Après la malédiction de Matignon, la malédiction de l’Elysée ? Ce match Fillon-Valls qui pourrait remplacer le remake attendu Hollande-Sarkozy<!-- --> | Atlantico.fr
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La stratégie de Nicolas Sarkozy ressemble finalement à ce qu'avait fait Martine Aubry avec François Hollande, lorsqu'elle lui reprochait d'être un peu flou… Par ailleurs, Alain Juppé est un peu immobile dans sa campagne.
La stratégie de Nicolas Sarkozy ressemble finalement à ce qu'avait fait Martine Aubry avec François Hollande, lorsqu'elle lui reprochait d'être un peu flou… Par ailleurs, Alain Juppé est un peu immobile dans sa campagne.
©Thomas SAMSON / AFP

Versus inattendu

Plusieurs sondages corroborent la montée fulgurante de François Fillon, à quelques jours du premier tour des primaires de la droite. Une remontée facilitée par Nicolas Sarkozy, qui se fait au détriment des deux favoris de la primaire, dans un contexte de chute du président sortant. De quoi nourrir les hypothèses d'un match de Premiers ministres plutôt que de présidents de la République.

Jérôme Sainte-Marie

Jérôme Sainte-Marie

Jérôme Sainte-Marie est président de la société d'enquête et de conseils PollingVox.

 

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Atlantico : Un sondage OpinionWay pour Atlantico publié mardi 15 novembre montrait que la remontée de François Fillon dans les intentions de vote s'était beaucoup nourrie de la défection des électeurs d'Alain Juppé. Si le maire de Bordeaux pouvait compter sur le sentiment d'anti-sarkozysme pour capitaliser des voix, l'électorat nouvellement acquis de François Fillon répond-il aux mêmes motivations ? Dans quelle mesure cet électorat est-il un électorat d'adhésion aux idées de François Fillon plus que du rejet d'une personnalité ?

Jérôme Sainte Marie : Il existe 3 motivations essentielles dans le vote pour Alain Juppé : premièrement le fait de garantir la qualification de la droite, probablement face à Marine Le Pen, et donc de garantir la victoire au second tour. Deuxièmement, ces électeurs adhèrent au contenu très fortement anti-sarkozyste d'Alain Juppé, et souhaitent qu'il évince Nicolas Sarkozy de la primaire, du parti Les Républicains, voire de la vie politique française. Cette motivation concerne une bonne partie de ses électeurs, et notamment les sympathisants de gauche qui ont l'intention de se déplacer dimanche prochain. Troisième moteur du vote Juppé dans cette primaire, l'acquiescement à la stratégie politique et sociale du maire de Bordeaux qui consiste à fédérer le plus largement possible dans le but de regrouper la masse politique nécessaire pour mettre en œuvre les réformes que les électeurs de la primaire attendent impatiemment. 

Dans n'importe quel vote, il y a une part de rejet et une part d'adhésion. Il est très difficile de les distinguer. Combien de personnes votent pour Marine Le Pen par rejet de la classe politique, combien d'autres votent pour son projet ? Le rejet se trouve un peu dans tous les partis : l'offre politique est contenue dans un espace concurrentiel fini, et donc les candidats suscitent toujours du rejet de la part d'une partie de l'électorat.

Ce que je vois en revanche, c'est que les attaques de Nicolas Sarkozy contre Alain Juppé ont porté (même si malheureusement pour lui, c'est au bénéfice de son ancien Premier ministre). Car quand on y pense, François Fillon incarne l'exact contraire d'Alain Juppé. Le portrait en creux que dessinaient les attaques de Nicolas Sarkozy sur l'ambigüité de ses positions et de son programme ont pu porter atteinte à son image. 

La stratégie de Nicolas Sarkozy ressemble finalement à ce qu'avait fait Martine Aubry avec François Hollande, lorsqu'elle lui reprochait d'être un peu flou… Par ailleurs, Alain Juppé est un peu immobile dans sa campagne. Il a voulu afficher sa stabilité, mais celle-ci est assez éloignée du centre de gravité de la droite. Son idée d'identité heureuse n'était pas idiote, en tout cas il avait le droit de le penser. Cela a d'ailleurs montré qu'il n'était pas mené par les sondages ou par le contexte terroriste. Mais dans le même temps il ne répond pas à la large demande de fermeté que l'on retrouve chez les électeurs de droite.

Que cherche donc cet électorat chez François Fillon qu'il ne retrouvait pas chez Alain Juppé ?

Soyons raisonnable, les programmes des candidats à la primaire se ressemblent beaucoup. Certains décrivent des droites très différentes entre elles. Mais si c'était le cas, il n'y aurait pas de revirements aussi importants de l'électorat d'un candidat à un autre, les vases communiqueraient beaucoup moins.

La candidature de François Fillon, elle, donne une impression de constance, de densité. Sur le fond elle est très dure, et elle ne bouge pas. De plus, n'oublions pas que l'électorat de droite compte beaucoup sur les réformes à mener, notamment en matière économique et sociale, et qu'Alain Juppé est aussi associé à la réforme avortée des retraites en 1995. 

Une image de fermeté et de constance chez François Fillon donc. Et si les électeurs ne trouvent pas la première chez le maire de Bordeaux, ils ne retrouvent pas non plus la seconde chez Nicolas Sarkozy. Souvenons-nous par ailleurs que François Fillon avait réussi à finir le quinquennat de Nicolas Sarkozy très haut dans les enquêtes de popularité. Après l'enfer de Matignon, c'est peut-être la revanche de Matignon qui s'annonce car il y a peu, on projetait un match Hollande-Sarkozy à l'élection présidentielle, alors que ce qui se dessine, c'est peut-être plutôt un match Fillon-Valls…

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