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Obama, chouchou des Européens
malgré un bien maigre bilan
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Obamania

La prochaine campagne présidentielle américaine s'annonce d'ores et déjà comme la plus coûteuse de l'histoire. Et l'Obamania devrait reprendre de plus belle, surtout en Europe. Mais le "charme" du président sortant et sa maîtrise de la communication suffiront-ils à camoufler son manque de résultats ?

Barack Obama détient une stature intellectuelle indéniable. Il s’exprime posément. Utilise un « body language » parfaitement cohérent avec le contenu du message. Et les adeptes de la programmation neuro-linguistique seront ravis d’observer le mouvement de ses yeux, absolument conforme à leurs théories : le président américain ne « ment » pas devant les caméras.

Il a gagné la bataille des primaires démocrates de manière assez loyale contre une politicienne chevronnée, puis, avec une prestance indéniable, la campagne présidentielle contre le gouverneur de l’Arizona, non moins chevronné.

En Europe, l’Obamania – terme en rapport avec un soutien quasi inconditionnel - a démarré très rapidement. Dès avant sa victoire.

Une fois au pouvoir, il n’a pas déçu ses fans en rompant radicalement avec la théorie du Choc des civilisations, celle de la « démocratie par la force » des néo-conservateurs, et celle de l’unilatéralisme en traitant les Européens avec certains égards et en offrant le verre de l’amitié aux musulmans.

L'extrême gauche française très conciliante

Si l’idolâtrie pour le "premier président noir" s’explique par les (longues) années Bush père et fils, il y a, dans ce comportement de midinettes, plus que de la simple admiration pour un homme remarquable.

D’abord, Barack Obama est « de gauche ». Bien entendu, ce positionnement n’a pas tout à fait la même acception de l’autre côté de l’Atlantique. Là-bas, les « libéraux » (centre-gauche) sont totalement acquis à l’économie de marché et ne lisent pas Karl Marx. En France, le programme fiscal d’Obama le situerait clairement à droite.

Bien qu’il incarne finalement cette fausse gauche qui pactise avec le grand Capital, Obama est toutefois curieusement épargné par la gauche de la gauche, de Jean-Luc Mélenchon à Olivier Besancenot. Ses déclarations d’intention écologistes, peu suivies d’effets concrets, tiennent cois les écologistes.

Ensuite, Obama est métis. Il n’est donc qu’à moitié impérialiste. De père kenyan, il est même à moitié « opprimé » puisque demi-africain. Il est par voie de conséquence lavé à 50 % des crimes de ses ancêtres blancs en matière de traite négrière et de génocide nord-amérindien.

En outre, les supputations (absurdes et infondées) sur sa foi musulmane lui donnent, en Europe, un petit « plus ». Qu’il ait pu envisager d’embrasser la « religion des pauvres » est loin d’être mal vu à l'Est de l'Atlantique. Et cette calomnie lui donne un coté Caliméro assez délicieux.

Il est aussi un peu moins religieux que la moyenne américaine. Il montre un semblant de laïcité en n’invoquant pas Dieu à tout bout de champ comme ce bigot de W. Bush.

Enfin, cerise sur le gâteau : il donne raison aux Européens sur plusieurs dossiers internationaux. Il reconnaît que l’Irak a été une erreur. Mieux encore : il s’amende en faisant mine de retirer pas à pas les troupes américaines d’Irak et en fermant officiellement Guantanamo. Le retrait plus timide de l’US Army sur le terrain afghan n’est pas grave puisque l’Europe était d’accord d’y aller (et c’est ça le plus important : suivre les injonctions de l’Europe, le continent le plus sage de la planète, seul à même de décider si une guerre est juste parce que meurtri par deux guerres mondiales).

A Obama, on pardonne tout

L’élimination de Ben Laden a pu décontenancer un court instant le fan club européen d’Obama. Le plus grand terroriste de tous les temps n’a pas eu droit à un procès. Il a été éliminé violemment d’une balle explosive dans la tête dans des conditions peu claires. Les Américains ont fait disparaître son corps dans l’océan après un simulacre d’observance rituelle. Obama a refusé de fournir des preuves photographiques préférant vendre à tous les tabloïds cette photo un peu ridicule de son équipe rapprochée suivant pas à pas le fil de l’opération pour démontrer que tout ceci a bien eu lieu. Comble de la gafffe : l’opération a été très maladroitement baptisée « Geronimo », du nom de ce célébrissime chef indien, symbole de la résistance des "native Americans".

 Bref : Georges W. Bush n’aurait pas fait mieux. Mais à Obama, on pardonne à peu près tout car il est le plus Européen des dirigeants américains. Le seul à avoir bouclé comme promis sa réforme « sociale » des soins de santé. Plus connue sous le nom d’ObamaCare, la réforme du président américain devait initialement réintégrer les 45 millions d’exclus de couverture santé mais se contentera finalement d'environ la moitié. Ultime concession aux Républicains, Obama a accepté des modalités différentes par Etat. Lors d'une réunion avec des gouverneurs à la Maison Blanche, Barack Obama a annoncé en effet qu'il laisserait la possibilité aux Etats de s'affranchir de la loi fédérale et d'adopter leur propre réforme, dès 2014 au lieu de 2017 comme le prévoyait sa réforme votée le 21 mars 2010. A condition que chaque Etat crée un plan qui couvre autant de gens que la Loi fédérale sans augmenter le déficit.

On a du mal à mettre quoi que ce soit d'important à l’actif de cet hypo-président - qu’on verrait plus en chancelier d’Allemagne ou en président de la Commission européenne qu’en président des Etats-Unis - à part de beaux discours et une politique globalement illisible ? Aucune importance : l’Obamania reprendra sans doute de plus belle à l’automne 2012.

Car tout vaut mieux que le Tea Party à la Maison-Blanche.

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