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Agenda gouvernemental des réformes : celles qui pourraient entraîner une profonde transformation... et les autres
©Thomas SAMSON / POOL / AFP

Perturbations

Distant, arrogant, hautain, l'image du président de la République s'est dangereusement effritée ces derniers mois, en témoigne sa chute dans les sondages d'opinion. Si l'Elysée a lancé une opération reconquête qui a démarré aux Antilles, Emmanuel Macron est clair : "En aucun cas je ne changerai de politique (…) Il faut poursuivre la transformation en profondeur".

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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"La réforme de l’assurance chômage, la refondation de notre système de santé et de nos politiques de lutte contre la pauvreté, la réforme de la fonction publique, du secteur énergétique et de la mobilité", quelles sont, dans le calendrier du gouvernement les mesures qui ont réellement le potentiel de changer les choses ? De "transformer en profondeur" ? 

Assurance chômage, pauvreté, système de santé, fonction publique, transition énergétique, beaucoup de projets, beaucoup de mots, beaucoup d’incantations mais dans les actes se font attendre. Nous pourrions évidemment ajouter la réforme des retraites qui doit aboutir à un véritable big bang avec la suppression de tous les régimes spéciaux. La fusion des 42 régimes de retraite représente un véritable défi technique et social qui devrait occuper une grande partie de l’année 2019. En cette fin d’année 2018, nous avons le sentiment que le pouvoir retient ou reprend son souffle. Les projets de loi de finances pour l’année prochaine sont assez fades. Pas de grandes annonces mais de la revente de mesures annoncées en 2017. Emmanuel Macron est passé de Bonaparte à Napoléon, le Consulat a été consumé en un an. Du 9 novembre 1799 au 18 mai 1804, Bonaparte a réalisé ses plus grandes réformes qui ont structuré jusqu’à maintenant le pays. Il a mené toute une série de réformes constitutionnelle, fiscale, monétaire avec la création de la Banque de France et territoriale avec la création des départements et des préfets. En 1804, le code civil imaginé dès 1789 est achevé. Pour le moment, Emmanuel Macron est loin du compte mais il lui reste encore trois ans pour transformer la société en profondeur. 

A contrario, quelles sont celles sur lesquelles Emmanuel Macron risque de reproduire les erreurs de ce début de quinquennat ? (des mesures qui font pschit) 

Fonction publique, économies budgétaires, pour le moment, le passage à l’acte reste à réaliser. Le jeu de bonneteau est l’alpha et l’oméga de la politique du gouvernement dans de nombreux domaines, que ce soit pour l’allègement du coût du travail que pour la gestion de la sécurité sociale. En marche est en mouvement mais circulaire. Sur la fonction publique et même sur la retraite, il n’est pas impossible que l’ensablement soit au rendez-vous. La réforme des finances locales est encore dans les limbes. Les contingences électorales freinent les ardeurs réformatrices. Le calendrier des élections, européennes, municipales, régionales et départementales sont déjà dans les têtes. La preuve en a été fournie par le Ministre de l’Intérieur qui annonce près de deux ans avant l’élection qu’il renoncera à son poste au sein du Gouvernement. 

Quels seront les principaux opposants et quels sont les rapports de force à prévoir ? 

La réforme des retraites devrait amener un bras de fer avec les syndicats des régimes spéciaux, SNCF, RATP, énergie et également fonction publique. Le gouvernement devra empêcher la constitution d’un front syndical. Il pourra espérer sur le soutien du moins implicite de la CFDT qui a été toujours favorable au régime unique de retraite. Il pourra recevoir peut être l’appui de la fonction publique en promettant l’intégration des primes dans le calcul des pensions. Néanmoins, le personnel de l’Education nationale qui reçoit peu de primes risque de ne pas apprécier la plaisanterie. Jean-Luc Mélenchon a décidé de focaliser le futur débat des élections européennes sur la question des retraites. Il parie sur la cristallisation des oppositions sur le sujet. Le patronat sera également très circonspect face à une réforme qui pourrait conduire à un transfert de charges du public vers le privé. Il regardera de près si le nouveau système n’aboutit pas à ce que les entreprises financent la retraite du secteur public en lieu et place de l’Etat. 

Au-delà des retraites, avec la baisse de popularité, Emmanuel Macron se sait surveillé par ses opposants qui exploitent le moindre faux pas. L’affaire Benalla a ruiné en partie les espoirs d’une large réforme constitutionnelle. Sur l’UNEDIC, censé réaliser plusieurs milliards d’euros d’économies, les partenaires sociaux se sont rappelés au bons souvenir du pouvoir en place. Pour le moment, l’idée est de limiter les prestations accordées aux cadres supérieurs qui comptent parmi les plus contributeurs de l’UNEDIC. En effet, le taux de chômage des cadres est faible. Est-il de ce fait juste de plafonner les indemnités sachant que leurs cotisations dépassent de loin les prestations versées ? Ce plafonnement reviendra à fiscaliser une partie des cotisations des cadres. 

Sur la santé, le Président de la République en ne touchant pas à l’organisation des hôpitaux joue sur du velours. Son plan « Santé 2022 » accentue l’étatisation de la santé. Il prévoit à terme la création de communautés de médecins épaulés par des assistants médicaux. C’est au regard du vieillissement de la population et des déserts médicaux, la solution inévitable mais cela nous éloigne un peu plus de l’exercice libéral de la médecine. 

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