Bernard Lecomte : « Même minoritaires, les croyants d’aujourd’hui incarnent un formidable patrimoine de religiosité, de valeurs morales et de références intellectuelles »<!-- --> | Atlantico.fr
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Messe du Mercredi des cendres, le 17 février 2021.
Messe du Mercredi des cendres, le 17 février 2021.
©Jon Cherry / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

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Le second volet de « Jérusalem Magazine » (éditions du Cerf), qui vise à intéresser les nouvelles générations à la religion catholique en utilisant le langage des médias, est consacré notamment à la période de Pâques.

Bernard Lecomte

Bernard Lecomte

Ancien grand reporter à La Croix et à L'Express, ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, Bernard Lecomte est un des meilleurs spécialistes du Vatican. Ses livres sur le sujet font autorité, notamment sa biographie de Jean-Paul II qui fut un succès mondial. Il a publié Tous les secrets du Vatican chez Perrin. 

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Atlantico : Vous publiez le second volet de « Jérusalem Magazine » (qui est daté : « An 33 ») aux éditions du Cerf. Pouvez-vous nous dévoiler comment est né le projet fascinant de ce magazine imaginaire qui plonge les lecteurs au temps de Jésus-Christ, permettant aux chrétiens pratiquants, mais aussi à de nombreux amateurs d’histoire, de redécouvrir cette actualité antique sous de nombreux angles (factuel, religieux, politique, diplomatique, social, culturel) ?

Bernard Lecomte : L’idée est de Jean-François Colosimo, le patron des éditions du Cerf. Elle partait, au départ, d’un triste constat : des millions de Français allaient fêter Noël, c’est-à-dire la fête de la Nativité, sans rien savoir de ce qu’elle raconte ! Or, il existe des milliers de livres sur la naissance de Jésus : en publier un de plus n’aurait rien changé à la donne. Pour intéresser les nouvelles générations à cet événement historique, pourquoi ne pas utiliser le langage des médias, et notamment celui des news magazines ? Et pourquoi ne pas le demander à un bon connaisseur des choses de la religion, journaliste de métier qui, en outre, a dirigé la rédaction d’un news magazine ?

La difficulté de l’exercice n’était pas de nature historique : il ne manque pas de sources pour nourrir ce récit, de Jérôme Carcopino à Jean-Christian Petitfils en passant par Daniel Rops, Jean Potin et bien d’autres. Il fallait surtout concilier l’humour provoqué par le traitement moderne des faits par des journalistes évidemment fictifs, en décalage avec ce que nous savons de tout cela aujourd’hui, et le respect dû aux croyants eux-mêmes, qui auraient pu être blessés, par exemple, qu’on déforme trop le texte biblique ou qu’on fasse dire des horreurs à la Vierge !

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Pouvez-vous présenter les spécificités du deuxième volet de « Jérusalem Magazine » qui revient notamment sur le procès de Jésus, la période de Pâques ou bien encore les croyances romaines ? Qu’avez-vous tenu à mettre en valeur à l’occasion de cette période des fêtes de Pâques ?

Pour le premier numéro, l’angle était simple. La naissance de Jésus, en soi, c’est un événement minuscule, où les faits eux-mêmes sont infinitésimaux : la crèche, les bergers, les rois mages, la fuite en Egypte… Il fallait donc, d’interviews en enquêtes, de dossiers en reportages, raconter ce qu’était la Terre sainte, d’où venait le peuple juif, où en était l’Empire romain, etc. Le magazine contient, du reste, de nombreuses rubriques (culture, sport, mode, tourisme, etc) qui illustrent le temps de la Nativité sans être intimement liées à celle-ci !

Pour ce deuxième numéro de Pâques, c’est différent : les faits abondent ! Les événements bouleversants que sont l’arrestation de Jésus, son procès, son exécution et la disparition de son cadavre le dimanche de Pâques offrent mille et une occasions d’être illustrés par des interviews (Caïphe, Barabbas), des enquêtes (le tombeau vide), des reportages concrets (l’enquête de police), des faits d’actualité (les pèlerins d’Emmaüs) ou des rétrospectives (les miracles, les marchands du Temple).

La période de Pâques est très particulière pour la vie des Chrétiens. Après avoir évoqué un possible confinement strict en Allemagne lors des célébrations pour Pâques (avec des célébrations via des visioconférence notamment), la chancelière allemande a fait machine arrière. Elle a renoncé aux restrictions sanitaires strictes pour cette période et a présenté ses excuses à ses concitoyens. Quel regard portez-vous sur cette crise liée à la période de Pâques en Allemagne ? Ce revirement ne montre-t-il pas l’importance de cette célébration dans le cœur des fidèles ? Pensez-vous qu’un cas de figure similaire risque de se poser en France, comme lors de la période de Noël ?  

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L’effet cloches : mais pourquoi le gouvernement est-il persuadé que les Français qui ont vécu Noël sans dommage ne sauraient pas vivre Pâques en famille sans carnage ?

En Allemagne comme en France, il y a un divorce entre une majorité de dirigeants indifférents – voire hostiles – aux religions, et pour qui les cultes n’ont pas d’importance particulière, et une minorité de gens pour qui la célébration de Noël et celle de Pâques est un moment important dans leur vie. Ce que l’on constate dans les deux pays, c’est que ces croyants aujourd’hui minoritaires incarnent néanmoins un formidable patrimoine de religiosité, de spiritualité, de valeurs morales et de références intellectuelles qu’on ne peut pas considérer comme quantité négligeable. Jean Castex en avait fait l’expérience en novembre avec la « jauge » des lieux de culte. Angela Merkel, elle-même fille de pasteur protestant, aurait dû se rappeler que Pâques célèbre la résurrection du Christ, pierre de touche du christianisme, et implique donc les croyants bien davantage encore que Noël !

Au regard du contexte mondial de la pandémie de Covid-19 et après sa visite historique en Irak, pensez-vous que le message du pape François lors de son discours durant le week-end pascal et à travers sa bénédiction urbi et orbi aura une connotation particulière ? 

Sans doute reviendra-t-il sur son extraordinaire voyage en Irak, sur ses rencontres qui ont été autant d’étapes sur le difficile chemin menant à la paix du monde et à la réconciliation entre les hommes. Il rappellera sûrement que les croyants de toutes les religions – et leurs pasteurs, qu’ils soient évêques, rabbins, imams ou ayatollahs – sont particulièrement responsables de la construction d’un monde pacifique. Espérons que nos médias ne se contenteront pas de retransmettre, entre deux publicités, quelques secondes d’images à la fin de la bénédiction pascale…

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Quels sont les pistes pour les prochaines éditions de « Jérusalem Magazine » ? Des numéros hors-série sont-ils prévus ?  

Nous ferons d’abord le bilan de ces deux numéros hors du commun. Je crois savoir que les éditions du Cerf réfléchissent à leur donner une suite. Mais il faudra faire preuve d’imagination, car il sera difficile de retrouver des thèmes aussi forts que la fête de Noël et la fête de Pâques !

Bernard Lecomte publie « Jérusalem Magazine, An 33 » aux éditions du Cerf.

A lire aussi, deux extraits de l'ouvrage :

- Etrange disparition au Golgotha

- Les 7 paroles du Christ en croix

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