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"Aime comme Marquise" de Philippe Froget : une mise en scène astucieuse, une intrigue plaisante et prenante
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Ses beaux yeux les firent mourir d’amour

THÈME

• Un jour de 1668, au moment d’entrer en scène pour interpréter Andromaque, que son amant Jean Racine a écrit pour elle, Thérèse du Parc reçoit la visite impromptue de La Reynie, Lieutenant général de police. L’officier royal sollicite son témoignage, car il enquête sur une méchante rumeur qui circule à la cour de Louis XIV au sujet de Corneille et Molière.

• Cette pièce relate l’incroyable destinée de “Marquise“, nom de scène d’une célébrité théâtrale à l’époque du Roi-soleil. Thérèse du Parc connut en effet les plus grands hommes théâtre de l’époque (de Jean-Baptiste Poquelin à Jean Racine, en passant par de Pierre Corneille), et même certains bibliquement...

POINTS FORTS

• Une intrigue plaisante et prenante, servie par un texte fort bien troussé qui, tant en vers qu’en prose, s’amuse avec les tirades les plus fameuses des grands dramaturges du règne de Louis XIV. Philippe Froget exploite à bon escient l’alternance et le contraste entre l’alexandrin de l’élite (mais parfois lardé d’expressions contemporaines par l’auteur) et la prose, plus accessible et moderne. Cette hybridation donne une dynamique certaine au texte et au récit, de même qu’il traduit l’évolution de la position de Marquise : jeune orpheline venue du ruisseau, elle recourt d’abord à la prose, puis, à mesure que son commerce avec le théâtre et sa visibilité à la cour s’affirment, elle en vient à versifier sans discontinuer.

• Une troupe homogène et solide, qui s’emploie à camper avec talent, allant et conviction une bonne dizaine de rôles différents.

• Une mise en scène astucieuse qui permet de la dédoubler soit verticalement, soit horizontalement, et démultiplier des récits qui ne sont pas tous synchrones.

QUELQUES RÉSERVES

• Fort peu, si ce n’est qu’il arrive à tel ou tel comédien d’être très à l’aise avec certains personnages et moins avec d’autres : le même campera un Pierre Corneille irrésistible de fatuité en “crapaud mort d’amour“, puis un Lieutenant de Police sensiblement moins convaincant.

ENCORE UN MOT...

• Marquise aborde, l’air de rien et de manière très plaisante, les différences entre le théâtre de Corneille et celui de Racine, ainsi que les choix et inspirations de Molière. La pièce permettra à bien des jeunes têtes d’être bien faites (et au fait des enjeux théâtraux d’alors) plutôt que bien remplies par la lecture de soporifiques “Profils d’une œuvre“ consacrés aux dramaturges sus-cités. 

• De plus, outre le statut particulier et fort peu enviable des comédiens dans la France d’hier, les aventures et mésaventures de “Marquise“ soulignent la difficulté d’être comédienne et surtout femme  à l’époque, et n’en rendent que plus attachante et fascinante Thérèse du Parc.

UNE PHRASE

« Tout ce qui n’est pas prose est vers, et tout ce qui n’est point vers est prose » Molière, Le Bourgeois gentilhomme (acte II, scène IV).

L'AUTEUR

• Né en 1957, Philippe Froget est avocat. Ce n’est donc pas un hasard si les questions de rhétorique et les jeux de langage lui sont familiers, et si ses deux premières pièces eurent à voir avec la chose judiciaire : d’abord Ultime conviction (éditions du Panthéon, 2013), puis Tirage au sort, mis en scène par le théâtre du Damier en 2016.

• Ph. Froget a également écrit Foutue Guerre (éditions du Panthéon, 2014) en hommage à son grand-père, un poilu de la Première Guerre mondiale dont il a utilisé les carnets de guerre. À cette occasion, il collabore avec sa fille Chloé, qui mit en scène la pièce, et récidive à présent avec cette Marquise écrite par son père.

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