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Alerte rouge : pour que l’Europe ne reproduise pas avec l'Espagne les erreurs commises avec la Grèce
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The final countdown !

Le Parlement allemand a donné jeudi son feu vert au plan d'aide aux banques espagnoles, qui doit être finalisé ce vendredi devant l'Eurogroupe. Reste toutefois une Espagne engluée dans une crise économique, souveraine et immobilière... Qu'attend la BCE pour agir ? Une nouvelle Grèce ?

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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L’Espagne se refinance à près de 7% à dix ans depuis jeudi, avec une inflation à 1,9%. La voilà donc avec des taux réels à 5% et une récession qui va vers -1,8 %, et -0,8% l’an prochain (promis). Son déficit public était l’an dernier de près de 9% du PIB, elle vise aujourd’hui plus de 6,3% et espère une équilibre dans cinq ans (promis).

Ceci est déjà très très tendu, pour ne pas dire pire, mais ceci n’a de sens que si les banques résistent au choc de l’éclatement de la bulle immobilière d’abord, éclatement qui affecte surtout les caisses d’épargne, au choc des créances bancaires qui tournent mal ensuite, à la suite de la récession en cours, créances qui concernent toutes les banques.

On est en effet, en Espagne, au milieu d’une crise de la dette immobilière, de la dette publique, puis des dettes des entreprises, des commerçants, des ménages eux-mêmes, avec en fond une crise économique et sociale très importante. Le taux de chômage atteint un Espagnol sur quatre. Face à cette situation, plus sérieuse que celle de l’Italie, puisque les ménages sont moins endettés et les banques plus solides en Italie, il est évident qu’il faut agir. Que le temps presse. Et qu’il faut agir bien.

On connaît les remèdes traditionnels, appliqués partout en Europe, dans cette phase de crise de la dette. Il faut, d’un côté, réduire les déficits publics, donc le niveau de tette publique. Il faut, d’un autre côté, flexibiliser le marché du travail (autrement dit : permettre aux entreprises d’embaucher et de licencier plus aisément) et flexibiliser le marché des biens (autrement dit : permettre aux entreprises de se faire plus aisément concurrence). Cette double flexibilité fait remonter la compétitivité, permet d’exporter, autrement dit : fait remonter la part des profits dans la valeur ajoutée au détriment des salaires. Ceci est inévitable, quel que soit l’habillage sémantique que l’on trouve. Mais ceci doit être fait de manière ordonnée et aussi régulière que possible : aller trop vite en besogne, sachant que tous les autres pays font pareil, conduit à en faire trop, à inquiéter tout le monde, sans permettre au secteur privé de se redresser, aspiré qu’il est par la spirale déflationniste. L’erreur grecque.

Pour se désendetter sans déprimer, en Espagne aujourd’hui plus qu’ailleurs, il faut soutenir les banques pour qu’elles se restructurent et se concentrent, mais sans mettre le secteur privé à bas et l’emploi avec lui. C’est donc à la Banque centrale européenne de soutenir les banques classiques dans cette phase d’ajustement en les refinançant largement.


C’est donc aussi aux États européens de financer les caisses d’épargne en leur faisant des crédits à long terme, la question de la garantie de cette dette (caisses d’épargne, banques ou État) devant évidemment être réglée. Il faut aller vite et responsabiliser les acteurs. Il ne faut pas créer les conditions d’un pays insolvable (car aidé certes), mais avec un système privé trop délabré pour se sortir d’affaire et un État surendetté. L’erreur grecque. Les États de la zone euro doivent donc faire les prêts prévus aux banques (30 milliards avant que ce ne soit plus, si la situation empire), et la BCE continuer à refinancer le système bancaire espagnol (aujourd’hui 10% du refinancement de la BCE). Ce n’est pas tout, car il y a plus urgent.

En effet, une fois que ces décisions auront été prises et signées, dans les deux jours qui viennent, il faut qu’elles puissent faire sens, autrement dit que les taux longs espagnols baissent. On peut penser que ces bonnes nouvelles vont suffire, mais rien n’est sûr, tant l’inquiétude est forte. D’où l’idée que la BCE va devoir intervenir pour acheter des bons du trésor espagnols sur le marché secondaire, soit elle-même, soit par le refinancement du fonds qui va succéder au FESF (Fonds européen de stabilité financière), et qui devra avoir une licence bancaire.

Tout le monde n’est pas d’accord (autrement dit l’Allemagne), mais il ne sert à rien de faire des prêts à un pays si, d’un autre côté, on laisse faire son insolvabilité (l’erreur grecque, encore une fois). Il faut être cohérent, dès maintenant !

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