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Bouclier énergétique, budget resserré. Les chefs d’entreprise sont bien décidés à s’adapter aux mutations qui s’imposent
©©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Atlantico Business

Transformer la crise en opportunité. Alors que le ministre de l’économie recadre les perspectives budgétaires, que la classe politique a rouvert les commerces de la peur, les chefs d’entreprise, pour la plupart, ont retroussé leurs manches pour faire face aux mutations qui s’imposent

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En présentant le cadrage du prochain budget, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’est bien gardé de souffler sur les braises.  Il a laissé le soin à la Première ministre de présenter les mesures de protection contre l’inflation des prix de l’énergie et les restrictions, sachant que les arbitrages financiers avaient été rendus à l’Élysée la veille. 

Bercy se propose de passer l’année 2023 en équilibre sur une ligne de crête. Avec d’un côté la nécessité d’éviter que les populations les plus fragiles soient asphyxiées par la facture de gaz et d’électricité. Mais de l’autre, la contrainte de limiter les déficits courants à la capacité d’emprunt acceptable, compte tenu de taux d’intérêt et ce qui restera de croissance, parce que Bruno Le Maire croit dur comme fer qu’on échappera à la récession

Il a raison. La France n’est ni la Grande Bretagne, ni l’Allemagne, les deux pays en Europe qui filent tout droit vers les difficultés les plus graves. La France restera sans arrogance hors de l’eau. 

Et cette survie franco-française, Bercy la doit sans doute à la solidité des entreprises. Parce que quand on se regarde, on se désole souvent, mais si on se compare et qu’on reste braqué sur les faits et les chiffres, on peut se consoler.

Après le rebond fantastique de l’après Covid, il faut bien se résoudre à revenir à une situation normale. La situation normale porte un ralentissement sérieux de la croissance, la nécessité de réduire les risques d’un endettement excessif et l’obligation de tout faire pour s’adapter aux mutations qui s’imposent. Une telle politique ne tient ni du miracle, ni de l’exploit. Une telle politique est tout simplement pragmatique.  

La situation normale ne nous conduit pas à la catastrophe, comme le prédisent un certain nombre de responsables politiques, mais à la prise de conscience de la nécessité d’accepter des changements importants

Contrairement à ce que les responsables politiques craignent ou « souhaitent », parce que la peur du danger peut servir aussi leurs intérêt électoraux, l’opinion publique, quoi qu’on dise, s’adaptent et les chefs d’entreprise font leur job. 

Tout le monde sent bien que les mutations qui s’imposent nous dépassent et qu’il faut bien qu’elles présentent des opportunités de changement parce qu’on n’a pas d’autre choix. Le covid est tombé sur la planète toute entière et les humains ont fait preuve d’une discipline rare pour limiter les dégâts dans le cadre des progrès de la science, mais surtout, la plupart ont fait preuve d’une résilience que peu d’experts soupçonnaient pour en assumer les effets économiques et sociaux. 

Maintenant, nous sommes confrontés à trois grandes crises qui se superposent sans beaucoup de rapport entre elles.  

Un:  La guerre en Ukraine dont les occidentaux ne sont pas responsables, mais à laquelle ils sont bien oblige de participer s’ils veulent protéger leurs valeurs, leur culture et leur façon de vivre ensemble. C’est évidemment la liberté individuelle et la démocratie qui sont en jeu et du coup l’occident ne fait pas la guerre mais se retrouve en guerre contraint et forcé. 

Deux, une crise des énergies fossiles avec une augmentation insupportable des prix du gaz et du pétrole.  Cette crise-là était prévisible, elle est directement le résultat d’une raréfaction des réserves et l’épuisement inéluctable des réserves.  

Et trois, une crise climatique à échéance plus ou moins longue. 

La coexistence de ces trois crises, dont les effets sont relayés et amplifiés sans filtre ni pédagogie par les réseaux sociaux, peut évidemment créer un climat très anxiogène parce qu’il implique un changement de logiciel et d’habitude. 

La guerre en Ukraine entraine, par l’effet domino, un partage du monde entre les organisations autoritaires et les organisations démocratiques. On a cru pendant 20 ans que les échanges économiques mondiaux pouvaient instituer une sorte de dialogue entre les deux mondes. Dialogue constructif et bénéfique aux deux mondes. On s’aperçoit aujourd’hui que ce dialogue est difficile, voire impossible.  

L’épuisement des ressources pétrolières appelle de facto la recherche de sources alternatives ou alors des modèles de croissances plus sobres.

Quant au réchauffement climatique, il imposera la recherche d’une croissance également différente. 

Les chefs d’entreprises ont parfaitement compris l’ampleur de ces changements à venir et non seulement compris mais ils en ont tiré les leçons. Pour la plupart, ils ont commencé à investir massivement dans des systèmes alternatifs, des réseaux commerciaux qui répondent aux changements d’habitude de consommation et ils ont investi déjà dans organisations de travail très différentes. À noter que les patrons français du Cac 40 sont plus en avance que les grands patrons américains ou allemands dans la recherche d’une entreprise qui serait capable de donner du sens au travail qu’elle offre. 

La France est plus richement dotée en entreprises décarbonées, capables de lutter contre le réchauffement climatique et la détérioration de l’environnement. Ne parlons ni de EDF, ni du nucléaire, parlons des TotalEnergies, des Veolia-Suez, des Engie et de beaucoup d’autres. Mais de ce point de vue, la France est en avance sur l’Allemagne et surtout sur la Grand Bretagne. 

Dans cette course à la modernité, les chefs d’entreprises ont trois choses à demander à l’État.

La première chose, c’est la stabilité (des impôts, des taxes et des normes.)

La seconde chose est de poursuivre la politique de l’offre parce que cette politique a donné des résultats ; 

La troisième chose est d’obtenir de l’Etat, qu’à chaque fois qu’il dépense un euro en fonctionnement, en allocation ou en subvention, ils investissent au moins un euro en investissement.  

Protéger les populations des attaques violentes de l’inflation sur l’énergie où les biens de consommation courants sera sans doute nécessaire, à condition que parallèlement, on sache investir pour empêcher qu'à l'avenir, l'inflation revienne comme les métastases d’un cancer qu'on aurait combattu. 

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