2022 ou le bilan calamiteux de la libéralisation du cannabis en Californie<!-- --> | Atlantico.fr
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La libéralisation du cannabis en Californie a posé de sérieux problèmes.
La libéralisation du cannabis en Californie a posé de sérieux problèmes.
©JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Bilan 2022

A l'occasion de la fin de l'année, Atlantico demande à ses contributeurs les plus fidèles de dresser leur analyse d’un fait marquant sur l’année écoulée. Xavier Raufer revient sur les échecs californiens en matière de cannabis.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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La piraterie financière est risquée : condamné au fil des ans à tous niveaux de la jus­tice euro­péenne, M. Soros ne l'ignore pas. Mais là, son soutien généreux à la "proposition 64", libéra­tion totale du cannabis en Californie (en pleine vigueur depuis 2018) voit triompher son projet libertaire. Le "libéral" Los Angeles Times en tête, tous le crient à présent : cette "Proposition 64" sème le chaos. Ci-après, exposons le désastre qu'elle provoque en Californie - désastre qu'"oublient" bien sûr nos médias "d'informa­tion".

Souvenez-vous du fan-club : Le Monde, Libération et tant de naïfs, filous ou "idiots utiles" : le cannabis lé­galisé, fini le harcèlement des pauvres et minorités de couleur... la Californie enri­chie de milliards de dollars... Dealers et gangs marginalisés par "les forces du marché ". Bref : "gagnant-gagnant". Sauf qu'en fait, la "proposition 64" déchaîne l'anarchie : explosion des drogues illi­cites... ravages écologiques... Braquages et kidnappings criminels... cor­ruption mas­sive de fonctionnaires et élus. Pire : le crime or­ganisé pille, évince et ruine le com­merce légal du can­na­bis, (boutiques et planteurs, souvent Noirs ou Latinos). Un cauchemar.

Entrons dans les détails :

ENVIRONNEMENT RAVAGÉ - Sécurité, police, etc. : dur d'imaginer pays plus désorganisé que les États-Unis, ± 340 millions d'habitants, police fédérale, FBI, moins de 15 000 agents de ter­rain (special agents). La caricaturale Californie est plus minimale encore, côté répressif : au nord-ouest de l'État, le comté de Mendocino, fief de la culture du cannabis, (Emerald Triangle) compte 5 000 fermes illégales. Or au bureau du sheriff local, la "force anti-drogue", c'est... un sergent et un aide à mi-temps. Le cannabis totalement libéré en 2018, la boîte de Pandore li­bère ainsi un ouragan ; d'abord, un crime organisé désormais impuni. Dans la vallée de Juniper Flat, éclosent en quatre ans 1 300 fermes illégales ; 2018-2021 : l'espace des serres de culture du cannabis y explose de... + 4 200%.

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Sur 6 comtés de la vallée centrale, (7 800 km2), 2 330 km2 de serres - dont moins de 10% lé­gales (de même, dans tout l'État). En 2021, le sheriff de San Bernardino rase 8 200 serres illé­gales, illico rebâties. Licites ou pas, ces serres donnent 4 voire 5 récoltes par an. De façon ab­surde, la production légale de cannabis y est de 3 180 tonnes, interdites à l'export. Or la Cali­fornie en fume moins de 1 000 tonnes par an ; ce, plus les milliers de tonnes illicites : résultat, 500g. d'herbe se vendaient $2 000 en 2018, $300 en 2022. Le cannabis légal-taxé coûte ± $15 le gramme ; celui des gangs, de 5 à 10$ le g. Inévitablement, le continuum licite du cannabis, planteurs et boutiques sous licence, court vers la faillite.

Dans ces vallées hors de toutes lois sur le travail, des camps d'ouvrier latinos réduits à l'escla­vage, gardés par des bandes armées et chiens d'attaque. Sur les routes, des camions d'hommes cagoulés et armés assurent l'ordre criminel. En mode "Ruée vers l'or", toutes auto­rités locales ignorées, abondent les fusillades, braquages, règlements de comptes et enlève­ments. Épouvantés, les paysans de ces vallées n'osent plus y cultiver leurs champs. Les journa­listes approchant ces terres sauvages sont menacés de mort et leurs voitures, sabotées.

Plus, le désastre écologique : rivières détournées, terres inondées des pesticides et désher­bants, animaux sauvages abattus. Les narcos pompent par millions de litres une eau déjà rare ; les puits des fermiers sont à sec.

EXPLOSION CRIMINELLE - Hypocrisie babacool : les "Coffee Shops" d'Amsterdam sont en Cali­fornie d'aimables "dispensaires" ; quoique clandestins, ils prolifèrent : une trentaine rien qu'à East-Los-Angeles. La police les ferme ? Ils rouvrent le lendemain. Sous le contrôle des gangs (Crips, Bloods, Latin Kings, M-18, etc.) Ils vendent du cannabis bradé - mais aussi de la cocaïne, de l'héroïne, du meth', etc. Des gangsters armés protègent ces "dispensaires" criminalisés"des pillages ou braquages. À juste titre : certains gagnent 25 000 dollars par jour.

CORRUPTION MASSIVE - délivrance de licences, permis d'achat de terres, bâtir ou agrandir des bâtiments et zones cultivées, forages pour l'eau : les comtés et municipalités de Californie dé­cident ici de l'essentiel. À jet continu, ces élus et fonctionnaires locaux sont harcelés, menacés, intimidés par les narcos - eux-mêmes sous la féroce pression de donneurs d'ordres parfois loin de la Californie : cartels mexicains, triades de Hong-Kong ; tous connaissant une seule sanction en cas d'échec : la mort. Sur le terrain, les "autorités" locales sont démunies - surtout, face à une corruption massive, à coups de "cadeaux" de dizaines de milliers de dollars.

Au gouvernement de la Californie, qu'imaginent les anarchistes-Soros, coupables du dé­sastre ? La fuite en avant. En mode agriculture soviétique, plus de liberté encore ; suivre le "modèle" de la Colombie britannique voisine où désormais, la possession de tous les stupé­fiants - héroïne, crack, meth', etc. - est dépénalisée pour quelques grammes.

Et la France ? voici ses "écologistes" muets devant un immense ravage de l'environnement ; ses "socialistes" oublieux de milliers d'esclaves maltraités, voire tués, dans les fermes illicites de cannabis. Ses "antiracistes" délaissant ces Noirs qui achètent du cannabis illicite bourré de pesticides et de poisons anti-nuisibles ; ses "féministes-Gucci" aveugles aux femmes exploitées par centaines dans des "dispensaires" sous emprise des gangs. Une "presse d'infor­mation" en­fin, en mode "circulez, y'a rien à voir".

Quelle honte.

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