11 septembre 2001 : le jour où le XXIème siècle a commencé <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Terrorisme
attentat de New York 11 septembre 2001 twin towers tour jumelle xxieme siècle
attentat de New York 11 septembre 2001 twin towers tour jumelle xxieme siècle
©SETH MCALLISTER / AFP

Bonnes feuilles

Cyrille Bret publie "Dix attentats qui ont changé le monde" aux éditions Armand Colin. De Mumbai à Paris, de Beslan à Oslo et de Tunis à Bruxelles, les attaques terroristes jalonnent notre temps et scandent la marche du monde. Extrait 1/2.

Cyrille Bret

Cyrille Bret

Cyrille Bret enseigne à Sciences Po Paris.

Voir la bio »

La principale conséquence du 11 septembre est sans doute l’installation du terrorisme comme acteur politique partout dans le monde.

Après le 11 septembre, une page se tourne. Car il est désormais loin le temps où l’action terroriste était supposée cantonnée à certaines cultures politiques. Dans les années 1970, le terrorisme et l’anti-terrorisme meurtriers étaient considérés comme des symptômes de la fragilité politique des États européens en butte aux attaques de mouvements indépendantistes ou de groupes marxistes révolutionnaires. A contrario, les États-Unis et le Canada étaient considérés comme immunisés contre le terrorisme en raison même de leur prospérité, de leurs solidité démocratique et de leurs modes de régulation des conflits par le droit. Le terrorisme était également perçu comme étranger aux cultures politiques du bloc soviétique, de l’ensemble chinois et de l’Europe du Nord comme du continent africain. Les régimes totalitaires des États communistes veillaient bien à ce que les mouvements violents soient qualifiés de séditions contre-révolutionnaires alors que l’Afrique était considérée comme épargnée par les attentats car elle était passée des guerres de décolonisation des années 1960-1970 aux conflits ethniques des années 1990. Partout, même devant les attentats les plus évidents, la catégorie de terrorisme était éclipsée par celle de guérilla, de sédition, de révolte, d’émeute ou de guerre.

Avec le 11 septembre 2001, le terrorisme s’universalise car il frappe les États-Unis. Il fait alors son apparition dans la grammaire politique d’États qui auraient auparavant considéré comme infamant de reconnaître la présence de mouvements terroristes sur leurs sols : la Chine et la Russie. La décennie qui s’ouvre en 2001 est, pour la Russie, celle d’une montée en puissance et d’un usage permanent de la catégorie de « terroristes » pour désigner tous les ennemis de l’État, tout particulièrement dans le Caucase. La Chine elle aussi s’approprie et banalise cette représentation de la violence politique pour stigmatiser et discréditer les mouvements ouïgours sur son territoire. Les États d’Asie centrale leur emboîtent le pas et tous les mouvements de contestations, sociales, ethniques, confessionnelles ou encore politiques de la grande Eurasie sont désormais abordés sous l’angle du terrorisme.

En deux décennies, partout dans le monde, le terrorisme a cessé d’être une exception ou une pathologie criminelle pour devenir la violence politique par excellence. Avec ces attentats, les conflits armés, les guérillas, les émeutes et les révolutions passent au second plan des phénomènes politiques. C’est le terrorisme et la lutte contre celui-ci qui occupent désormais le devant de la scène politique.

L’ennemi public principal n’est plus le dictateur sanguinaire, le militaire génocidaire ou le chef mafieux, c’est le terroriste.

Les attentats du 11 septembre et les réactions qu’ils ont suscitées ont acquis le statut de mythe fondateur tragique car ils manifestent le combat à mort entre les démocraties et l’islamisme armé. Le 11 septembre est ainsi devenu le jour où le xxie  siècle a véritablement commencé.

Extrait du livre de Cyrille Bret, "Dix attentats qui ont changé le monde - Comprendre le terrorisme au XXIe siècle", publié aux éditions Armand Colin.

Lien vers la boutique : cliquez ICI et ICI

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !