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Un chien-guide pour personnes malvoyantes en cours d'éducation
Un chien-guide pour personnes malvoyantes en cours d'éducation
©FRANCOIS GUILLOT / AFP

Il n’y a pas que le dressage

Chiens de troupeaux, chiens de travail ou encore chiens-guides : depuis des milliers d’années, l’homme cherche à domestiquer les chiens pour remplir des missions spécifiques. Les avancées récentes en matière de génétique promettent de nouvelles possibilités

Richard Guyon

Richard Guyon est ingénieur d'études au CNRS.

Depuis 2018, il est responsable technique du Centre de Ressources Biologiques Cani-DNA (Biobanque Nationale de prélèvements de chiens) sous la direction de Catherine André. 

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Atlantico : A-t-on fait récemment des avancées en matière de manipulation génétique chez les chiens ? Au-delà des caractéristiques physiques et des enjeux de santé, les avancées actuelles en matière de génétique nous permettent-elles de déterminer la personnalité ou le comportement d’un chien ?

Richard Guyon : Je préfère parler de sélection que de manipulation génétique canine. Nos recherches ont pour but principal de comprendre les maladies génétiques pour les dépister chez des chiens qui serviront à la reproduction. Les recherches peuvent également servir comme base de connaissance pour le développement de thérapies. Nos résultats vont alimenter la recherche fondamentale et ils pourront être utilisés pour des applications biomédicales. On peut également transposer ces résultats pour améliorer la médecine humaine. Nos travaux ont donc de nombreuses applications et la recherche évolue rapidement. 

Dans le cas des chiens-guides pour personnes malvoyantes, les éleveurs s’intéressent évidemment au comportement du chien. Le patrimoine génétique contient un ensemble d’informations qui participe à sa personnalité. Pour obtenir des chiens dociles, obéissants et calmes, les éleveurs orientent les croisements dans les élevages et retiennent des reproducteurs qui correspondent aux caractéristiques souhaitées. Il y a de fortes chances que leur descendance partage les mêmes traits de caractère. Par exemple, les Border Collie, extrêmement obéissants et intelligents, sont prédisposés à être des chiens de troupeaux. Cette démarche de sélection de traits comportementaux d’intérêt a débuté il y a des milliers d’années au Néolithique. 

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L’étude des bases génétiques du comportement est très complexe mais le développement d’outils moléculaires pour assister la sélection est techniquement faisable. Les technologies de séquençage permettent de caractériser très finement le génome d’un individu. On pourra alors dégager des tendances pour anticiper un caractère ou une aptitude particulière à condition d’avoir suffisamment de chiens caractérisés mais les résultats seront plus incertains.Un projet de recherche est en cours pour aider à la sélection des chiens de troupeaux mais il en est encore à son début. Une approche similaire est envisageable avec les chiens guides.

La manipulation d’informations génétiques pose un problème éthique. Où en sommes-nous aujourd’hui ? 

Tout dépend de la question posée. Si on cherche à sélectionner des chiens adaptés pour guider les personnes malvoyantes, cela est tout à fait acceptable. Si c’est pour sélectionner des chiens de combat, c’est bien évidemment différent et la recherche ne cautionne pas ce type de travaux. Les recherches menées à Rennes dans l’équipe « Génétique du chien » s’inscrivent dans le cadre d’une demande de la société pour servir l’intérêt général. Nos travaux sont réalisés en collaboration avec les vétérinaires et ont été validés par un comité d’éthique. Nous ne pouvons donc pas faire n’importe quoi, tout dépend du but des recherches. 

Dresser un chien guide prend actuellement beaucoup de temps et coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros. Les avancées en matière de génétique permettent-elles de s’affranchir de telles contraintes ? Pensez-vous que ce phénomène de sélection en fonction des caractéristiques génétiques puisse se démocratiser ?

C’est justement un des objectifs. Sur le comportement et la docilité, les travaux de recherche peuvent être assez longs et présenter un certain coût. Mais dans le cadre de la prévention en matière de santé, elle peut engranger de fortes économies sur le long terme. De nombreux chiens, y compris les chiens guides, peuvent être atteints de dysplasie de la hanche. Cette maladie se déclare en général tardivement. Si on forme un chien, qu’on le met en activité et qu’il faut le réformer au bout de 2 ou 3 ans, le coût de la formation ne sera pas amorti. Au contraire, si on arrive à détecter cette maladie de manière précoce pour être sûr que le chien aura des hanches solides, il pourra aider son maître 8 ou 10 ans. Je pense qu’en matière de dysplasie de la hanche, quasiment tous les élevages sont déjà regardants de ce type de travaux. 

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