Attaque meurtrière sur le bal de Crépol : mettre un coup d’arrêt à la violence qui s’abat sur la France bien élevée serait pourtant possible. Et voilà comment<!-- --> | Atlantico.fr
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Gérald Darmanin a qualifié lundi d' « ignoble » et « inacceptable » le décès du jeune de 16 ans samedi soir, ajoutant : « cela s'appelle l'ensauvagement »
Gérald Darmanin a qualifié lundi d' « ignoble » et « inacceptable » le décès du jeune de 16 ans samedi soir, ajoutant : « cela s'appelle l'ensauvagement »
©HANS LUCAS / AFP

Violence

Une fête de village a viré au drame dans la nuit de samedi à dimanche à Crépol, dans la Drôme. Un groupe d'individus a fait irruption dans la salle des fêtes du village avant de s'en prendre à plusieurs personnes à l'aide d'une arme blanche. Bilan : un mort et plusieurs blessés.

Arnaud Lachaize

Arnaud Lachaize

Arnaud Lachaize est universitaire, juriste et historien. 

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Pierre-Marie Sève

Pierre-Marie Sève

Pierre-Marie Sève est délégué général de l'Institut pour la Justice. 

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Matthieu Valet

Matthieu Valet

Matthieu Valet est commissaire de police et secrétaire national adjoint du Syndicat Indépendant Commissaires Police.

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Atlantico : "Une bande est venue pour tuer des gens" selon la maire de Crepol, sous le choc, après l'attaque meurtrière sur 300 à 400 personnes qui participaient au bal de la commune. 1 jeune de 16 ans est mort. 17 personnes ont été blessées. Les agresseurs sont en fuite, activement recherchés. Cette affaire est-elle représentative de la situation actuelle ?

Arnaud Lachaize : On attend d’en savoir plus pour pouvoir se prononcer de manière certaine mais selon les témoignages, les agresseurs serait une « bande des cités » venue d’un territoire urbain. Encore une fois, sous réserve des premières conclusions de l’enquête, il semble que l’on soit en face d’une agression de la France « des cités » contre la France d’origine européenne. On voit à l’œuvre la terrifiante prédiction de l’ancien ministre de l’Intérieur du premier gouvernement de l’ère Macron, Gérard Colomb en 2018 : « Je suis allé dans tous ces quartiers. (...) Le terme de reconquête républicaine y prend tout son sens […] Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain on puisse vivre face-à-face ». Demain, nous y sommes. 

L’actualité française regorge de drames de ce type lié à des agressions d’une extrême violence commises par des personnes issues de l’immigration du Maghreb ou d’Afrique contre des « petits blancs ». Le 15 mars 2005, le journal le Monde avait fait une tentative de briser le tabou en titrant en première page : « Le spectre des violences anti-blancs ». Et puis la chape de silence était aussitôt retombée sur le sujet. Aujourd’hui, il n’y a pas une journée en France sans ce genre d’agression toujours traumatisantes, souvent mortelle. La France d’en haut, notamment le monde politique fait tout pour cacher la réalité. On se souvient de l’actuel ministre de l’Intérieur, le 29 mai dernier qui accusait des supporters anglais des exactions violentes, y compris sexuelles, commises par des bandes des quartiers à Saint Denis à l’occasion de la finale de la Ligue des Champions. Alors oui, cette nouvelle tragédie particulièrement traumatisante, parce qu’elle touche un minuscule village du monde rural de 500 habitants, est hélas parfaitement représentative des malheurs de la France contemporaine et de leur généralisation sur tout le territoire et pas seulement les quartiers sensibles. 

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Pierre-Marie Sève : Il est d'abord important de noter qu'il est encore tôt après l'affaire et que certains éléments dont le public dispose peuvent encore évoluer.
En revanche, selon les premières pistes dont nous disposons, il semblerait que cette affaire soit bien représentative de la situation actuelle sur un sujet principal : l'extension de la maré délinquante et criminelle à tout le pays.
Certes, Thomas, la victime (car il n'y en a qu'une seule décédée pour le moment), ainsi que les tueurs, sont venus de Romans-sur-Isère, une commune de 35 000 habitants. Mais l'attaque a eu lieu dans un village entouré de champs et de collines. 
Cela fait également écho aux hausses de criminalité dans les campagnes depuis quelques années. Selon une note du SSMSI, la criminalité augmente plus vite en zone gendarmerie qu'en zone police. Le trafic de drogue également, inséparablement lié à la délinquance, touche désormais toute la France. Pas un département n'est épargné.
Comment cela se fait-il que la France des champs connaisse une telle violence ? L'explication est simple : la loi SRU. Cette loi, votée en décembre 2000, contient un article qui impose à la quasi-totalité des communes de plus de 3500 habitants de construire 20% de HLM parmi les logements en tant que résidence principale. Le nombre de communes de plus de 3500 habitants étant évidemment immense, la France entière est recouverte de communes contenant un large nombre de logements sociaux.
L'ancien préfet Michel AUbouin l'explique parfaitement bien dans son ouvrage "40 ans dans les cités" : les cités HLM se sont vidées de leurs occupants autochtones, et se sont transformés au fur et à mesure d'une part de lieu d'hébergement temporaire pour les immigrés les plus récents et d'autre part de haut-lieu du trafic de drogue. Cette transformation, déjà complétée dans les cités HLM les plus anciennes comme Dreux, Blois, ou les régions parisienne et lyonnaise, se répand progressivement au reste du pays. 

Matthieu Valet : Les violences aujourd'hui aux personnes, c'est vraiment le premier feu de notre société. Il y a trois sujets, si on veut reprendre notre territoire. 

- Les violences entre les bandes :

Il y a aujourd'hui des conflits territoriaux ou des conflits de bandes sur les réseaux sociaux qui sont à nouveau en recrudescence. Que ce soit des bandes liées à des territoires (des bandes entre quartiers qui s'affrontent) ou des bandes sur les réseaux sociaux qui s'identifient à une appartenance de groupe ; ils font des exactions violentes ou des expéditions punitives pour marquer leur superpuissance et leur fait d'armes sur les réseaux sociaux. 

- Les trafic de stupéfiants. Il n'y a plus aucun territoire qui est épargné : 

Les trafics de stupéfiants, les braquages, les attentats aux personnes, les harcèlements de rue, les agressions dans les transports, tout ça, c'était considéré avant comme le monopole des métropoles et des grandes agglomérations ou des grands ensembles (les cités). Aujourd'hui, on a une exportation de la violence dans les territoires périurbains ou ruraux, qui sont d'ailleurs souvent en zone gendarmeries

-L’individualisation qui est exacerbée. On a eu l'individu roi et maintenant l'enfant roi : 

Aujourd'hui, tout est judiciarisé et l'individu prime sur le collectif et sur tout le système. A force d'expliquer que l'individu avait des droits avant des devoirs, qu’il pouvait judiciariser tout ce qui ne lui semblait pas normal, des problèmes de crèche à ceux de l'école ou dans sa vie personnelle ; c’est la frustration qui succède aujourd’hui à l’individualisation. Le cocktail des deux fait un très mauvais mélange. Pour un regard mal croisé, on prend un coup de couteau. Pour un mot mal placé, on prend un coup de cutter. Aujourd'hui, les voyous ne laissent plus rien passer. On a une violence des mineurs qui est de plus en plus forte et de plus en plus jeune. 

Qui se cache derrière ces drames ? Qui sont ces gens qui pourrissent la vie des autres au quotidien ? 

Matthieu Valet : La majeure partie de ceux qui pourrissent la vie des gens bien élevés, ce sont des mineurs. Des mineurs des quartiers populaires, dans les grands ensembles des cités. En zone rurale, on a essentiellement une délinquance de cambriolage, une délinquance liée aussi parfois aux agriculteurs (leurs champs qui sont saccagés ou leurs outils de travail qui sont volés)

Aujourd’hui, la majorité des interpellés viennent des grands ensembles des cités d’où une partie de la population est issue de l’immigration, c’est-à-dire de nationalité étrangère. Dans la plupart des villes, y compris de province, nous avons une sur-représentation des délinquants étrangers. Quand on le dit, on est taxé de raciste alors que nous sommes sur de la documentation de profil. Voilà pourquoi nous sommes pour les statistiques ethniques. 

Pierre-Marie Sève : Comme je vous l'ai dit, une part essentielle de la criminalité a un visage : celui d'une jeunesse d'origine immigrée, désocialisée et ayant déjà eu affaire à la Justice. 
Sur la jeunesse, ce n'est pas en soi une nouveauté. La tranche d'âge autour de 18 ans a toujours été la tranche la plus criminogène des criminels. Mais l'augmentation de l'intensité est significative. Depuis 20 ans, la délinquance des mineurs est d'abord plus nombreuse (2132 000 mis en cause en 2000 contre 217 000 en 2017). Elle a également connu une forte hausse en termes de gravité (le nombre de tentatives d'homicide par des mineurs par exemple a explosé de 144% entre 1996 et 2020, ou encore cette hausse de 124% des coups et blessures volontaires). La violence augmente dans notre société, et elle augmente surtout dans la jeunesse.
Ensuite, plus personne n'est aujourd'hui assez déconnecté pour nier encore l'existence d'un lien entre immigration et délinquance. Les étrangers sont surreprésentés dans tous les crimes et délits du code pénal. Et à travers l'Europe, toutes les statistiques criminelles démontrent une surreprésentation encore plus forte des descendants d'immigrés.

Arnaud Lachaize : Ce sont largement les mêmes milieux que ceux qui ont participé aux émeutes et aux destructions de juin-juillet derniers : des jeunes de sexe masculins, âgés de moins de 25 ans, souvent des mineurs, nés en France de parents ou grands-parents issus de l’immigration du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, non éduqués par leurs parents, souvent de famille monoparentale (sans père) ayant grandi dans la rue au contact des trafics de drogue, ayant déserté l’école et formatés par la violence, la délinquance, la haine de la police, de la France et des Français et qui font régner un climat de terreur en milieu urbain et désormais dans tout le pays y compris dans les petites villes et le monde rural. Ces personnes grandissent dans un climat de haine et de frustration qui débouche sur le désir de tuer. 

De fait, on est à la confluence de la délinquance urbaine et du terrorisme. Le message est le même que celui des tueurs du Bataclan ou de Nice, à moindre échelle : massacrer du Français, du petit blanc, lui faire payer tout notre mal-être, notre frustration, surtout s’il fait la fête et semble heureux. On n'est plus dans une affaire de rixe entre bandes ou de fait divers crapuleux mais dans une logique de terreur quotidienne, de volonté de faire mal et tuer. Dans l’affaire de Crépol, on peut même soupçonner un phénomène de mimétisme avec le terrorisme islamiste et le pogrom du 7 octobre commis par le Hamas. 

Voilà ce que nous élites dirigeantes refusent absolument de voir et d’admettre, à l’exception de M. Colomb en quittant le ministère de l’Intérieur. Il faut comprendre l’idéologie dominante qui gouverne les esprits de la France dirigeante : la repentance, la haine de soi qui débouche sur le multiculturalisme. Les élites, politiques, judiciaires, médiatiques, baignent dans la mauvaise conscience post coloniale. Dès lors, le descendant du colonisé bénéficie de la présomption d’innocence. Comme le voulait Sartre dans sa préface de l’ouvrage de Franz Fanon, les Damnés de la terre, tuer un Européen, un blanc, c’est éliminer un oppresseur. Eh bien les choses n'ont pas vraiment changé. Quand un « jeune des cités » meurt à la suite d’une bavure policière après avoir forcé un barrage ou tenter de fuir un contrôle, les plus hautes autorités de l’Etat lui rendent hommage, le Parlement se lève et fait une minute de silence, etc. Quand un « petit blanc » est massacré à l’arme blanche sans raison autre que la rage par une bande des cités, il ne se passe rien : pas un communiqué présidentiel, pas une déclaration ministérielle, pas un mot au Parlement : silence. Tout le monde s’en moque. 

Comment mettre un coup d'arrêt à la violence qui s'abat sur la France ? Que faut-il vraiment faire ? 

Pierre-Marie Sève : Malgré leur grande diversité, la plupart des problèmes de criminalité et de délinquance ont des solutions simples. Premièrement, il est strictement impossible de vouloir réduire la délinquance tant que les vannes de l'immigration ne sont pas solidement fermées. Et deuxièmement, une très sérieuse et très ferme reprise en main de la Justice s'impose. Tant que celle-ci s'acharnera à être impitoyables d'une part, avec les citoyens sans casier qui tirent sur un cambrioleur de nuit, et, d'autre part, à faire preuve d'une mansuétude suspecte avec les voyous multirécidivistes et archi-connus de ses services, la Justice ne pourra prétendre ni être au service du peuple français, ni recouvrer la perte de légitimité dont elle souffre.

Arnaud Lachaize : Personne ne détient de solution miracle. La responsabilité est celle des dirigeants politiques depuis un demi-siècle qui ont laissé s’installer le chaos en France au nom du culte de la société multiculturelle, de l’ouverture des frontières et de la repentance post-coloniale. Personne ne dispose d’une baguette magique et pas plus ceux qui se nourrissent du malheur collectif en font leurs choux gras n’offrent une once de solution. Il faudrait d’abord que les élites dirigeantes du pays commencent à ouvrir les yeux et à tenir un discours de vérité. Il ne suffit pas de se contorsionner en dénonçant l’ensauvagement ou la dé-civilisation. Tellement facile. Il faut cesser le déni et le mensonge et poser un constat ferme et clair : le chaos actuel est le fruit des mouvements de populations massifs qui ont suivi la décolonisation, se poursuivent aujourd’hui et de l’échec dramatique de la société multiculturelle que la droite comme la gauche ont célébré depuis 30 ans, avec son dernier avatar, le prétendu « vivre ensemble »

Une révolution copernicienne de la politique est désormais impérieuse si nous voulons éviter que les ruisseaux de sang se transforment en fleuves et que la France bascule, à l’horizon de quelques années, dans la guerre civile dramatique. Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités pour mettre fin à l’impunité et à la culture de l’excuse dont bénéficient les petits bourreaux de quartier. Il est invraisemblable que dans le climat actuel, les peines planchers qui prévoyaient, de 2007 à 2012, des peines automatiques pour les récidivistes aient été abrogées et non rétablies et élargies aux violences contre les personnes et aux infractions sexuelles. On en parle mais personne n’a jamais osé franchir le pas : dans le climat actuel, l’excuse de minorité, pour les violences contre les personnes, les meurtres, les viols, n’a plus aucune raison d’être. Il faut une lâcheté collective inouïe pour que jamais personne n’ait eu le courage de mettre fin à cette aberration. Enfin, aujourd’hui le port d’un couteau n’est même pas systématiquement sanctionné par le code pénal. Il faut prévoir de très lourdes peines de prison pour le port d’un couteau : cela fera réfléchir certains. Et puis, sur le long terme, il faut repenser entièrement la politique migratoire de la France et de l’Europe dans le sens de la fermeté mais hélas, tout en donnant des coups de menton virils, les politiciens à la tête du pays ne cessent de faire le contraire et d’ouvrir toujours davantage comme on le voit dans le débat actuel sur la régularisation « de plein droit » des métiers en tension. 

Matthieu Valet :

- Des peines minimales :

Dès la première infraction, on va en prison. Même pour une courte durée. La première sanction pénale doit être rapide et immédiate. Elle doit être palpable tout de suite. Dès la première présentation en juge, il faut une sanction et une incarcération. Même pour quelques jours.

Dans les pays nordiques, on a vu que la délinquance avait dévissé parce qu'il y avait une certitude non seulement d'être condamné à l'issue d'interpellation, mais en plus d'être incarcéré et d'exécuter sa peine dans la foulée.

- Des peines planchers :

Nous sommes face à des gens qui ne comprennent pas ou qui ne veulent pas comprendre. L’idée c’est de dire que pour les récidivistes ou les multirécidivistes, il y a une peine plancher en dessous de laquelle le magistrat ne pourra pas aller. 

 - Revoir la responsabilité pénale des mineurs : 

Aujourd’hui, la responsabilité pénale des mineurs est fixée à 13 ans. Il y a une retenue judiciaire qui peut être formulée qui, à partir de 16 ans, se transforme en garde à vue. La retenue judiciaire dès 13 ans, c'est deux fois au maximum 12 heures. C'est très restrictif. Il faudrait baisser cette majorité pénale à 10 ans parce qu’on a beaucoup de mineurs délinquants. D’après un rapport du sénat, les mineurs représentaient, en 2021, 20% de l’ensemble des mis en cause pour trafic contre 6% de la population nationale. Il y a 5% aujourd'hui des multirécidivistes, donc 5% de délinquants chevronnés, qui représentent 50% de la délinquance en France. Il faut une vraie réforme de la justice des mineurs

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