Bye Bye São Paulo ou Mexico, en 2030, toutes les mégalopoles seront en Asie ou en Afrique<!-- --> | Atlantico.fr
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A l'Est, tout de nouveau

L'Europe et l'Amérique du Sud arrivent au bout d'un phénomène que l'Asie et l'Afrique commencent à peine à expérimenter : l'urbanisation. Une dynamique qui promet de changer la réalité des pays concernés.

Laurent  Chalard

Laurent Chalard

Laurent Chalard est géographe-consultant. Membre du think tank European Centre for International Affairs.

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Atlantico : Selon le rapport de l'ONU publié le 10 juillet dernier, en 2030, la plupart des mégalopoles du monde se situeront principalement en Afrique et en Asie. Comment expliquer cette tendance ? Qu'est-ce que cela traduit ?

Laurent Chalard : Deux principaux facteurs explicatifs expliquent cette évolution attendue. La première est la différence de taux d’urbanisation dans le monde. Dans les régions du monde déjà très largement urbanisées, en général les pays développés, les taux d’urbanisation sont très élevés (supérieurs à 75 %), l’exode rural est terminé et donc la croissance ne peut-être que modérée. Par contre, dans les pays à faible taux d’urbanisation (c’est-à-dire inférieur à 50 %), principalement en Afrique subsaharienne et en Asie, le potentiel de croissance urbaine est considérable. Le deuxième facteur explicatif est le différentiel de croissance démographique attendu dans le monde d’ici 2030. Or, l’Asie et l’Afrique sont les continents qui vont concentrer cette dernière dans le futur.

Toujours selon ce rapport, les trois principaux pays à connaître un taux d'urbanisation important dans les quinze prochaines années seront le Nigéria, la Chine et l'Inde. Pourquoi ces trois pays particulièrement ?

C’est le produit de leur taille démographique, très importante, en l’occurrence les deux pays milliardaires de la planète (Chine et Inde) et le pays le plus peuplé d’Afrique (Nigeria), combinée à un taux d’urbanisation relativement modéré (inférieur à 50 %), qui fait que les taux de croissance attendus seront considérables, d’autant plus que le développement économique le sera, puisqu’il existe une certaine corrélation entre les deux. La phase d’urbanisation est maximum pendant la période de croissance économique la plus importante.

Quels défis attendent les pays d'Afrique et d'Asie du fait de l'accroissement du taux d'urbanisation ? Quels seront les moyens à mettre en oeuvre pour réussir cette urbanisation ?

Les défis concernent essentiellement les problèmes de gestion de la croissance urbaine. Etant donné l’ampleur de la croissance attendue, les pays concernés vont devoir construire massivement des logements et des infrastructures (transports, approvisionnement en eau, assainissement, électricité…). Il va donc s’engager une course entre la croissance de la ville et la croissance de la population, dans l’optique d’éviter la prolifération des bidonvilles. Lorsque la croissance économique est très forte, comme en Chine, les autorités arrivent en règle générale à répondre à la demande, par contre, dans des pays au développement plus lent (Inde, Nigéria), ce n’est actuellement pas le cas.

Pourquoi d'autres pays en voie de développement, à l'instar des pays sud-américains, ne connaîtront pas un tel développement de mégalopoles ?

Certains pays en voie de développement, plus particulièrement en Amérique Latine, ont déjà des taux d’urbanisation très proches de ceux constatés dans les pays développés, la croissance des mégalopoles (Mexico ou Sao Paulo) relevant plus du passé (années 19870-80) que du futur. En effet, l’exode rural s’est tari, Mexico connaissant même un déficit migratoire avec le reste du pays. Ce sont aussi des pays où la décélération démographique a été plus vive, du fait d’un effondrement de la fécondité au cours des vingt dernières années.

Quel sera le pourcentage de personnes vivant en zone rurale ? Pourra-t-on parler de "no man's land" ? Doit-on craindre des répercussions sur l'approvisionnement agricole mondial ?

Il est difficile de donner un pourcentage définitif de personnes vivant en zone rurale, cependant il devrait continuer de diminuer, passant sous la barre des 40 %, alors qu’il est encore de près de moitié aujourd’hui. La ruralité va devenir définitivement minoritaire sur la planète.

Non, nous ne pourrons pas parler de no man’s land dans les zones rurales des pays pauvres car, étant donné la croissance démographique attendue dans de nombreux pays, la population rurale continuera d’augmenter en volume, même si son pourcentage diminuera sensiblement.

Non, dans le sens que la baisse du nombre de ruraux n’est pas corrélée à la baisse de la production agricole. Tout au contraire, qui dit moins de main d’œuvre dit amélioration des rendements, comme le montre le cas des pays développés. Le problème concerne plutôt l’approvisionnement alimentaire des grandes mégalopoles en cas de conflits armés.

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