Après la flambée des prix du chocolat, celle de la vanille<!-- --> | Atlantico.fr
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Les approvisionnements en matière de chocolat et de vanille sont de plus en plus perturbés.
Les approvisionnements en matière de chocolat et de vanille sont de plus en plus perturbés.
©TONY KARUMBA / AFP

Fluctuations de marché

La crise actuelle est avant tout une crise de marché, accentuée par des conditions climatiques désastreuses et par la spéculation.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Atlantico : Les approvisionnements en matière de chocolat et de vanille sont de plus en plus perturbés. Faut-il craindre une pénurie de ces produits ? Quel pourrait être l’impact sur leur prix de vente en France notamment ?

Michel Ruimy: Récemment le prix de la tonne de cacao, à partir duquel est fabriqué le chocolat, a franchi le seuil de 10 000 USD alors qu’il se négociait autour de 2 400 USD en 2022. Aujourd’hui, une tonne de cacao coûte désormais aussi chère qu’une tonne de cuivre !

Cette hausse s’explique par les conditions météorologiques de ces dernières semaines, notamment en lien avec le phénomène El Nino, qui ont touché l’ouest de l’Afrique, principale région de culture des fèves du cacaoyer (40% de la production mondiale). De fortes précipitations ont causé des maladies sur les cacaoyers tandis que la sécheresse dans d’autres parties d’Afrique de l’ouest ont empêché les arbres de fournir assez de cabosses. Ceci a affaiblit encore plus la récolte. Dans le même temps, la principale région productrice de vanille de Madagascar a été frappée par le cyclone Gamane, dont les pluies et les vents violents ont inondé les champs et arraché les gousses de vanille de leurs vignes.

Cette situation suscite de fortes craintes quant à l’approvisionnement de ces produits dans le monde. Elle risque de peser sur les stocks et sur les prix. Pour les consommateurs, les conséquences seront directes avec vraisemblablement une hausse tarifaire, dans un contexte économique déjà tendu par l’inflation.

Pour l’heure, explique Bloomberg, la hausse des prix de la vanille demeure relativement modérée. Comment l’expliquer ? Faut-il s’attendre à une forte hausse plus soudaine dans les jours, les semaines ou les mois à venir ?

Même, si au plan international, elle est concurrencée par des pays comme l’Ouganda ou l’Indonésie, et par la vanille de synthèse, Madagascar est le premier producteur mondial de vanille (80%). Au cours de ces dernières années, sa production a connu une vive augmentation.

Dans un contexte de production soutenue, le prix plancher à l’exportation et le prix minimum d’achat de la vanille verte, établis par le gouvernement afin de protéger les producteurs et les exportateurs des fluctuations du marché, ont été supprimés en 2023 (ils ne correspondaient pas aux réalités du marché et ne tenaient pas compte des différents grades de vanille) et la soudaine libéralisation du marché a conduit les agriculteurs à vendre leur vanille verte à prix cassé, faute d’alternative, du fait d’une offre pléthorique.

La crise actuelle est davantage une crise de marché, accentuée par des conditions climatiques désastreuses et par la spéculation. Par ailleurs, la qualité de la vanille peut varier considérablement, ce qui affecte son prix. Aujourd’hui, une part importante de la production est de qualité inférieure, ce qui limite la hausse des prix.

Dans quelle mesure le consommateur peut-il se préserver de ces phénomènes économiques ?

Le consommateur, en privilégiant un comportement de consommation plus responsable et approprié, peut s’adapter aux fluctuations du prix de ces produits sans pour autant se priver de ces délicieuses saveurs.

Ceci peut passer par une diversification des choix en termes d’origine, de teneur en cacao, mais aussi opter pour des substituts : pour le chocolat, caroube et, pour la vanille, la fève de tonka, l’héliotrope, la cardamone, pour des recettes et desserts moins consommatrices de chocolat ou de vanille et enfin, réduire sa consommation ce qui peut contribuer à réduire la pression sur les ressources.

D’autres produits de grande consommation sont-ils également menacés ? Lesquels ?

2024 sera marquée par deux phénomènes aux conséquences diverses : El Niño régresserait au premier semestre tandis que La Niña se rapprocherait au cours du second semestre. Dès lors, il convient d’en mesurer les impacts sur les plus gros producteurs pour bien saisir les enjeux.

Ainsi, peut-on craindre une baisse des rendements de la canne à sucre, du soja, du café et de l’orange produits par le Brésil, premier producteur de ces produits indispensables du quotidien. L’Inde devrait être aussi impacté, ce qui devrait peser sur sa production de riz, de blé et de canne à sucre. Pour l’Indonésie, le phénomène El Nino devrait provoquer une baisse de la production d’huile de palme et de riz tandis que les marchés australiens d’orge et de colza seraient touchés.

En adoptant une consommation plus responsable, et en étant attentif aux tendances du marché, il est possible de limiter l’impact de la hausse des prix sur les produits de grande consommation.

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