Les baby-boomers vont mécaniquement - et durablement - faire chuter les bourses<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Les baby-boomers vont mécaniquement - et durablement - faire chuter les bourses
©

Krach (Baby) Boom

Les nombreux baby-boomers ont investi pendant leur vie active sur le marché action et porté les bourses au plus haut. Maintenant qu'ils se retirent et choisissent des investissements plus sûrs, leur retrait en masse pourrait expliquer la chute des bourses. Explications.

Pierre  Sabatier

Pierre Sabatier

Pierre Sabatier est stratégiste et président du cabinet de recherche PrimeView.

Voir la bio »

L’avenir ne s’annonce pas des plus radieux pour les marchés actions. L’étude qualitative (niveau d’épargne) et quantitative (nombre d’individus) des différentes classes d’âge permet de déterminer assez fidèlement l’allocation d’actifs, que ce soit les actions, les obligations ou l’immobilier. La population des 45-54 ans se caractérise ainsi par une faible aversion pour le risque : cette période de la vie, marquée par un niveau plus satisfaisant de revenus, par un sommet de consommation et par la disparition du besoin immobilier (premier achat autour de 31 ans et second autour de 41 ans), est parfaitement favorable aux actifs risqués et correspond ainsi à l’âge d’or pour les actions. Par conséquent, plus la catégorie des 45-54 ans est nombreuse, plus les marchés actions se portent bien, et inversement.

Au pays du Soleil Levant, l’effondrement démographique de la classe d’âge des 45-54 ans à partir des années 2000 a perpétué la baisse des marchés actions japonais après l’éclatement de la bulle à la fin des années 80. Le vieillissement de la population nippone, donne une idée de la trajectoire déclinante que pourraient emprunter les marchés actions dans un horizon à long terme. Au pays de l’Oncle Sam au contraire, la tranche d’âges des 45-54 ans a, grâce à l’apport des baby-boomers, quasiment doublé entre 1990 et aujourd’hui, expliquant en grande partie le formidable succès des actions aux Etats-Unis durant cette période. D’ailleurs, exception faite de la bulle sur les valeurs technologiques, on constate bien une corrélation très élevée entre l’indice boursier déflaté et la structure démographique des Etats-Unis (cf. graphique ci-dessous - Media Insider).


Cliquez ici pour agrandir

Les baby-boomers quittent la bourse et "désépargnent"

Or, la fin de l’hégémonie des 45-54 ans, qui ont porté l’économie et les marchés actions pendant 20 ans, est en route. En effet, ils atteignent actuellement un sommet outre-Atlantique (et dans une moindre mesure en Europe) et vont connaître dans la prochaine décennie une baisse significative à hauteur de -9.6% (-26.6% sur le Vieux Continent à horizon 2050) qui devrait précipiter inexorablement et durablement les marchés actions à la baisse.

Parallèlement, les baby-boomers se rapprochent massivement de l’âge de la retraite, période de la vie où les investisseurs deviennent averses au risque. La prochaine décennie verra exploser la tranche d’âge des 55-64 ans (+20.4% aux Etats-Unis, +11.5% en Europe), aux revenus élevés et aux dépenses en baisse, qui ont une appétence pour les actifs sans risque à revenus fixes, malgré un rendement proposé faible (1.3% pour les taux à 10 ans). Un arbitrage en faveur des obligations et au détriment des actions devrait ainsi s’opérer, à l’image de ce qu’a connu le Japon depuis 20 ans.

Dans le même temps, les baby-boomers vont être confrontés au phénomène de désépargne. Au-delà de 65 ans, leurs revenus s’amenuisant avec leur retraite, ils vont devoir vendre progressivement leurs actifs, en premier lieu desquels les actions. Cet afflux massif de nouveaux retraités (+111% aux Etats-Unis et +62.1% en Europe à horizon 2050) va également modifier l’épargne des plus jeunes générations. En effet, le vieillissement généralisé va entraîner une sérieuse détérioration du ratio retraités/actifs, qui va obliger les seconds à réduire leurs investissements risqués pour financer la fin de vie de leurs aînés… sans parler des craintes pour leur propre retraite, liées à la nécessaire transformation des modèles de société construits sur des populations structurellement plus jeunes. Là encore, les marchés actions vont se voir fortement pénalisés sur le long terme.


Ainsi, au regard du vieillissement et de l’endettement généralisés, qui ne manqueront pas de pénaliser le niveau d’épargne et d’accroître l’aversion pour le risque des populations, notre scénario central est celui d’un marché actions baissier sur longue période, avec une configuration en tôle ondulée à l’image de celle du Japon des années 2000.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !