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2021, l'année de l'espoir ?
©COREY SIPKIN / AFP

Regarder vers l'avant

Nous avons vécu en 2020 ce qu’était réellement un effondrement d’un système. Nous sortons de cette année, encore abasourdis par cette expérience. Dès lors, nous sommes, tous, dans l’obligation d’être résilients pour préparer l'avenir.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Jamais depuis la Seconde guerre mondiale, l’économie mondiale n’avait subi un choc d’une telle ampleur. 2020 marquera à jamais les esprits de toutes les générations. On en parlera dans 5, 10, 20 et peut être dans 100 ans. Peut-être en matière économique, le terme « confinement » marquera 2020 comme la « Grande dépression » avait résumé la crise de 1929.

Vingt ans après être entrés dans le millénium, la crise sanitaire nous a fait entrer de plein pied dans le XXIème siècle. Nous avons expérimenté pratiquement un dérèglement du système : dérèglement climatique mais aussi questionnement sur la forme actuelle de la mondialisation, et l’idéologie néo-libérale qui l’a jusqu’ici accompagnée, interrogations sur la gouvernance mondiale en panne, dépassée par les égoïsmes nationaux et les tentations de fermeture…

Concrètement, le confinement a fait baisser de près de 40% la pollution atmosphérique dans le monde. Même si depuis la reprise de l’activité économique ce niveau est remonté, l’expérience du confinement n’a été qu’une énième confirmation de l’impact néfaste de l’activité productive sur l’environnement et la santé humaine.

Pour répondre concrètement à la crise, les États, notamment européens, ont oublié les restrictions budgétaires et ont multiplié les dépenses. Les critères de Maastricht ont été clairement oubliés ! Cette stratégie apporte une nouvelle dimension à la question classique de la soutenabilité de la dette. À quel moment les marchés vont-ils considérer une dette comme insoutenable ? L’endettement est-il sans frais pour l’économie ?

Concrètement, au plan international, les États-Unis se replient sur eux-mêmes via des politiques protectionnistes. La mondialisation a ainsi perdu son principal leader. Et dire qu’en 1996, Bill Clinton vantait le libre-échange : « Nous n’avons pas besoin de construire des murs, mais des ponts. Nous n’avons pas besoin de protection, mais d’opportunités ». D’autres pays ont suivi le pas des États-Unis. Quatre ans après le référendum sur le Brexit, le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne. Assistons-nous à la fin de la coopération internationale ?

Ainsi, nous avons vécu ce qu’était réellement un effondrement d’un système. Nous sortons de cette année, encore abasourdis par cette expérience. Dès lors, nous sommes, tous, dans l’obligation d’être résilients. Mais il est certain que, devant l’immensité du choc, ce processus ne se déroulera pas en 1 an. L’année qui se présente devant nous doit être moins celle d’une relance que celle d’une reconstruction économique, d’une consolidation de l’Etat social, qui, nous l’avons constaté, a été présent. Peut-être est-il, d’ailleurs, un des moyens régaliens puissants de demain pour nous faire traverser les vulnérabilités qui vont être les nôtres et qui risquent encore d’être systémiques (climat, transition écologique, « souverainisme éclairé » …).

Au plan national, deux grands enjeux nous attendent. Tout d’abord, la restauration de la confiance. Depuis plusieurs décennies, nous sommes dans une « insécurisation socioéconomique ». Si la pandémie n’a pas mis cette défiance à l’ordre du jour, elle l’a été rendue plus palpable. Elle fonctionne, de fait, comme un révélateur important. Cette défiance pathologique est un ressentiment qui a été remâché depuis longtemps. Nous n’allons pas en sortir par un claquement de doigts ou par des déclarations. Les échéances politiques qui nous attendent, avant d’être appréhendées comme solutions, vont être, en premier, ressenties comme exutoires pulsionnels. C’est pourquoi, il est nécessaire qu’une « sécurisation psychique » s’installe au plus vite. Ensuite, le deuxième défi est la Vérité, non dogmatique mais celle de notre rapport au « vrai », consolidé par la Science, par l’argumentation. Ces deux enjeux sont symbiotiques pour la démocratie, pour nous permettre de vivre ensemble. On doit recréer un pacte entre la politique et la raison et non réagir en pulsions et en émotions. Nous devons avoir comme projet politique de viser un « gain en rationalité ».

Le chemin sera semé vraisemblablement d’embûches et d’épreuves car la crise sanitaire, imprévisible, a soulevé, à plusieurs niveaux, des questions fondamentales. En cette aube de nouvelle année, nous voici à un moment existentiel. La manière dont nous le gérerons affectera la cohésion de nos sociétés, la stabilité de nos systèmes politiques nationaux, l’avenir de l’intégration européenne…

Si l’astrologie chinoise donne quelque indication pour le futur, 2021 sera l’année du buffle. Méthodique et discipliné, cet animal incite à redoubler d’ardeur pour donner un essor à des projets innovants tout en sécurisant l’avenir. Il renvoie chacun à ses responsabilités. La récolte dépend de ce qui a été semé et de la manière dont l’engagement a été honoré.

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