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Au Théâtre : "Looking for Jaurès", de la joie pour tous
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De : Marie Sauvaneix et Patrick Bonnel Mise en scène : Marie Sauvaneix Avec : Patrick Bonnel

Anne-Claude  Ambroise-Rendu pour Culture-Tops

Anne-Claude Ambroise-Rendu pour Culture-Tops

Anne-Claude Ambroise-Rendu est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THÈME

Jean-Patrick, un comédien sur le retour, grognon et déprimé, se réveille d’un cauchemar dans lequel il ne parvenait pas à dire son texte ou était mal filmé. Il se fait un café en se plaignant puis se démène au téléphone avec Pôle Emploi pour essayer de sauver son intermittence. On ne veut pas de lui ou pas assez, sur les planches comme à la télé. 

C’est alors que, dans le délire qu’il développe survient un fantôme : celui de Jaurès, qui lui propose de faire un seul en scène !

Le dialogue s’engage et progressivement, le comédien se métamorphose pour incarner le fondateur du Parti Socialiste et du quotidien L’Humanité, le contempteur du capitalisme et le défenseur de la paixjusqu’à son assassinat le 31 juillet 1914, en passant par le magnifique discours à la jeunesse de 1903, qui tient lieu de final. 

POINTS FORTS

Patrick Bonnel joue à merveille de sa belle voix, alternativement douce et tonitruante, mais toujours exempte de prétention et qui donne toute sa profondeur à la judicieuse sélection d’extraits.

La mise en abîme du jeu théâtral est un bel écrin mettant en relief ce qui se joue dans la notion même de “représentation“.

Le dialogue qui oppose et réunit Jean-Patrick et Jean Jaurès est plein de fantaisie et de justesse, de drôlerie et d’une précision, ce qui ne peut que ravir les amateurs d’Histoire et d’histoires.

La mise en scène au millimètre, à l’aide d’une couverture, d’une chaise, d’une table, d’une malle et d’un escabeau, parvient à ressusciter l’immense orateur que fut Jaurès : vive le théâtre !

QUELQUES RÉSERVES

Aucune.

ENCORE UN MOT...

Cette recherche de Jaurès révèle que, né à Castres, benjamin de la Chambre des députés à vingt-six ans, où il siège à partir de 1885 aux côtés des Républicains « opportunistes », le tribun évolue vers le socialisme, se range – tardivement - du côté des dreyfusards, fonde la SFIO,  appuie avec force le projet de loi de séparation des Églises et de l’État, une « œuvre de sincérité » conçue pour limiter l’influence du clergé et garantir la liberté de pensée.

Jaurès se bat deux fois en duel, prend la défense des Arméniens massacrés par « une guerre d’extermination » et milite inlassablement contre les ravages du capitalisme  qui « entretient l’humanité à l’état de guerre », et plaide en faveur de la paix et de l’internationalisme, ce qui lui coûte la vie.

Mais pas seulement, car ce théâtre historique et politique en établissant un pont entre deux époques, apostrophe le monde d’aujourd’hui : la parole de Jaurès vibre avec la même intensité et la même actualité, qu’il s’agisse d’ironiser sur lesPrésidents de la République socialistes qui ont renoncé à combattre le capitalisme ou de démonter l’anarchisme profond d’un capitalisme qui ne contrôle en rien ce qu’il produit.

UNE PHRASE

Jean Patrick : « Le capitalisme ne veut pas la catastrophe écologique, mais il est trop anarchique pour l’empêcher.

[…] 

Jean Jaurès : « L’humanité est maudite si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la nuée de la Guerre, nuée terrible mais dormante dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. (…) Le courage, c’est d’être tout, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. (…) Le courage, c’est chercher la vérité et la dire, c’est ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » [Discours à la jeunesse, 1903].

L'AUTEUR

Marie Sauvaneix a expérimenté à peu près tout au théâtre : éclairagiste puis marionnettiste, elle a commencé sa vie d’actrice en jouant dans l’Avare de Molière. Depuis, elle a été assistante à la mise en scène, metteuse en scène, régisseuse de scène et autrice.

Elle a également travaillé avec Laurent Terzieff et Bertrand Blier, toujours au service du texte, qu’il s’agisse du sien ou de celui d’un autre. 

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