porte-parole d’Action Ecologie.

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Atlantico : Certaines des plus grandes entreprises du monde, dont Facebook et Google, prévoient de lutter contre le réchauffement climatique avec une technique particulière : extraire les émissions de dioxyde de carbone de l’air. Comment est-ce possible ?

Bertrand Alliot, porte-parole d'Action Ecologie : Le CO2 est bien présent dans l'atmosphère, mais en très petite quantité puisqu'il ne représente que 0,04% de l'atmosphère... Il n'est pas d'ailleurs le gaz à effet de serre le plus commun, loin s'en faut, puisqu'il s'agit de la vapeur d'eau qui est 100 fois plus abondante…

Vouloir extraire le gaz carbonique de l'atmosphère est donc extrêmement compliqué, bien plus que de vouloir récupérer la grenadine une fois que celle-ci est diluée dans le verre d'eau…

En fait, ce genre de projet n'a de sens que lorsque le CO2 est très concentré, c'est-à- dire à la sortie des usines dans les domaines de la sidérurgie, du raffinage de la cimenterie ou de la pétrochimie par exemple.

L’idée de cette technologie serait donc plutôt de diminuer les rejets de CO2 en le capturant “à la source” plutôt que d'aller le “chercher” dans l’atmosphère.

Extraire le dioxyde de carbone de l’air est-il notre dernier espoir pour lutter contre le réchauffement climatique et respecter les accords de Paris sur le climat ? Quelle quantité faudrait-il éliminer ?

Les accords de Paris, comme tous ceux qui l’ont précédés ne seront pas respectés car notre bien-être matériel est entièrement dépendant de l’utilisation des énergies fossiles. En Europe par exemple, nous utilisons 80% d’énergie fossile. Par ailleurs, aucune autre technologie n’est aujourd’hui mature pour remplacer efficacement le charbon, le gaz et le pétrole. Dans ce contexte, l’extraction du CO2 ne constitue pas un nouvel espoir mais est une nouvelle utopie ou une nouvelle lubie qui permet de détourner l’attention ou d’enrichir les entreprises spécialisées.

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Le seul projet qui permettrait de ralentir nos émissions est la décroissance de l’économie, celle qui se cache derrière la formule de “planification écologique” popularisée par Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Avec le renforcement des énergies “alternatives” et tous les projets qui gravitent autour (dont la séquestration de CO2), nous allons assister à une explosion du prix de l’énergie, des matières premières et des matériaux. Celle-ci va directement créer les conditions de la décroissance. C’est le vieux projet de l’écologie, celui que soutient très clairement Jean-Marc Jancovici par exemple, pressenti pour devenir ministre dans le futur gouvernement.

Le pire dans tout ça c’est que cela n’aura aucun impact car la France a une responsabilité très mineure à l’échelle globale : elle n’est responsable que de 1% des émissions mondiales. Par ailleurs, grâce à l’énergie nucléaire notre pays est parmi les plus performants du monde en termes de rejet de gaz à effet de serre.

Enfin, il faut se méfier des prédictions apocalyptiques. Malgré les gros titres des journaux, il n’est pas certain, loin s’en faut, que nous allions vers une catastrophe. La paradoxe de la situation actuelle est que nous essayons de nous mobiliser dans l’urgence pour éviter une “catastrophe” qui reste très hypothétique.

Quelles sont les limites de ces dispositifs ? Sommes-nous loins de pouvoir les mettre en place ?

Le problème des dispositifs de capture de CO2 est qu’ils nécessitent la construction d’infrastructures importantes. Il faut installer un dispositif de capture à la sortie des usines, ensuite il faut construire une infrastructure de transport pour acheminer le gaz sur les lieux de stockage (les aquifères salins profonds ou les gisements d’hydrocarbure épuisés notamment) qui sont souvent situés à plusieurs centaines de kilomètres et enfin il faut installer le dispositif qui permettra d’injecter le gaz dans ces lieux de stockage. Pour faire tout cela, il faut beaucoup d’énergie et bien sûr des matières premières. Le bilan environnemental de ce genre de dispositif ne peut être que mauvais. En plus, il faut vous assurer que le CO2 que vous avez stocké ne revient pas rapidement dans l’atmosphère.

La capture du CO2 ne se fera probablement jamais de manière significative en dehors des projets expérimentaux. Cela coûte beaucoup trop d’argent pour des résultats trop médiocres..

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