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Des bustes de Marianne aux couleurs du drapeau français.
Des bustes de Marianne aux couleurs du drapeau français.
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Objectif 2022

La campagne présidentielle est marquée par l'opposition entre Eric Zemmour, qui est propulsé sur le devant de la scène par les avertissements qu'il lance depuis de nombreuses années, et de l’autre, des candidats à la fonction suprême qui en sont à rechercher les thèmes sur lesquels ils vont pouvoir se faire élire.

Claude Sicard

Claude Sicard

Claude Sicard est consultant international et auteur de deux livres sur l'islam, "L'islam au risque de la démocratie" et "Le face à face islam chrétienté-Quel destin pour l'Europe ?".

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La campagne présidentielle qui démarre est marquée par cette curieuse opposition entre, d’un coté, un écrivain et polémiste de talent, Eric Zemmour, qui est propulsé sur le devant de la scène par les avertissements qu’il lance depuis plus de vingt ans sur les risques  que la montée l’islam fait courir à nos sociétés, en Europe, et, de l’autre, des candidats à la fonction suprême qui en sont à rechercher les thèmes sur lesquels ils vont pouvoir se faire élire. Eric Zemmour, poussé par les événements, se tâte d’ailleurs, encore,  pour savoir s’il sera vraiment candidat au poste de Président de la république lors des prochaines élections présidentielles, alors que ses concurrents  postulent à la  fonction de guide de la nation en laissant  le soin à leurs concitoyens  de leur indiquer le chemin à suivre pour mener le pays à  bon port. Deux démarches diamétralement opposées, l’une fondée sur de profondes réflexions menées depuis des années  sur nos problèmes de  société, étayées par  de solides connaissances d’historien,  l’autre basée sur des analyses sommaires de la situation économique du pays doublées par la prise en compte des informations fournies  en permanence par les instituts de sondage.

Deux candidats,  en fait, prétendent connaitre  vraiment la voie sur laquelle doit s’acheminer le pays : Eric Zemmour, et Yannick Jadot. L’un veut sauver notre civilisation qui, comme cela arrive à toutes  les civilisations, amorce maintenant sa phase de déclin après avoir connu une période  extraordinairement faste d’expansion au cours des siècles passés, puis être entrée  au début du XXe siècle  dans sa phase de maturité, l’autre veut sauver notre planète  que la société moderne pollue  par trop par ses modes de fonctionnement. Ils  peuvent indubitablement  être crédités, l’un et l’autre, d’un engagement sincère dans les  causes qu’ils défendent. Les autres candidats ne sont pas dans des combats de même nature : ils se fient à l’opinion du plus grand nombre pour savoir dans quelle direction il faut aller : ce sont, en somme, des  adeptes  de Ledru Rollin, ce fameux chef des députés La Montagne qui dans les combats difficiles qu’il avait à mener en 1848  aurait dit : « Il faut bien que je les suive puisque je suis leur chef ».

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Eric  Zemmour, tout d‘abord :  ancien journaliste et polémiste de talent, il ne cesse dans ses chroniques, dans ses émissions sur CNews, et dans ses ouvrages, d’alerter ses concitoyens sur les dangers que le développement de l’islam, en  Europe, fait courir à notre civilisation.  Il mène avec obstination un combat pour la sauvegarde de notre identité dans un monde qui est marqué par une soif de revanche des pays émergents qui se sont trouvés pendant plusieurs siècles dominés par  des pays occidentaux.  Parmi ces courants hostiles au monde occidental  il y a, tout particulièrement, l’islam qui est en lutte avec les juifs et les chrétiens depuis son origine. Pour les tenants de cette religion l’heure de la revanche a sonné avec les succès remportés par tous ces pays qui avaient été  colonisés, au XIXe siècle, par des pays occidentaux qui leur avaient imposé  leur tutelle. La civilisation chrétienne et la civilisation musulmane sont en lutte depuis l’apparition de l’islam en Arabie, au Ve siècle de notre ère ; et après une période où elle fut en position dominante, c’est à dire jusqu’au XIe siècle, la civilisation musulmane s’est trouvée éclipsée par la civilisation occidentale, d’où un sentiment de revanche chez beaucoup de musulmans. Eric Zemmour s’est fait connaitre par ses nombreux ouvrages, dont notamment : «Le suicide français », puis« Le grand remplacement »,  et, tout récemment « La France n’a pas dit son dernier mot ». Le combat qu’il mène depuis vingt ans l’a propulsé dans l’arène politique, et il pourrait donc bien  se décider à se porter candidat dans la prochaine élection présidentielle, en 2022. Le thème sur lequel il propose de mener le combat est la défense de notre civilisation face à la montée de l’islam dans nos pays. L’objectif visé est la survie de notre civilisation occidentale.

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Autre candidat aux thèses intéressantes, également, car touchant à un problème  très grave, celui de la survie des hommes sur notre planète :  Yannick Jadot. Il est, à présent, le candidat officiel du parti Europe  Ecologie Les Verts ( EELV).Tout son parcours atteste de la sincérité de ses options : il est membre des verts depuis 1999. Né dans une petite commune de l’Aisne de parents instituteurs,  avec un père qui a été un militant socialiste très actif localement. Il a joué dans son enfance dans les creuttes, ces grottes formées dans les buttes calcaires du Laonnais, et il a gambadé tout jeune dans les forêts de chênes et de hêtres de Saint Gobain. Il a milité à  GreenPeace où il a été directeur des campagnes,  de  2002 à 2008 : précédemment, il avait travaillé dans une ONG en Afrique, la Solagral. Son objectif : mener un combat pour la survie de notre planète, une planète menacée par les excès de notre civilisation moderne qui épuise ses ressources et réchauffe dangereusement le climat.

Face à ces deux enjeux que sont d’un côté la sauvegarde de notre civilisation judéo-chrétienne face aux menaces que font peser sur elle  tous ces flux migratoires que l’on sait devoir être de plus en plus importants dans les années à venir, des flux  qui déversent sur l’ Europe des populations animées de l’intention d’implanter dans nos pays leurs propres valeurs et leur propre manière de faire  fonctionner  la société,   et, de l’autre, la mise en place de mesures permettant de  protéger  notre planète contre les dangers que lui font courir  les technologies auxquelles on recourt, aujourd’hui,  dans le monde moderne, pour satisfaire les besoins des populations,  quels sont les problèmes auxquels les autres candidats proposent de s’attaquer ?  Pour se faire élire, ils ont pour stratégie, les uns et les autres, de se  montrer  très sensibles aux problèmes qui préoccupent le plus la population, et ils  couronnent leurs discours d’un message qui se veut le plus rassembleur possible. On se souvient de Jacques Chirac, par exemple, qui avait eu pour slogan dans sa campagne électorale en mars 1995 : «La France pour tous », rajoutant régulièrement : « Je veillerai à ce que l’on mette l’homme au centre des choix économiques et sociaux ». Et  Nicolas  Sarkozy qui avait  pour sa campagne, en 2007, pris pour slogan: « Ensemble, tout devient possible ».  L’hebdomadaire Le Point, en décembre 2010, qui s’interrogeait sur ce que seraient en 2012 les thèmes de campagne des candidats à la future élection  présidentielle, avait titré : « A chaque présidentielle ses thèmes de campagne», comme s’ il n’existait pas aux yeux des candidats des enjeux permanents auxquels le pays doit faire face. Les problèmes majeurs auxquels il convient de s’attaquer pour assurer dans le long terme l’avenir d’un pays ne changent évidemment pas à chaque élection présidentielle, mais les candidats n’ont malheureusement pas la sagesse de se placer au dessus des préoccupations contingentes de la population. Sans doute est-ce, là, un grave défaut de la démocratie. Le  général de Gaulle qui s’identifiait à la France, on s’en souvient, se plaçait  au dessus des contingences matérielles du moment, fixant comme objectif fondamental  à ses concitoyens « la grandeur de la France ». Il disait au peuple français, par exemple : « La France ne peut être la France sans la gradeur », ou, encore : « Face aux grands périls, le salut n’est que dans la grandeur ».On lui reprocha, bien sûr, de considérer  que « l’intendance suivra ».

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Alors l’électorat français va se trouver, en avril prochain, face aux choix suivants : deux candidats  qui invitent les  électeurs à  s’intéresser avant tout à des problèmes de fond, des problèmes vitaux pour l’avenir et la survie du pays,  et  divers  autres qui se présentent comme  capables de répondre aux préoccupations  du moment de la population : problèmes de pouvoir d’achat, de sécurité, de justice sociale, etc…

On va donc  se trouver face aux options suivantes :

-opter pour un candidat lucide qui se préoccupe  du sort de notre société, dans le long terme, un choix donc entre Eric   Zemmour et Marine Le Pen qui se proposent, l’un comme l’autre, de sauver notre civilisation des risques de destruction que lui font courir les flux migratoires qui se déversent sur le pays ;

- opter pour le candidat des Verts qui se propose de mener un combat pour sauver notre planète des menaces que la civilisation moderne lui fait courir : pollution de l’air et des océans, modification du climat par les émissions énormes, chaque année, de gaz à effet de serre, épuisement trop rapide des ressources naturelles, destruction de nombreuses espèces animales, etc… ;

- opter pour un candidat qui ne se préoccupe nullement du long terme, mais s’attache  tout bonnement à  mieux faire fonctionner la société dans sa forme actuelle : un combat pour plus de sécurité, moins d’endettement pour le pays, et le maintien d’un niveau de vie correct pour la population. Tant pis pour une mutation de notre civilisation, et/ou pour le sort de la planète dans les années à venir : ce seront des problèmes à régler par les générations suivantes.

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Le choix entre Eric Zemmour et Marine Le Pen va être vite fait si ces deux candidats ne s’entendent pas, car  aucun des deux, alors, ne parviendra au second tour de l’élection. Le choix pour le candidat écologique sera, lui,  écarté par une grande majorité des électeurs  car nos compatriotes sont bien conscients que  le sort de notre planète n’est pas  dans les mains de la France mais bien plutôt dans ceux des deux plus grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine. On sait qu’en matière de lutte contre les éléments qui détériorent notre environnement la France ne représente que 1 % seulement du problème , au plan  mondial ; et, au demeurant,  les électeurs, dans leur majorité,  ne sont pas encore acquis à l’idée qu’il va falloir procéder à une réduction de notre niveau de vie et à moins de mobilité : les écologistes nous engagent à changer profondément  notre manière de  vivre, et, en fait,  à régresser au plan économique, ce qui n’est guère engageant.  Autre choix : un vote pour un candidat LR, et ils sont au nombre de trois, actuellement , trois postulants,  donc, ce qui divise par trois les chances de chacun d‘eux  de se retrouver au second tour : autrement dit, aucune chance de succès pour ce parti si ses candidats refusent de s’entendre.

Il restera, alors, l’option pour le renouvellement du mandat du Président actuel, dont la cote de popularité reste très élevée. Il  s’occupe de tout, et il bénéficie d’un atout supplémentaire que lui offre le calendrier, puisqu’il va être porté à la tête de l’ Union  Européenne le premier janvier prochain.

Claude Sicard, auteur de «  Le face à face islam chrétienté :quel destin pour l’ Europe ? »,  et « L’islam au risque de la démocratie », préface de Malek Chebel (Ed F.X de Guibert)

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