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2017 : le potentiel explosif de la répétition d’un duel Hollande/Sarkozy dont la perspective “déprime” un bon nombre de Français
©Reuters

Remake

A plus de 70% les électeurs interrogés rejettent la candidature du président actuel comme celle de son prédécesseur, pour autant, la vraisemblance d’un tel scénario reste forte elle aussi.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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Atlantico : Au parti socialiste, si l'organisation d'une primaire demeure toujours une éventualité, François Hollande apparait naturellement comme le candidat du parti en vue de l'élection présidentielle de 2017. Bien que Nicolas Sarkozy soit dans une séquence défavorable, la configuration d'une primaire l'avantage fortement pour représenter la droite républicaine. Que nous disent les sondages sur un remake de 2012 ? Comment les électeurs appréhendent-ils un tel scénario ?

Xavier Chinaud : Le rejet du scénario match retour de 2012 est aujourd’hui très fort dans les sondages, à plus de 70% les électeurs interrogés rejettent la candidature du président actuel comme celle de son prédécesseur, pour autant, la vraisemblance d’un tel scénario reste forte elle aussi. Un président en exercice décidant d’être candidat s’impose dans son camp, François Hollande a certes réaffirmé le 14 juillet : "S'il n'y a pas de baisse du chômage, je ne serai pas candidat car pourquoi les Français me feraient confiance si je n'ai pas eu de résultats ?", mais ses prévisions et en tout cas sa volonté ne font aucun doute. Dans l’opposition, il faut distinguer ce qui relève du rêve et de la réalité, plus encore il faut accepter que l’élection présidentielle est prévue dans 20 longs mois et non ce dimanche, que l’équation a de multiples inconnues et qu’un raisonnement de juillet 2015 ne fera une vérité ni en cas de primaires de la droite et du centre, ni au 1er tour de la présidentielle.

Quelques lignes directrices existent :  le rejet du match retour alimente la cote des autres candidats possibles, contrôler son parti procure un avantage réel en cas de primaire, le rejet n’est pas un marqueur suffisant dans un système politique bloqué et les sondages seront en 2016 des vecteurs d’opinion.

Lorsqu’Emmanuel Macron, au-delà de contribuer à une réflexion de fond qui manque souvent à la politique, dans l'hebdomadaire "le 1", évoque la singulière mais réelle monarchie républicaine, il illustre en creux ce rejet des candidatures Hollande/Sarkozy et dans ce jeu politique bien éloigné des citoyens, les cotes de ses acteurs traduisent un système qui ne fonctionne plus que sur le "par défaut".

Dans quelle mesure une tel scénario pourrait révéler un problème structurel dans les partis politiques, puisqu'une telle configuration ne répond pas aux attentes des électeurs ?

L’offre politique partisane ne corresponds plus à rien, à plusieurs reprises dans ces colonnes, j’ai évoqué ces lignes de fractures qui traversent les partis d’aujourd’hui, aucun des principaux acteurs de notre vie politique, excepté François Bayrou, ne veut aujourd'hui en bouleverser les contours, et ceci explique cela. Imaginez une organisation partisane fondée à la fois sur l'Europe et sur l'Economie et Manuel Valls comme Alain Juppé auraient moins d'oppositions entre eux que le premier avec les frondeurs et le second avec la droite dure de l'ex-UMP. L'actualité, avec la Grèce a rapellé que la démagogie peut permettre de gagner une élection mais pas de gouverner, que l'Europe est incontournable et necessaire, que l'absence de courage et de pédagogie font le malheur d'un peuple...autant de leçons que nous devrions garder à l'esprit

En quoi le contexte serait-il différent de celui de 2012 ?

Le poids de l’extrême droite, la tenue ou non de primaires, l’envie de renouvellement, le besoin d’incarnation, l’insuffisance du "par défaut" sont évidentes, mais en allant plus loin, la conscience progresse dans notre pays de la complexité comme de l'évolution du monde, des freins et lourdeurs de l'Etat, du passéisme de son organisation. Uber récemment, demain AirBnB , les progrès de l'intelligence artificielle provoquent et provoqueront des débats plus efficients que ceux entretenus par le système politique actuel. Dans le même esprit, le besoin de faire évoluer notre système institutionnel progresse ; il est frappant de constater que des propositions portées depuis 20 ans par des minoritaires s'ancrent petit à petit dans la majorité des esprits.

Quels seraient les enjeux stratégiques, sur le plan du programme ou du discours de chacun de ces deux candidats ?

Un président sortant comme un ancien président ont le même besoin premier : dire ce qui justifierait la remobilisation des Français derrière eux, quelles actions ou propositions novatrices peuvent ils avancé pour justifier que 5 années supplémentaires nous leur donnions les rènes de notre royaume ?

L'absence continue de pédagogie et de vérité du politique leur permet aujourd'hui de penser qu'en 2017 le "par défaut" de 2012 ou "les promesses" de 2007 permettront de l'emporter, utilisant l'épouventail du FN pour justifier leur candidature, usant des formations qu'ils dirigent de fait pour s'imposer et se prévalant d'une "audace des mots" pour  tenter d'attirer ceux des encore votants que les études d'opinion leur indiquent éloigné... nous verrons ce qu'il en sera dans 20 mois...à nos dépends possiblement.

Y a-t-il une possibilité pour qu'un candidat surprise émerge ?

L’espace virtuel existe depuis l’instauration de l’élection présidentielle au suffrage universel, mais jamais il ne s'est traduit électoralement pour contrarier le jeu politique "classique",  depuis Gaston Deferre "Monsieur X" en 1965, jusqu’à Jean-Luc Mélenchon en 2012.

La conception française de monarchie républicaine ne se prête pas au candidat surprise, sorti de nulle part, à gauche que ce soit à la place ou face à François Hollande, Manuel Valls, Jean-Luc Mélenchon ou Arnaud Montebourg voire Cécile Duflot sont identifiés ; à droite il en est de même concernant Nicolas Sarkozy avec  Alain Juppé ou François Bayrou, François Fillon ou Bruno Le Maire.

Les cotes de chacune de ces personnalités montrent qu'elles incarnent chacune une ou plusieurs qualités que l'on ne reconnait pas dans chaque camp à François Hollande et Nicolas Sarkozy, mais ce n'est pas suffisant. Qu'en sera-t-il en 2017 pour chacun d'eux ?  Nous n'en savons rien, par contre, il est fort probable que celui qui apparaitra comme au niveau pour incarner la monarchie républicaine, visionnaire rassembleur, réformateur volontaire équilibré par le bon sens, audacieux pour le pays et pour l'Europe, d'avantage guidé par la France que par la "politique" et dont l'humanisme permettra de réduire l'extrémisme et favoriser le vivre ensemble soit le bon, pour peu, qu'il soit en situation de le faire partager avant début 2017... et là la liste ci-dessus vient de singulièrement se limiter.

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