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Que serait-il possible de faire pour éviter le scénario du pire sur le plan économique et pour sauver la croissance ?
Que serait-il possible de faire pour éviter le scénario du pire sur le plan économique et pour sauver la croissance ?
©AFP

Solutions idoines

Il existe bien quelques mesures qui pourraient éviter la catastrophe économique en 2023.

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l'Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.

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Atlantico : Alors que le gouvernement se félicite des bons chiffres de l’économie, vante de bonnes perspectives d’emploi et se veut rassurant au sujet de l’inflation, qu’en est-il vraiment ? 

Don Diego de la Vega : Il y a plus d’emplois qu’il y a deux ans et demi mais le PIB a légèrement reculé. Quelle conclusion en tirer ? La productivité apparente du travail a baissé. Il n’y a donc pas de déferlement technologique ou de nouvelle ère. À l’inverse, on assiste à une rétention de main d'œuvre, l’économie est sur-administrée et le télétravail est plus « télé » que « travail ». On ne peut pas faire d’analyse très précise de cette économie car elle est trop administrée. Ce qui est certain, c’est que l’État doit assumer une explosion de son endettement, mais également celui du secteur privé qui est très inquiétant.

Dans ce pays ou les gains de productivité sont inexistants, ou les comptes publics et privés sont en désordre et que les bilans cachent des hors-bilan monstrueux, il faudrait plus s’inquiéter que se féliciter. De plus, la France est souvent la dernière à entrer en récession, il faut donc s’attendre à un mauvais hiver qui sera suivi par une absence totale de croissance nominale et réelle en 2023/2024. Malgré tout, ce scénario est encore évitable. 

Que serait-il possible de faire pour éviter le scénario du pire ? 

D’un point de vue budgétaire et monétaire, nous sommes pieds et poings liés. Dès lors, lorsque l’hiver arrivera, la France risque d’être prise au dépourvu. 

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Sachant qu’il n’y aura pas de croissance ou presque, il faut déjà arrêter de se tirer des balles dans le pied. Il faut prier « Sainte Christine » Lagarde pour qu’il n’y ait pas trop de hausse de taux. Il faut également repenser certaines dépenses, dites « clientélistes ». On pourrait éviter de donner trop d’armes aux ukrainiens, de faire des cadeaux au lobby LGBT … Autre exemple, on n’a pas d’argent mais on donne 7 milliard pour développer la filière de l’hydrogène … 

Deuxièmement, on pourrait sanctionner les sous-profits, donc les pertes des administrations publiques et des entreprises reliées à l’État. Tous les problèmes de la France sont liés à des entreprises comme EDF, la SNCF, Orpea, Air France, Atos, ADP, FDJ … La liste est longue et ces entreprises coûtent une fortune.

Troisièmement, il faudra réformer les services publics et améliorer l’État-Providence. Depuis 2017, l’administration entend réformer le secteur privé. Mais celui-ci fonctionne correctement. Ce qui ne fonctionne pas, c’est ce qui relève de l’État, comme les hôpitaux, des écoles ou encore les transports publics. L’État doit donc se recentrer sur lui-même. 

On a évoqué un problème de productivité. Pour le régler, il faut s’attaquer à la démotivation, aux bullshit jobs et à ce qui concours à la perte de sens dans le travail. L’État, les banques centrales ou les entreprises privées peuvent se mettre autour d’une table pour tenter de régler ce problème. En réalité, tous les partenaires sociaux doivent s’y mettre, ce qui n’est pas dans la tradition française. Les Français doivent comprendre qu’ils sont actionnaires de l’État et cela doit se traduire en actes. 

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Autre mesure à mettre en place : si on explicitait le hors-bilan de l’État, on saurait ce qu’il dépense réellement. De nombreuses choses ne sont pas comptabilisées dans son bilan et des engagements nébuleux vont nous coûter cher dans les années à venir. Je pense par exemple à des dépenses engagées sous François Hollande dans le domaine du numérique. Ainsi, on ne peut pas évaluer l’action publique car elle va dans une multiplicité de direction. Pour tout projet, il faut un budget, un responsable et un objectif. Pourtant, dans la plupart des projets de l’État, il y a plusieurs objectifs, plusieurs priorités … Tous les responsables se renvoient la balle, comme la BPI, la Caisse des dépôts, Bercy, l’Union Européenne … Tout cela contribue à des délais, des surcoûts et des problèmes.

Enfin, je pense que nous devons prier pour que l’euro ne remonte pas trop vite et que le pétrole baisse plus vite que la croissance économique, même si nous ne pouvons pas agir sur ces points. Si le pétrole se maintient à un niveau élevé alors que la croissance diminue ou que l’euro remonte, il faudra trouver des moyens pour faire bouger les choses. Pour l’heure, la priorité de l’État devrait être de générer des gains de productivité en son sein, comme les entreprises.

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