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Besoin de reconnaissance ? Comment faire pour enfin se sentir plus légitime
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Bonnes feuilles

Vous mourrez d'envie d'être reconnu et, dans le même temps, vous n'osez pas vous mettre en avant. Depuis des années, vous vous débattes dans ce paradoxe. Le sentiment d'être "illégitime" vous le connaissez bien et vous rêvez d'en sortir. Mais peut-on jamais s'en débarrasser ? Dans son livre "Besoin de reconnaissance", Richard Robert vous donne quelques clés. Extraits (2/2).

Richard Robert

Richard Robert

Richard Robert est directeur d'une revue internationale. A vingt-huit ans, il claque la porte de l'enseignement supérieur et passe par le journalisme, le syndicalisme, le monde associatif, le conseil et le coaching. Son livre "Besoin de reconnaissance ?" condense 20 ans d'observations au contact les milieux les plus divers.

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Le rôle de l’environnement est majeur, et il peut être écrasant. On le mesure, pour s’en féliciter, quand on évolue dans un bon environnement, avec des collègues, des amis ou une famille qui vous portent et vous soutiennent. Mais on en sent aussi le poids quand on évolue dans un mauvais environnement, où tout est fait pour vous disqualifier – un de ces mondes impitoyables à tous ceux qui n’affichent pas une assurance à toute épreuve.

C’est peut-être la première leçon : si vous vous posez trop souvent la question de votre légitimité, c’est sans doute que vous évoluez dans un cadre de travail, un milieu familial ou amical qui n’est pas très validant. Ou qui est même profondément invalidant. C’est le cas dans certaines institutions. Ceux qui sont passés par les classes préparatoires, par exemple, savent ce que peuvent représenter des notations et des appréciations qui renvoient systématiquement de bons élèves à leurs insuffisances, en les confrontant à une excellence inatteignable. Certains ne s’en remettent pas.

D’une façon générale, le système scolaire français n’est pas très validant : il est organisé selon un modèle de tri progressif dont ne sortent gagnants que quelques pourcents – et ces quelques pourcents sont condamnés à subir les affres du paragraphe précédent ! Ce modèle qu’on appelle parfois « l’élitisme républicain » n’a de républicain que le nom. Il produit et reproduit des inégalités, des différences de trajectoires et, avec elles, beaucoup de souffrances. Au lieu de conférer de l’assurance à ceux qui en manquent, il leur coupe l’herbe sous le pied. Mais il est si bien installé, si légitime, pour le coup, que des centaines de milliers d’élèves prennent sur eux les humiliations qui leur sont infligées. Comme si c’était eux qui étaient en cause, alors que le système a précisément été créé pour classer, trier et sélectionner.

On trouve aussi ce type de fonctionnement en entreprise, notamment dans certains systèmes d’évaluation particulièrement pervers. Ceux, par exemple, qui isolent les 20 % des employés les moins bien notés et les éliminent méthodiquement, mettant ainsi une pression terrible aux 20 % suivants… J’ai aussi en mémoire le système de notation des enseignants en vigueur à Sciences Po il y a quelques années : tout maître de conférence qui n’obtenait pas 80 % de « très bonnes » opinions dans les fiches d’évaluation remplies par les étudiants se voyait théoriquement viré. Théoriquement, seulement, et c’est là que le système montrait toute sa perversité : car par défini- tion seule une minorité de profs peut obtenir ce type de score, et l’institution ne peut se permettre de recruter la moitié ou davantage de nouveaux enseignants à chaque rentrée. Ceux qui n’obtenaient pas le score indiqué étaient donc « repêchés ». Ils l’avaient échappé belle, et cela ne se reproduirait pas deux fois de suite ! Imagine-t-on les sentiments qui agitaient ces malheureux : une gratitude parfaite- ment malsaine envers ceux qui leur octroyaient ainsi, du bout des doigts, la possibilité de continuer, et une frousse qui les conduisait à se démener comme des ânes pour faire mieux l’année suivante…

Extraits du livre "Besoin de reconnaissance ?" de Richard Robert publié aux Editions Michalon

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