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Bal tragique au Conseil national des Républicains : à quand le premier mort ?
©Reuters

Conseil national tendu

Le thème de ce conseil national était le projet du parti. Aucun des candidats déjà déclarés à la Primaire ne veut se laisser corseter par un texte programmatique.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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On a tort de promettre des surprises quand on n'a rien dans sa besace. Nicolas Sarkozy en a fait l'expérience ce week-end à l'occasion du conseil national du parti LR (Les Républicains) qu'il préside jusqu'à nouvel ordre, car sa présidence va être contestée par les candidats à la primaire... Des surprises , il y en a eu quelques unes au cours de ces deux journées mais  elles n'étaient pas à son avantage. Dans l'ordre chronologique, la première  est le score étriqué obtenu par "son" candidat à la présidence du Conseil National du Parti. Luc Chatel a totalisé 55% des voix face à l'ancienne ministre Michèle Alliot-Marie, candidate inattendue de dernière minute. Rien de grave, mais c'était la  première alerte quant à  l'homogénéité du Parti où les Gaullistes, tout comme les libéraux ont relevé la tête, chaque campa à sa façon. Du côté des Gaullistes  le député  Henri Guaino, proche de Nicolas Sarkozy s'il en fut avant 2007 et pendant toute la durée de son mandat présidentiel, est venu littéralement "vider son sac" à la tribune. Il avait choisi comme angle d'attaque le refus de servir des repas de substitution à la cantine :" Ma famille politique, c’est celle qui trouve honteux qu’on ne propose pas un repas de substitution aux enfants dans les cantines", a-t-il déclaré, tandis qu'à l'opposé Nadine Morano a reproché à Nicolas Sarkozy d'avoir supprimé le ministère de l'Immigration. Mais ce n'étaient que des hors d'oeuvre.

Le thème de ce conseil national était le projet du parti. Aucun des candidats déjà déclarés à la Primaire ne veut se laisser corseter par un texte programmatique. François Fillon a rappelé sous les applaudissements "qu'une ligne politique est le résultat d'un projet pour la France, pas le fruit d'une synthèse hollandaise", tandis que Bruno Le Maire qui déclarera officiellement sa candidature le 23 février, expliquait  à l'envi dans les couloirs que "les choses sont très claires : le projet du prochain quinquennat sera celui de vainqueur de la primaire. Le candidat élu imposera sa ligne politique, sa méthode de travail. Sinon, ce n'est pas la peine de faire des primaires". Quant à Alain Juppé, au centre de tous les commentaires et de toutes les attaques  en creux  de la part des tenants de la ligne droitière, il n'a pas pris la parole, se contentant de participer au déjeuner et  de parfaire sa pratique du serrage  de mains intensif dans les allées. Le maire de Bordeaux  ne s'est pas attardé au Conseil National, pas plus que François Fillon. L'ancien Premier ministre construit sa candidature hors du Parti, avec la multiplication de Comités locaux implantés dans tout le pays. Il s'oppose à Nicolas Sarkozy sur les questions identitaires et engrange les soutiens. Le ralliement de Jean-Pierre Raffarin à sa candidature ne constitue peut-être pas une surprise en soi mais l'ancien Premier Ministre vient grossir les rangs de ceux qui ne supportent plus les discours droitiers de la direction de LR. A cet égard l'échange  entre Laurent Wauquiez  et Jean-Pierre Raffarin  qui se sont succédés à a tribune était révélateur. Le nouveau président de la région Rhône-Alpes-Auvergne , nouveau numéro deux de "Les Républicains" a été ovationné lorsque il a déclaré "La droite ne doit pas être une pâle copie de la gauche, les déficits en moins", il faut "des politiques qui ont une colonne vertébrale,...nous sommes de droite, nous n'avons pas à nous en excuser", avant d'ajouter : " Il y a un danger de délitement culturel et politique....Ce n'est pas à la France de s'adapter aux étrangers, c'est aux étrangers de s'adapter à la France". Tenant des "Humanistes" de LR, Jean-Pierre Raffarin qui lui succédait à la tribune a suggéré la création d'un Ministère de la Fraternité" pour Laurent Wauquiez, avant de rappeler plus gravement, et également sous les applaudissements,  que" la France , ce n'est pas seulement la haine de l'étranger", propos qu'il développera plus tard à BFM : , "je ne crois pas que c'est en copiant le Front National qu'on va faire diminuer le Front National", puisque tel est l'enjeu.

Le dimanche de Nicolas Sarkozy a encore été gâché par l'annonce de la candidature de Jean-François Copé à la primaire. L'ancien président de l'UMP, qui n'a pas été mis en examen dans l'affaire Bygmalion, veut s'appuyer sur les "soixante parlementaires" qui sont venus au lancement de son livre "le Sursaut Français". Il ne devrait pas avoir de problèmes pour réunir tous les parrainages nécessaires pour concourir à la primaire du mois de novembre.  En sera-t-il de même pour Nathalie Kosciusko-Morizet, Hervé Mariton, Frédéric Lefèbvre et Nadine Morano ? Certains prétendants vont-ils, comme aux Etats-Unis jeter l'éponge avant l'ouverture officielle de la campagne des primaires ? Quand Nicolas Sarkozy va-t-il se déclarer, s'il se déclare ? Certaines personnalités estiment que le président du Parti n'ira pas jusqu'au bout si les sondages en sa faveur ne remontent pas , car pour l'heure le succès de la vente de son livre ne se traduit pas par une remontée de sa popularité .Et puis pourra-t-il attendre le dernier moment pour déclarer officiellement sa candidature à la primaire et faire campagne en qualité de Président du parti avec les moyens du parti , alors que les autres prétendants font campagne avec l'argent recueilli des donateurs ? La question a été posée clairement par Jean-Pierre Raffarin qui joue les Saint-Jean Bouche d'or. La pression va s'amplifier au cours des semaines et elle risque de prendre le pas sur le débat sur le projet du parti. Hier Nicolas Sarkozy a martelé  qu'il "faut tout dire avant afin de tout faire après", devant une salle non seulement sceptique sur ce point,  mais clairsemée. C'était la dernière mauvaise surprise pour le patron de LR qui attendait beaucoup de monde pour son discours de clôture.    

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