À quoi s’attendre en France et en Occident pour le vendredi du djihad souhaité par le Hamas dans le monde entier ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'une manifestation non autorisée de soutien aux Palestiniens, place de la République à Paris, le 12 octobre 2023.
Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'une manifestation non autorisée de soutien aux Palestiniens, place de la République à Paris, le 12 octobre 2023.
©Dimitar DILKOFF / AFP

Colère

Khalid Mashal, le leader et membre fondateur du Hamas, a demandé il y a quelques jours aux musulmans du monde entier de manifester leur colère ce vendredi 13 octobre.

Thibault de Montbrial

Thibault de Montbrial est Avocat au Barreau de Paris, Président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure.

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Atlantico : Le Hamas, par la voix de Khalid Mashal a appelé les musulmans du monde entier à un vendredi de la colère et du Djihâd. A quoi pouvons-nous nous attendre en France ?

Thibault de Montbrial : Ces déclarations ont fait monter de plusieurs crans un risque déjà préexistant. Le risque minimal, c’est de voir des attaques individuelles d’individus plus ou moins perturbés, avec des moyens rustiques. Mais il existe également un danger réel d’attaque plus grave commise par des islamistes organisés qui attendaient une occasion de le faire et qui trouveraient dans cet appel l’opportunité idoine.

Il y a une remontée très nette du risque terroriste islamiste en France. S’il n’avait pas disparu, il était circonscrit à des attaques plutôt rustiques par des individus isolés à l’aide de couteaux par exemple. Or, depuis le printemps dernier, l’Etat Islamique a pu ré-infiltrer des éléments dangereux en Europe. De nombreux individus aguerris sont également sortis de prison. Les services de renseignements occidentaux s’accordent à dire que le risque d’attentat grave a considérablement augmenté ces derniers mois. J’ajoute que la France organise l’été prochain les Jeux olympiques et que le monde entier aura les yeux rivés sur notre pays. Nous avons de nombreux adversaires qui rêvent d’entraver la bonne organisation de cet événement planétaire. 

Depuis samedi dernier, nous voyons refleurir la haine antisémite à une vitesse extrêmement préoccupante. De très nombreuses menaces ou provocations (plus d’une centaine) ont été recensées sur le territoire. Dans ce contexte global, il est effectivement à craindre que l’appel d’hier ne trouve un certain écho.

Henry Kissinger, dans une interview à Welt TV a affirmé suite aux manifestations pro Hamas en Allemagne et en Europe que ca avait été « une grave erreur de laisser entrer autant de personnes de cultures, de religions et de valeurs totalement différentes en Europe, car cela crée un groupe de pression à l'intérieur de chaque pays qui fait cela ». Ce constat vous paraît-il justifié ou démesurément pessimiste ? Les immigrés militants anti occidentaux ne restent-ils pas minoritaires en Europe ? Par quels indicateurs mesurer le danger auxquels nous exposent - ou pas - les bugs de l’intégration ?

La crise actuelle au Moyen-Orient (après l’abomination dont Israël a été la victime) alimente la haine anti occidentale et la haine anti-française. Ce sentiment s’est considérablement développé sur notre territoire à partir d’ une immigration non maîtrisée depuis 50 ans. Les exemples sont multiples. A chaque fois que des drames frappent les pays occidentaux, des personnes toujours plus nombreuses se réjouissent sur les réseaux sociaux, dans les prisons ou dans les cercles proches de l’islam rigoriste. 

Dès samedi dernier, dans des centres d’accueil de migrants en Grèce, de bruyantes manifestations de joie ont été observées à l’annonce des massacres commis par le Hamas. Cette allégresse est sidérante de la part de gens qui demandent asile chez nous. 

Il faut bien comprendre ce qu’est devenu le droit de l’immigration en Europe et donc en France. Si des militants identifiés du Hamas arrivaient non armés en Europe, nous ne pourrions pas les refouler. Nous serions obligés de les accueillir sur le territoire européen dans l’attente de voir leurs demandes d’asile examinées. Et même si elles étaient rejetées, elles le seraient après des mois où ces personnes resteraient libres sur le territoire européen. C’est ubuesque. La politique migratoire européenne a permis l’entrée d’un nombre considérable de gens qui sont des recrues potentielles pour les islamistes. 

Plus généralement, des manifestations très favorables au Hamas et aux islamistes se déroulent partout en Europe, y compris en France jeudi soir. Des slogans de haine sont ouvertement proférés, notamment à Londres.

Les études d’opinion montrent également des résultats spectaculaires. Les taux d’adhésion à l’islamisme chez les individus se déclarant musulmans vont de 30% jusqu’à + de 60% chez les lycéens. C’est extrêmement inquiétant. 

Pour en revenir au risque immédiat, la possibilité de passage à l’acte demain est réelle. Mais aussi dans les jours qui viennent. Plus il va y avoir des images de combats à Gaza, et plus l’impact sur le territoire français sera important. A fortiori en cas d’internationalisation du conflit.

Les chaînes de télévision arabes, la chaîne francophone algérienne publique notamment, tiennent plutôt des discours qui glorifient la « résistance palestinienne face à l’entité sioniste ». Ont-elles une influence en France ? Idem pour les prédicateurs ou influenceurs de réseaux sociaux ? L’analyse du profil des émeutiers ayant suivi la mort de Naël a d'ailleurs montré qu’il s’agissait de jeunes très peu politisés...

C’est une question intéressante. Nous savons que ces chaînes sont massivement regardées par les Algériens et les binationaux franco-algérien, c’est à dire par plusieurs millions de personnes en France.

Mais il faut faire attention à la comparaison avec les émeutes. Là, nous parlons d’influence pour des passages à l’acte terroriste. Cela ne concerne pas au premier chef les jeunes non politisés plutôt constitués de suiveurs, qui passeraient tout d’un coup de pilleurs d’opportunités à auteurs d’attentats. Ce n’est pas complètement impossible mais c’est improbable. En revanche, il ne faut pas sous-estimer le rôle de catalyseur que jouent les messages des médias, des réseaux sociaux ou des prédicateurs auprès des gens qui sont déterminés à attaquer un jour ou l’autre. Les appels du Hamas relayés par ces médias peuvent leur offrir l’occasion qu’ils attendaient.

Mais je crains surtout le moyen terme. Nous risquons de devoir faire face à une succession d’événements de plus en plus grave et assez rapprochés dans le temps, en miroir à l’évolution de la situation - et donc des images - en Israël. 

J’avais dit au moment des émeutes que le retour au calme au bout de 5 jours reposait à la fois sur la très bonne réaction des policiers, des gendarmes et du ministère de l’intérieur ; mais aussi sur la volonté des trafiquants de vouloir reprendre la main sur leur quartier pour que le business reprenne et leur refus de donner des armes de guerre aux émeutiers. J’avais ajouté, toujours à l’époque, qu’un jour il y aurait peut-être des événements ou une cause qui, par l’émotion générée, allait dépasser cette rationalité des trafiquants. J’espère que ce n’est pas ce qui est en train de se préparer. 

Si le Moyen-Orient s’embrase et que les répercussions se multiplient en France et en Europe, alors il n’est pas impossible que le sentiment d’appartenance et une succession d’incidents pendant quelques jours conduisent les trafiquants à considérer pour la première fois que le combat identitaire prime sur le trafic. 

Sur le terrain, les forces de l’ordre seraient alors confrontées à des gens armés et déterminés à tuer, et non plus à des émeutiers. Il va falloir suivre cette situation de très près car il y a un risque d’engrenage, même s’il n’est évidemment pas certain. 

Que faire sur un plan sécuritaire pour éviter les risques d’explosion des fractures politiques, ethniques, culturelles ou religieuses qui fragilisent la France ? 

Sur le court terme, il faut que les services de renseignements soient en alerte maximale ainsi que la sécurité publique. C’est évidemment le cas. Des actes graves peuvent être commis sur le territoire à tout moment. En ville ou à la campagne, aucun endroit n’est réellement protégé. Chacun doit être vigilant car l’Etat ne peut pas tout, partout et tout le temps.

Sur la durée, il faut que la France  expulse au maximum les étrangers susceptibles de causer des troubles graves à l’ordre public. 

Et il faut le dire : la mère de toutes les batailles, c’est d’avoir la détermination et le courage de prendre des mesures pour arrêter net l’immigration. Nous devons absolument arrêter le flux pour pouvoir gérer le stock. Plus on fait entrer sur le territoire européen des personnes de culture différente et dont on ne sait rien, plus on augmente le risque de se retrouver un jour avec une situation catastrophique, au sens propre.

Que faire sur un plan politique ? 

La question migratoire que je viens d’évoquer est déjà politique. Et si le Président a eu raison de réaffirmer l’importance de l’unité nationale, il faut combiner vigilance et fermeté, et s’y tenir. La somme de toutes les haines anti-France se liguera à un moment ou un autre pour tenter d’entraver notre bonne organisation des Jeux olympiques. Si, par malheur, la France était frappée par un ou plusieurs actes spectaculaires et coordonnées, il ne fait aucun doute qu’il y aurait une exploitation par certains dans l’opinion internationale pour remettre en cause notre capacité à organiser et à sécuriser les grands événements.

Au-delà et surtout, il est évidemment indispensable de lutter sans faiblesse contre l’islamisme, ce qui implique d’avoir le courage de prendre les mesures administratives et judiciaires qui s’imposent contre les mosquées et les associations cultuelles et culturelles musulmanes dès lors qu’elles présentent le moindre risque. Hésiter, ou pire s’abstenir, au prétexte de ne pas déclencher de troubles, est le meilleur moyen de subir ces mêmes troubles au centuple à moyen terme, dans une situation de faiblesse accrue.

Nous n’avons pas des années devant nous, et il faut protéger les français de ce fléau.

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