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20 ans après, le récit minute par minute du calvaire des 220 otages des terroristes du vol Alger-Paris
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Terrible réveillon

La prise d'otages du vol AF 8969 survenue le 24 décembre 1994 a tenu la France en haleine 52 heures durant.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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C’était il y a 20 ans. Quasiment jour pour jour. Quatre passagers embarquent un peu avant midi à l’aéroport d’Alger sur le vol Air France 8969 de l’Airbus A300 en direction de Paris. Ce sont des terroristes islamistes qui prennent aussitôt en otages les 220 passagers et les membres de l’équipage. Pendant 48 heures, des négociations s’engagent entre Paris et Alger, puis entre les autorités françaises et les islamistes. Le Premier  ministre, Edouard Balladur et Charles Pasqua, son ministre de l’Intérieur jouent gros. Le 26 décembre, à 17 heures 15, alors que l’Airbus se trouve désormais sur l’aéroport de Marseille-Marignane, le GIGN  donne l’assaut. Les quatre terroristes sont abattus. Mais on déplore trois morts du côté des passagers. Assassinés par le commando avant l’assaut. Voici le récit de cette prise d’otages qui a secoué le pays, lors des fêtes de Noël 1994. 

  • Ce 24 décembre 1994, l’Airbus d’Air-France qui doit se rendre à Paris ne peut décoller de l’aéroport d’Alger. Les passagers viennent d’être pris en otages par des terroristes islamistes
  • Très vite, les quatre terroristes formulent leurs exigences : la libération de deux responsables du FIS : Ali Belhadj et Abassi Madani
  • Des contacts se nouent très vite entre le directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur algérien, Lahcène Seriak et un proche de Charles Pasqua, le préfet Jean-Charles Marchiani. Le premier souhaite que l’Airbus ne quitte pas Alger. Marchiani  se montre partisan du contraire
  • Les terroristes souhaitent faire le plein de carburant. Ils envisageaient, semble-t-il, d’après des informations précises, de survoler Paris et de faire exploser l’Airbus. Sans doute au dessus de la Tour Eiffel ou de la Tour Montparnasse
  • Le 26 décembre, l’Airbus d’Air-France dont quelques dizaines de passagers ont déjà été libérés à Alger, atterrit à Marseille-Marignane à 3 heures du matin. A 17 heures 15, l’assaut est donné par le GIGN. Les quatre terroristes sont abattus.

En cette matinée du 24 décembre 1994, à Paris et dans toutes les villes de France, le moment est aux derniers préparatifs des fêtes de Noël. On achète le foie gras, la dinde et la bûche. Le rituel classique. L’atmosphère est détendue. Les enfants attendent avec impatience le père Noël  qui le soir à minuit va leur apporter des cadeaux. A  1400  kilomètres de Paris, sur l’aéroport Houari Boumédiène, à Alger, 220 passagers et 7 membres de l’équipage de l’Airbus A 300 d’Air France, présents sur le vol 89 69 s’apprêtent à rejoindre la capitale. . Plus que quelques minutes, le commandant Bernard Delheme va pouvoir décoller. La routine. Quand quatre passagers font savoir qu’ils sont des preneurs d’otages. Ces derniers sont des islamistes algériens membres du Groupe islamique armé (GIA).  Il est presque midi ce 24 décembre 1994.  Commence alors une prise d’otages qui va durer 48 heures et emmener l’Airbus jusqu’à l’aéroport de Marseille.  Grâce à l’intervention  du GIGN dirigé par le commandant Denis Favier, elle se termine par la mort des quatre terroristes. Ils ont été abattus. Mais trois passagers ont été assassinés  par les islamistes avant l’assaut. 48 heures où l’appareil d’Etat va être mobilisé sous la direction du Premier ministre Edouard Balladur, avec en appui, le ministère de l’Intérieur, le Quai d’Orsay, la DGSE, la DST, et aussi un préfet de la République, Jean-Charles Marchiani. C’est lui qui s’est illustré quelques années plus tôt dans la libération des otages au Liban quelques années plus tôt. Atlantico, grâce aux  procès- verbaux et verbatim rédigés par les officiels français,  a pu reconstituer minute par minute, heure par heure, ces 48 heures qui ont ébranlé la République et constitué un choc énorme dans l’opinion.  48 heures aussi angoissantes qu’incertaines au cours desquelles un commando de quatre terroristes islamistes aurait eu l’intention de survoler et de faire exploser au dessus de la Tour Eiffel ou de la tour Montparnasse un Airbus bourré de kérozène. 48 heures qui annoncent les attentats d’Al Quaïda du 11 septembre 2001 à New-York

L’ATTENTE. LES EXIGENCES DES TERRORISTES - 24 DECEMBRE


12h20. C’est la stupéfaction place Beauvau : le président d’Air France, Christian Blanc, vient d’appeler le directeur du cabinet du ministre d’ Etat, chargé de l’ Intérieur, Charles Pasqua, pour l’informer qu’une prise d’otages a eu lieu il y a quelques minutes sur l’aéroport Houari Boumédiène  d’Alger.  220 personnes sont retenues dans l’Airbus de la compagnie  qui était en instance de départ. A son bord, deux Français, des Algériens et l’équipage composé de sept Français. La nouvelle se répand illico au Quai d’Orsay dirigé par Alain Juppé et dont le directeur du cabinet est Dominique de Villepin.  Le RAID peut-il intervenir, interroge ce dernier ? Impossible, fait savoir le cabinet de Pasqua, en l’absence de convention entre l’Algérie et la France… 

13h10. Le directeur du cabinet de Charles Pasqua appelle Lahcène Seriak son homologue à Alger. La tension semble redescendre. Les terroristes auraient l’intention de fuir.  A Paris, le GIGN et le RAID seraient prêts à intervenir. 

13h25. Preuve que la situation se détend, la DGSE annonce que deux femmes ont été libérées… Suivies de 6 autres et d’un homme.

14h20. Les exigences des terroristes sont connues : ils demandent la libération de deux responsables du Front islamique du salut (FIS) Ali Belhadj et d’Abassi Madani et veulent la présence à bord de l’Airbus d’un journaliste français et d’un journaliste algérien.

15h. Le préfet Jean- Charles Marchiani, habitué des misions sensibles, qui entretient d’excellentes relations avec avec les services algériens, tente d’obtenir un contact avec le ministre de l’Intérieur algérien pour offrir ses services.

Divers contacts se nouent entre le ministère français de l’Intérieur et les autorités algériennes. Le ministre de l’Intérieur algérien indique qu’il n’y a pas de morts, mais deux blessés. De son côté, Bernard Guillet conseiller diplomatique de Charles Pasqua s’active. Il a réussi à obtenir des autorités espagnoles que le GIGN puisse, le cas échéant, se poser à Palma de Majorque.

19h15. Arrivent à Paris de bonnes nouvelles : 47 personnes ont pu quitter l’Airbus. Elles sont libres.

19h45.
Le ministre de l’Intérieur algérien annonce à Marchiani que l’avion ne doit  en aucun cas décoller.

20h55. 58 otages sont relâchés.

21h30. Les terroristes ne veulent pas négocier avec les autorités algériennes mais avec le gouvernement français.

21h40. Au cabinet d’Alain Juppé, on se montre plutôt laconique.  On n’a pas de réponse à apporter sur la négociation et on ne sait pas très bien qui va la mener.

A Paris, bien évidemment, l’Airbus du vol 89 69 n’est toujours pas arrivé. Air France donne les raisons de ce retard : le personnel a oublié de se réveiller,  l’avion n’était pas sur la piste. De plus, manquant de carburant, il doit faire un détour pour remplir ses réservoirs. Un peu plus tard, le conseiller Police d’Edouard Balladur annonce que les terroristes sont à la recherche d’un pays d’accueil. Il précise aussi que 24 binationaux se trouvent à bord de l’Airbus ainsi que 11 conjoints de ressortissants français.

25 DECEMBRE

0h15. L’Airbus transportant les membres du GIGN vient de se poser à Palma.  Quant à l’Airbus d’Air-France,  il stationne toujours dans l’aéroport d’Alger où des  projecteurs ont été installés. Des blindés sont positionnés.

0h20. La gendarmerie algérienne aurait identifié le chef du commando : il s’appelle Abdallah Yahyia. C’est un marchand de légumes, proche  d’un des chefs du GIA, Djamel Zitouni. Sa mère serait impliquée dans les négociations.

1h50. Jean-Charles Marchiani souhaite que les autorités françaises soient alertées si une prise d’assaut est déclenchée.  Affirmatif, répondent les Algériens. Lesquels confirment que l’avion peut décoller si tous les passagers sont libérés. Marchiani évoque trois destinations possibles : Marseille, Perpignan et Nice.  Il garantit la vie sauve aux terroristes, ponctué d’un « on verra après.»

2h35.  La préfecture des Bouches-du-Rhône et  celle des Alpes –Maritimes sont informées d’un possible atterrissage de l’Airbus dans leurs départements respectifs.

Alors que l’Airbus dispose suffisamment de carburant – 16 à 17 tonnes- pour aller jusqu’à Paris, on apprend que les membres du GIGN qui se trouvent à Palma peuvent atteindre Nice ou Marseille en une demi-heure/une heure et Paris en une heure 30. Tout est calme dans cette nuit du 25 décembre sur l’aéroport Boumediene. La preuve, à 4 heures 50, les autorités algériennes ont quitté l’aéroport. Pourtant, de mauvaises rumeurs commencent à circuler : selon la gendarmerie algérienne, une hôtesse serait décédée. Son corps aurait même été aperçu par des passagers. Les roues de l’Airbus seraient crevées. Les terroristes voudraient repartir, mais avec la moitié de passagers présents dans l’avion.

7h40. Ultimatum des terroristes.  Ils exigent, avant dix heures, la libération de deux responsables du FIS (Front islamique du salut) Abbassi Madani et Ali Belhadj.  La tension remonte d’un cran.

11h. La cellule d’Air- France mise en place à Alger confirme que la piste sur laquelle se trouvent des obstacles, doit être dégagée au plus vite.  le vol d’Air-Algérie à destination de Paris est en effet prévu dans une heure. En  ce qui concerne l’Airbus A 300 d’Air-France, la cellule ignore si ce dernier peut décoller compte tenu des coups de feu qui auraient été tirés.

En cette matinée du 25 décembre, alors que l’Airbus est retenu à Alger depuis près de 24 heures, la situation n’a guère évolué. Sauf que les preneurs d’otages exigeraient maintenant la libération de Cheik Cherabi et d’ Abdelhak Layada. [Ce dernier, ancien carrossier à Baraki dans la banlieue d’Alger, a fondé en 1992 avec sept autres chefs terroristes, le GIA. Arrêté au Maroc pour avoir acheté des armes pour le compte de maquis terroristes, il a été arrêté le 10 juin 1993 et remis aux autorités algériennes. Condamné à mort le 15 juin 1994, il sera libéré le 12 mars 2006 dans le cadre du programme de réconciliation nationale voulu par le président Bouteflika]   A 14 heures, la DGSE aurait intercepté une conversation entre l’un des terroristes et sa mère : «  Le jour d’Allah est arrivé » lui aurait-il dit. A 15 heures 20, l’avion d’Air-Algérie, un Boeing 760, qui a finalement décollé à l’heure prévue atterrit à Paris. A son bord, cinq otages qui ont été libérés.

14h35. Nouvel accès de fièvre.  Jean-Charles Marchiani demande que l’Airbus puisse décoller en raison de la pression exercée par les terroristes.  Réplique sèche des Algériens : hors de question.

14h40.  Une femme enceinte est libérée. Les terroristes restent fermes : ils veulent que l’escabeau soit retiré de façon à ce que l’avion puisse décoller vers la France. Par exemple, à Marseille, s’il n’y a pas suffisamment de carburant.

15h13.  La Sécurité civile annonce que des équipes médicales sont prêtes à intervenir à Paris, Marseille et Nice…  De son côté, France-Info annonce que l’Airbus s’apprêterait à quitter Alger pour l’Allemagne.  A la PJ française, on est sceptique sur une telle annonce, car dans les milieux du FIS outre-Rhin, cette information crée une surprise totale.

Il semble, en ce milieu d’après-midi, que les pirates soient d’accord pour laisser descendre les otages et gagner la France.  L’équipage resterait à bord. Vers 17 heures, les négociations commencent. Vite interrompues en raison d’une mauvaise manœuvre et surtout de l’énervement des pirates. A peu près au même moment, Air-France indique que l’Airbus  stationné à Palma est prêt à décoller pour Marseille.

A 19 heures 15, la situation se tend une nouvelle fois en raison de mouvements de véhicules  des Ninjas, les forces algériennes non loin de l’Airbus d’Air-France.

19h55. La passerelle est enlevée. Le premier ministre  algérien se trouve sur place.

20h10. Selon le président d’Air-France, Christian Blanc, la passerelle avant droit n’est pas enlevée.  Les terroristes viennent de prendre les passeports des otages. Deux Français sont menacés d’être exécutés à 21 heures. L’escabeau avant gauche est maintenu.

20h35. Les négociations se poursuivent. 

21h. Lahcène Seriak, le directeur du cabinet du ministre algérien de l’Intérieur fait savoir que l’escabeau est placé à l’arrière de l’appareil pour laisser descendre les passagers.  Les pirates n’y croient pas. Aussi n’ont-ils pas commencé  l’évacuation. 

LE DRAME. LA PRISE D’OTAGES DOIT SE TERMINER. L’ASSAUT EST INEVITABLE  

Il est 21 heures, ce 25 décembre. Les pirates durcissent leurs positions. Ils ne veulent plus libérer  d’otages. Le directeur local d’Air-France se montre de plus en plus pessimiste car les pirates n’ont plus confiance. Ils craignent que l’assaut contre l’appareil ne soit effectué. C’est aussi l’avis de Christian Blanc, le président d’Air-France.  Jusqu’à ce que se produise  un évènement dramatique …

21h30. Yannick Beugnet, cuisinier de l’ambassade de France à Alger, est choisi parmi les passagers pour s’exprimer à la Tour de contrôle. Pathétique. Il supplie les autorités françaises d’intervenir. Alain Juppé confirme la demande  du cuisinier… Hélas, cinq minutes plus tard :

21h40.Alain Juppé annonce que Yannick Beugnet a été abattu

21h50. Nous ne sommes pas au courant affirme de son côté le ministère de l’Intérieur algérien.

22h20. Christian Blanc annonce que le prochain otage sera abattu à 0 heure.

Avec cette annonce le gouvernement français ne peut plus laisser faire. Il va réagir fermement. Edouard Balladur a appelé le tout président algérien Liamine Zeroual  -élu au printemps 1994-pour lui dire que la France est prête à accueillir les otages. Alain Juppé, de son  côté,  fait pression auprès de son homologue algérien pour que l’escabeau soit retiré et que l’Airbus puisse enfin décoller. Les terroristes de plus en plus déterminés, menacent, cette fois, d’abattre 5 otages. Finalement, le  tout nouveau président Liamine Zeroual indique à Edouard Balladur qu’il a donné son accord pour le décollage de l’avion.

26 DECEMBRE

00h00. Air-France Paris confirme qu’il y a suffisamment de kérozène pour aller jusqu’à la capitale  

00h26. Air -France Alger indique qu’aucun signe laisse entrevoir un décollage de l’Airbus. Les responsables d’Air-France montent alors à la tour de contrôle pour lire au commandant de bord la dépêche du président Zeroual qui a donné son feu vert pour le décollage.

Lorsqu’ils arrivent à la tour de contrôle, les dirigeants d’Air-France ont la surprise de voir Abelhack Layada, l’un des dirigeants du GIA en train de parler en arabe aux quatre terroristes.  Layada demande à l’un d’entre eux  de descendre de l’avion et de s’entretenir avec lui. Dubitatifs, les terroristes pensent qu’il ne s’agit pas d’Abdelhack Layada. Ils flairent un piège. Finalement rien ne se passe. Les discussions sont interrompues avec Layada.

1h16. Lahcène Seriak  confirme à Jean-Charles Marchiani que l’avion va bientôt décoller.

1h20. Les préparatifs sont en route pour le décollage. Les terroristes ont demandé que le plein de kérozène soit fait à Marseille.

1h45.  Christian Blanc, le président d’Air-France annonce que l’escabeau est retiré. Tout est dégagé autour de l’avion. La check list est en cours. Le décollage aura lieu dans dix minutes. Les clignotants fonctionnent. Pas de doute cette fois : les  réacteurs ont bien été mis en marche.

2h. L’avion roule vers la piste de décollage.

2h02. L’avion décolle.

Pendant que l’Airbus s’envole vers Marseille, le Transall emmenant les hommes du GIGN de Paris -Villacoublay  va arriver à Marseille. Que va-t-il se passer désormais avec l’arrivée du vol Air-France 89 69 ?  Les autorités françaises sont sur le pied de guerre. Elles savent qu’elles jouent gros. Il faut à tout prix éviter un carnage chez les passagers. Dans quel état d’esprit, après plus 24 heures, se trouvent les quatre preneurs d’otages ? De quelles armes disposent-ils ? Les autorités algériennes ont fait savoir qu’ils ont une kalachnikov, 1 PM,  et deux pistolets automatiques. Deux des quatre membres du commando ont été identifiés : Abdallah Yahyia et Naresdine Mechti. On les dit prêts à tout. Ils détiennent bien des explosifs et des grenades.  Sur le plan judiciaire, des contacts sont noués entre le directeur des affaires criminelles, François Falletti et le procureur de Marseille. Un représentant du procureur de Paris arrive à Marseille. Le procureur de Paris, Bruno Cotte arrivera bientôt

3h. Le commandant de bord demande le plein de carburant, le ravitaillement en eau et un médecin pour une passagère malade.

3h08. L’Airbus en provenance d’Alger se pose  à Marseille.

3h30. Le commandant de bord fait savoir que les quatre preneurs d’otages  veulent de l’eau, faire vidanger les toilettes avant de repartir sur Paris.

3h35. Les terroristes souhaitent présenter leurs revendications à Paris.

4h20. L’opération vidange des toilettes commence. Les contacts avec les terroristes sont très difficiles.

4h40. La vidange des toilettes est en  cours.

Ultimes négociations et ultimes préparatifs pour l’assaut final

4h40. On aperçoit un terroriste dans le cockpit, un autre vers la porte arrière. Le moment de l’intervention n’est pas encore décidé.

4h50.  Le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua entre en scène. IL demande à Christian Blanc, le patron d’Air-France  d’informer la presse que l’avion va poursuivre sa rote sur Paris après les différents ravitaillements. Un leurre comme Pasqua en a le secret.

5h05.  L’opération vidange est terminée. Les terroristes vont ouvrir une porte de l’Airbus car ils veulent les journaux. Le ravitaillement peut commencer. Il devrait durer 20 minutes.

5h30.  Un des terroristes s’impatiente. A ses yeux, les opérations ne se déroulent pas assez vite.

5h45.  L’approvisionnement en eau potable est presque terminé. Les terroristes veulent de la nourriture. Ils réclament l’installation d’une passerelle à la porte avant gauche. Le chef du commando s’impatiente de plus en plus en plus. Les autorités françaises  font le point avec le commandant du GIGN, Denis Favier. Lequel estime que les renseignements obtenus sur la situation à l’intérieur de l’avion sont trop incomplets.

Une nouvelle fois, la situation se tend. Rien ne semble devoir se débloquer. Les terroristes sont décidés à quitter Marseille le plus rapidement  possible. Ils veulent un maximum de carburant, ce qui laisse penser qu’ils envisagent peut-être de se rendre dans un endroit plus lointain. Du côté du gouvernement, la position est claire et nette : pas de ravitaillement en carburant. Si les terroristes veulent  faire des revendications, qu’ils les fassent à Marseille.  Les passagers doivent être libérés.  Si l’un d’entre eux se trouve menacé, le GIGN interviendra immédiatement. IL est un peu plus de 8 heures du matin ce 26 décembre. Voilà plus de 40 heures que des terroristes ont envahi l’Airbus d’Air-France. Plus de 40 heures que des passagers sont toujours retenus. Cela suffit.

9h. L’intervention du GIGN est imminente.  Un camion citerne chargé  de simuler la livraison de kérozène se place à l’avant de l’appareil. L’intervention devra se dérouler  simultanément au niveau des quatre portes de l’avion. Des mouvements d’avion d’Air- Inter ont lieu pour faire diversion.

9h03. Charles Pasqua, un peu tendu donne le feu vert à l’intervention. Nicolas Bazire, le directeur du cabinet d’Edouard Balladur est informé. L’émotion,  l’anxiété devient de plus en plus palpable du côté des autorités françaises.

9h07. Si des menaces se font jour contre des personnes, le GIGN réagira. Au nom de la légitime défense.

Le temps passe. L’intervention du GIGN n’a toujours pas eu lieu. Une interrogation se fait jour du côté des autorités françaises : et  si les terroristes avaient piégé les portes de l’Airbus ? La tension est extrême. D’autant qu’on apprend- l’information émane du consulat de France à Oran- qu’un coup de fil anonyme a annoncé qu’il ne fallait en aucun cas laisser  l’Airbus quitter Marseille. Selon ce coup de fil, les terroristes envisageraient de faire sauter l’avion en vol ou le faire exploser dans un aéroport parisien

10h50. Nouvel ultimatum. Si rien n’intervient dans une heure,  les autorités françaises seraient face à leurs responsabilités.

Quelques minutes plus tard, les autorités françaises proposent que tous les passagers soient libérés. En échange,  ils pourront donner une conférence de presse. Deux terroristes  qui viennent d’enfiler une cagoule, sont d’accord sur le principe. TF1 est suggérée pour assister à cette conférence. La chaîne aurait  pour  journalistes et techniciens… des gendarmes du GIGN. Les terroristes ne sont pas opposés à ce que cette conférence se tienne dans l’avion.

14h30. La conférence de presse se déroulera par étapes. La première pour TF1 débutera à 14 heures 45. Les terroristes ont prévenu : si les choses ne se passent pas comme prévu, ce sera un carnage.

14h45. L’équipe supposée de TF1 ne sera pas prête avant une heure et demie. Elle pénètrera par l’arrière de l’appareil pour se rendre à l’avant, selon les instructions des terroristes.  Une équipe du GIGN  interviendra simultanément  à l’avant de l’appareil. Le dispositif arrêté est le suivant : une équipe va pénétrer par l’escalier de l’Airbus. Elle sera rejointe par une équipe qui pénétrera par la passerelle située  à l’arrière gauche. L’équipe supposée de TF1 resterait à l’avant de l’appareil et tirerait à vue sur les terroristes. En prévision de la conférence de presse, l’avant de l’avion est vidé et les passagers ramenés à l’arrière.

15h20. L’intervention est lancée.

16h50. Le commando  est de plus en plus nerveux. Depuis 48 heures, ses membres n’ont  guère dormi. Ils sont épuisés.  Ils insistent pour obtenir le chargement en kérozène. Deux personnes âgées sont relâchées.

Les trente dernières minutes avant la délivrance

17h08. Le GIGN est sur le point d’intervenir. Mais la conférence de presse est retardée. L’intervention est stoppée. Le chef du commando, inquiet, demande au commandant de bord de rapprocher l’Airbus de la tour de contrôle. Subitement, un des membres du commando, très énervé, se décide à mitrailler la tour de contrôle.

17h12. Cette fois, le commandant Favier donne l’ordre de lancer l’assaut. Les trois passerelles motorisées s’approchent de l’Airbus.

17h16. Le GIGN se trouve à 100 mètres de la queue de l’avion.

17h17. Un gendarme  apparaît sur la porte avant. Six gendarmes sont entrés sur l’avant.  Trois par ouverture par l’arrière. La Télévision retransmet les images en direct.

17h19. Un tobogan est installé. L’assaut général est donné. Les otages sortent par le tobogan arrière. Une explosion retentit dans la cabine de pilotage.

17h20. Les pompiers arrivent. Plus aucun contact n’a lieu avec les membres du GIGN. Le tobogan à l’avant est en place.

17h21. On entend des tirs. Les évacuations se poursuivent.

17h29. Une nouvelle explosion est entendue à l’intérieur du cockpit.

17h36. Deux terroristes sortent du cockpit les mains sur la tête.

17h37. Les tirs ont cessé.

17h40. On annonce deux morts, les deux terroristes retirés dans le cockpit.

17h45. L’opération est terminée. Les quatre terroristes sont morts.

A 18 heures 40, le bilan est dressé  sur ces deux jours dramatiques. Outre les 4 terroristes, trois personnes sont mortes bien avant l’assaut du GIGN : un policier algérien, un diplomate vietnamien et le cuisinier de l’ambassade de France. 16 personnes seront blessées, mais aucune de manière vitale. Parmi les membres du GIGN, on déplore 9 blessés dont un atteint sérieusement au bassin et au bras. Un mot pour conclure : dans le compte rendu qui a été fait sur ces deux jours éprouvant,  il  a été écrit que ce corps d’élite a eu  des états d’âme avant de lancer l’assaut. C’est tout de même un peu facile de lancer de tels reproches.  D’ailleurs, la suite démontrera amplement que le GIGN du commandant Denis Favier, aujourd’hui directeur général de la gendarmerie nationale, a fait ce qu’il fallait. Et a gagné la partie face aux terroristes. En sauvant des vies humaines et en évitant un carnage.

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