7 mai 1915, naufrage du Lusitania : les 1200 morts du torpillage qui a changé l’Histoire il y a 100 ans <!-- --> | Atlantico.fr
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Les Britanniques ont sacrifié leur navire et 1 200 passagers pour accélérer l’entrée en guerre des Etats-Unis.
Les Britanniques ont sacrifié leur navire et 1 200 passagers pour accélérer l’entrée en guerre des Etats-Unis.
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En plein conflit mondial, les Britanniques ont sacrifié leur navire et 1 200 passagers pour accélérer l’entrée en guerre des Etats-Unis.

Le 11 janvier 2011, une vieille dame de 95 ans, Audrey Lawson-Johnston, meurt  dans la petite ville de Melchbourne, au cœur de la campagne anglaise. Tout le Royaume-Uni pleure celle qui a traversé le 20ème siècle et ses horreurs alors qu’elle aurait dû mourir seulement 3 mois après sa naissance. Elle était la dernière rescapée toujours vivante du terrible naufrage du RMS Lusitania, un paquebot britannique grand comme 3 avions de ligne qui sombra le 7 mai 1915, il y a 100 ans jour pour jour. Embarquée, juste après sa naissance, avec toute sa famille américaine, elle sera sauvée de justesse avec son frère par sa gouvernante. Au total, 1198 personnes vont mourir dont  128 Américains. Et ce drame va changer le cours de l’histoire.


Le Lusitania à New York

En 1915, toute l’Europe est en guerre. Les tensions récurrentes entre les grandes puissances ont finalement accouché, à la faveur d’un attentat à Sarajevo, du conflit le plus meurtrier jamais connu. Le système d’alliances a entrainé la France, le Royaume-Uni et la Russie dans une bataille sanglante contre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’empire Ottoman. Paris rêve de récupérer l’Alsace et la Lorraine, Berlin veut définitivement soumettre l’ennemi français et son allié britannique. Surtout, le temps presse. La jeune nation américaine a connu un bond économique phénoménal depuis la fin de la guerre civile et dévient la nation la plus puissante du monde face au déclin de l’Europe. En 1915, les Etats-Unis choisissent la neutralité dans le conflit. Officieusement, ils soutiennent les Britanniques en exportant secrètement des armes et des minutions. Le Lusitania en déborde et son pavillon britannique en fait une cible de choix, surtout depuis que l’Allemagne a lancé une vaste guerre sous-marine pour contrer le blocus maritime imposé par les alliés. C’est l’apparition des premiers U-Boot, ces sous-marins allemands qui feront tant de dégâts pendants les deux Guerres Mondiales.


Les sous-marins allemands dont le U-Boot 20

Pour éviter que le conflit ne s’élargisse, ils circulent uniquement dans les eaux territoriales ennemies. Quelques mois seulement après le début de la guerre, les opposants espèrent tous en finir rapidement. A Berlin, l’empereur Guillaume II sait que la neutralité des Américains ne durera pas éternellement et veut se débarrasser au plus vite des Britanniques pour éviter une alliance militaire entre les deux pays. Les U-Boot évitent ainsi de froisser les Etats-Unis en concentrant le feu sur les navires anglais.

A Londres, les intentions ne sont pas les mêmes. On sait que l’entrée en guerre des Etats-Unis est indispensable pour se sortir des premières tranchées qui commencent à se creuser sur le continent. Le Lusitania, qui continue de transporter des passagers à  travers l’Atlantique, va servir de prétexte pour engager l’Amérique. Et un homme bien connu va jouer, déjà à cette époque, un rôle déterminant. Il s’agit de Winston Churchill. Dans les années 1910, il est ministre de l’Armement et s’occupe notamment du ravitaillement en munition par la mer. Dans ses mémoires sur la Seconde Guerre Mondiale, il évoque un parallèle entre l’attaque japonaise contre Pearl Harbor et une remarque que lui avait fait 30 ans plus tôt le ministre des Affaires Etrangères britannique Edward Grey : « Les Etats-Unis sont comme une gigantesque bouilloire. Une fois que le feu est allumé dessous, il n'y plus aucune limite à la puissance qu'elle peut générer. » Dans son livre "Dead Wake," le journaliste du New York Times évoque ainsi le rôle de Churchill dans le torpillage allemand du Lusitania, dont pas par son action mais par son inaction.


Winston Churchill au début du 20ème siècle

Dès son départ de New York le 1er mai 1915, le Lusitania semblait déjà destiné à un sort funeste. Pour économiser du charbon, la plupart de ses chaudières sont inactives et ce paquebot très rapide et capable de semer des sous-marins, devient un lent navire sans protection, si ce n’est celle de la marine britannique. "Supposez qu’ils coulent le Lusitania avec des Américains à bord" questionne alors le roi britannique George V  au conseiller spécial du président des Etats-Unis. "Un feu d’indignation traverserait alors l’Amérique et nous entrainerait probablement dans la guerre" lui répondit son interlocuteur.



Le 7 mai 1915, le U-Boot 20 rencontre le Lusitania au large de l’Irlande. Il ne lui reste qu’une seule torpille et elle percute le paquebot. La marine britannique n’est jamais intervenue ni même signalé au capitaine la présence d’un danger. Les Britanniques ferment les yeux. Au cœur du navire, les munitions prennent feu provoquant, à la surprise des Allemands, une seconde explosion, bien plus importante. C’est celle-ci qui fera couler le bateau et 1198 passagers. Les assaillants affirment respecter le droit de la guerre puisque des armes transitaient secrètement à son bord. Le Royaume-Uni dément et il faudra attendre l’ouverture des archives en 1972 pour confirmer que les Allemands étaient dans leur bon droit.

Mais la poudre s’étend jusqu’aux Etats-Unis où la mort des 128 ressortissants va créer un électrochoc. Les Allemands vont tout tenter pour éviter l’intervention américaine : le commandant du U-Boot est sanctionné et la guerre sous-marine s’interrompt en août 1915. Ce répit va permettre aux armes de transiter facilement par l’Atlantique, tandis que les immigrés européens aux Etats-Unis réclament désormais une intervention. En janvier 1917, la guerre s’éternise et l’Allemagne n’a pas d’autre choix que mettre fin à ces voyages incessants. L’ordre est donné de couler tous les navires. En avril 1917, le président américain Woodrow Wilson déclare la guerre à l’Allemagne. Sur les murs des villes américaines, l’appel à la mobilisation s’accompagne d’un large titre rouge écarlate : « Souvenez-vous du Lusitania. »


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