Après 2023, l’Allemagne devrait encore être en récession en 2024 et ça ne sera pas sans impact pour la France<!-- --> | Atlantico.fr
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Olaf Scholz, chancelier allemand.
Olaf Scholz, chancelier allemand.
©JOHN THYS / PISCINE / AFP

Alerte rouge

Les chiffres de 2023, concernant l'Allemagne, sont clairs et univoques : le pays est bel et bien en récession. Et ceci aura un impact sur la France en 2024.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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Après avoir subi un repli annuel de -0,3% en 2023, plusieurs instituts de conjoncture tablent sur une récession de -0,5% pour 2024 en Allemagne.

Rappelons que le Gouvernement fédéral envisage un repli de -0,4% tandis que la crise du modèle industriel perdure voire s'intensifie pour qui songe à la locomotive sectorielle que fût la construction automobile.

L'Allemagne connaît donc un volet conjoncturel ( guerre en Ukraine, tensions énergétiques et recours désolant au charbon ) mais aussi un volet structurel. La nouvelle D.I.T ( Division internationale du Travail ) lui impose une concurrence chinoise et asiatique que ses coûts internes transforment en sérieux inconvénients.

Le pays a des atouts mais il doit reconfigurer de larges pans de son potentiel productif.

Comme nous le savons, à la lumière de faits passés avérés (et non de prévisions par essence aléatoires), quand l'Allemagne s'enrhume elle exporte son plateau conjoncturel négatif vers la France qui a précisément son voisin d'Outre-Rhin comme premier partenaire commercial.

Notre réindustrialisation semble bien partie mais s'inscrit dans des volumes limités ( chiffre d'affaires, effectifs, nombre de sites ) et notre appareil bancaire vient de publier des prévisions d'activité et de marges aussitôt sanctionnées par les marchés ( voir cours SG et BNP, par exemple ).

Il suffit de lire le résumé de l'analyse d'Olivier Redoulès (Rexecode) dans une note du 31 Janvier courant.

" Après son record en 2022, le déficit commercial de la France s'est réduit en 2023, en partie grâce à la baisse du coût de l'énergie. Pour autant, il reste plus élevé qu'en 2019, d'abord parce que l'énergie importée reste plus chère, et surtout, parce que la France n'a pas regagné les parts de marché perdues. La compétitivité-prix des produits français reste affaiblie et la compétitivité hors-prix insuffisante malgré une qualité reconnue. L’attractivité de la France comme site de production semble plafonner en 2023 après une bonne année 2022. "

Attractivité relative et commerce extérieur toujours dégradé ne sont pas des atouts pour notre pays.

Au plan de l'activité, bien des écrits divergent sur l'anticipation de notre croissance. Pour ma part, je considère que nous allons subir une phase de stagflation. Autrement dit, la simultanéité d'une croissance annuelle atone (1% ) voire négative (-0,6%) et d'un maintien significatif de la hausse des prix.

Trop d'experts sous-estiment l'inflation géopolitique et l'influence tant russe qu'iranienne :  prix du Brent qui sera au-dessus de 80$, troubles en mer Rouge et surcoûts du prix du fret maritime.

L'inflation dans le bâtiment et la construction demeurent une réalité tout autant que les hausses des prix alimentaires.

Le secteur du bois de construction et les prévisions de Saint-Gobain sont des faits que d'aucuns ne veulent pas entendre alors même que la hausse des taux d'intérêt, dans le secteur du logement, n'est pas encore contenue.

En matière d'inflation, beaucoup sont heureux de voir des taux à 2% en oubliant que nous sortons de trois années de sévère punition et que " les prix d'avant " ne sont pas près de revenir.

Sauf à concevoir une déflation liée à une vive récession qui aurait un double impact : la trajectoire des Finances publiques et la courbe du chômage.

Deux points dont les observateurs ont déjà inscrits au menu amer de 2024 tant le dernier trimestre 2023 a enregistré un repli de près de 10 milliards de recettes fiscales ( moindres " rentrées " de TVA et d'IS ) et un tassement de notre route vers le plein-emploi : variable chère au Gouvernement.

En conclusion, il demeure une inconnue. L'impact des Jeux Olympiques sur l'activité et les budgets publics " clairs et sincères ".

Si celui-ci est très favorable, notre risque de récession se tassera. S'il est tangent, nombre de financeurs privés et publics boiront la tasse et seront tentés par des opérations de mark-up donc par une inflation de rattrapage que l'on détecte d'ores et déjà dans le secteur du logement ( envolée des prix dans les villes-hôtes ).

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