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Les jeunes : un débat explosif
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Cher Benoît Rayski...

François Bégaudeau a publié mardi sur Atlantico une tribune en réaction à la décision de la ville de Lyon d'interdire l'achat d'alcool après 22h. Vigoureusement pris à parti par Benoît Rayski deux jours plus tard pour le jeunisme que son texte aurait laissé transparaître, l'auteur d' "Entre les murs" exerce son droit de réponse.

François  Bégaudeau

François Bégaudeau

François Bégaudeau est journaliste, écrivain, agrégé de lettres et cinéaste.

Il a écrit, entre autres, le roman sur l'école : Entre les murs (Verticales, 2006).

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Ne connaissant pas monsieur Rayski, je n’ai aucun a priori contre lui. Le titre d’un de ses livres me le rendrait même plutôt sympathique, étant également repu de la haine anti-sarko dont se délectent mes amis de gauche. Ajouté à mon peu de goût pour le genre pamphlétaire, cela me fait deux bonnes raisons de ne pas procéder comme lui : deux paragraphes sur ma personne ou le peu qu’il en connaît, dont un pour me traiter d’idiot, avant d’en venir au fait. C’est dommage. S’il eut consacré plus de temps et d’énergie cérébrale à la lecture de mon texte, monsieur Rayski n’aurait pas commis le regrettable contre-sens sur quoi repose sa réponse.

Je réexplique donc ce qui était sans doute trop elliptique, je n'ose dire trop subtil. Atlantico me propose de réagir au décret lyonnais en le pitchant "l’État contre les Jeunes". J’accepte, mais dès les premières lignes de mon texte je me désolidarise de ce pitch. Peut-être faut-il reporter ici la première version de ce préambule, qui a été retouchée, avec mon accord un peu inquiet, par la rédaction sans doute soucieuse de conserver malgré tout son accroche spectaculaire :

« Soyons précis sur les enjeux. On me demande si "l’État est contre les Jeunes", à l’occasion d’une interdiction d’acheter de l’alcool après 22h pendant l’été. Or n’est concernée qu’une municipalité, la deuxième plus importante de France mais qui n’a pas exactement la dimension ou le pouvoir d’un Etat. De l’autre côté, est-ce que c’est aux "jeunes" que la municipalité lyonnaise s’en prend ? Plutôt à ceux d’entre eux, très minoritaires, qui auraient dans l’idée d’acheter de quoi picoler dans la nuit ». 

La version en ligne est à peine différente et ma précaution de départ y est déjà explicite – redoublée d’ailleurs par une parenthèse ironique un peu plus loin : « l’État contre les jeunes, quel pitch dantesque ».

Mais désormais, nous sommes sûrs que monsieur Rayski mesure sa boulette. Je m’accorde parfaitement avec lui pour penser que le mot « jeunes » configure une entité bien trop générale pour être pertinente, et qu’on gagne à la diviser comme je me suis employé à le faire avec Joy Sorman dans notre essai sur la question, auquel je me permets de renvoyer mon contradicteur. Il verra qu’il n’y est jamais écrit que nous aimons les jeunes, mais bien plutôt qu’un tel énoncé a aussi peu de sens que son contraire (à bas les jeunes).

C’est du reste pour cette raison que mon texte s’efforce de requalifier ce qui était pitché par Atlantico comme un affrontement État-jeunes, et de l’inclure dans l’invariant de l’affrontement entre les institutions, structurellement dépositaires de l’ordre, et les éléments de la plèbe qui produisent du désordre (sur un mode politique ou non). C’est à ce titre que je convoque une série d’exemples de pôles de désordres, tous très différents, mais entrant dans cette catégorie historico-sociologique. On peut être en désaccord avec ce récit, qui doit largement aux analyses d’un Foucault ou d’un Rancière ; du moins ne mérite-t-il ni sarcasme, ni insulte. Idéalement il appellerait une réponse argumentée propre à alimenter un débat courtois et fertile.

Monsieur Rayski ne semble pas dans cet état d’esprit. Il est dans son match. Il est dans gauche-droite (ou dans quelque autre casting de catch). Il s’imagine que je tais la couleur politique de la municipalité lyonnaise pour épargner ma famille idéologique. Alors qu’il va de soi, du moins le supposais-je, que les invariants dont je parle engagent indifféremment les pouvoirs de gauche et de droite. Un pouvoir, quel qu’il soit, a vocation à maintenir l’ordre. Comme je le précise aussi dans ce texte, « il n’y a pas à s’en indigner ». Il y a là comme une logique. Un fait de structure.

Mon texte ne veut qu’esquisser une analyse de la situation démographique et électorale qui permet/produit les décrets prohibitifs. J’invite monsieur Rayski à le lire aussi calmement que je l’ai écrit, et pourquoi pas à poursuivre le débat, ou plutôt à l’engager, car assurément sa première intervention n’était qu’un marquage de territoire, un haka.

> Le texte initial de François Bégaudeau : La France, pays de jeunes anti-vieux

La réponse de Benoît Rayski : Puéril Jeune

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